Une manif lycéenne en hommage à Rémi Fraisse dégénère à Saint-Denis

Une manif lycéenne en hommage à Rémi Fraisse dégénère à Saint-Denis

Une manifestation de lycéens contre les violences policières ...
© 2014 AFP

© 2014 AFP

Une manifestation de lycéens contre les violences policières et en mémoire de Rémi Fraisse a dégénéré lundi à Saint-Denis, lorsqu'un groupe de plus d'une centaine de casseurs s'en est pris aux voitures et aux commerces de cette banlieue nord de Paris.

A 14H00, le calme était revenu dans les rues de cette commune de Seine-Saint-Denis, où de nombreux CRS restaient en faction devant les commerces du centre-ville.

La situation a été maîtrisée «sans recours à la force», sans tir de grenade lacrymogène ni de flash-ball, a souligné une source policière, qui n'a eu connaissance que de dégâts matériels. D'après cette source, personne n'a été interpellé.

C'est vers 10H00 que les choses ont basculé devant le lycée Paul-Eluard, qui était bloqué depuis le matin. Un groupe d'environ 150 casseurs, «des petits groupes très mobiles» selon la police, a quitté les abords du lycée et s'est mis en marche vers le centre.

En chemin, des voitures ont été caillassées et des vitrines de magasins brisées. «Ils s'en sont pris à quelques automobilistes» qu'ils ont aspergés de lacrymogène, a relaté une source policière.

«Ils ont arrêté des voitures, cassé les vitres, ouvert les coffres», raconte Ariane Touko, en terminale à Paul-Eluard. «Cela partait d'une bonne cause, un blocus pour défendre la mémoire de Rémi Fraisse, et puis ça a dégénéré», regrette-t-elle.

La lycéenne, qui «condamne ces violences», s'est dite «très choquée» par une scène: celle d'une femme enceinte qui est descendue de sa voiture et a été projetée à terre. Un témoignage qui n'a pas été confirmé par la police.

- 'Aucune conscience politique' -

Devant le supermarché Carrefour, «ça a été violent», relate Roman Miah, un vendeur de fleurs ambulant. «Ils étaient une quarantaine, ils ont voulu rentrer dans le magasin, mais les employés ont fermé le rideau métallique. Ils ont tapé dessus (...) La police est arrivée, ils sont partis en courant.»

L'un des rideaux métalliques noirs du supermarché a été à moitié défoncé.

Gérant d'une boutique d'articles de sport prise pour cible, Hacen Sana décrit lui un phénomène de «meute». Il n'a pas assisté aux violences mais a été prévenu par ses employés, dont l'un s'est selon lui retrouvé à l'hôpital pour une blessure à la jambe.

Le «premier réflexe des employés a été de fermer le rideau», mais ils ont été «tabassés, roués de coups», raconte-t-il. «C'était des casseurs, point à la ligne. Ils n'ont aucune conscience politique», s'agace-t-il.

Un bus qui passait devant le lycée a eu une de ses vitres brisées, selon la RATP, qui a interrompu plus d'une heure le trafic du tramway. La station de métro qui dessert la Basilique de Saint-Denis a également été fermée.

Parallèlement à ces débordements, «des jeunes du quartier ont profité de la confusion pour multiplier les vols à l'arraché», selon une source policière. Pour ramener le calme, la police a mobilisé environ 200 fonctionnaires et un hélicoptère, qui a tournoyé au-dessus de la ville.

Lundi soir, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud Belkacem ont dit condamner «avec la plus grande fermeté ces violences inacceptables».

«Ces violences sont le fait d'un petit groupe de casseurs qui ont tenté de profiter d’une manifestation pour semer le désordre», ont-ils assuré dans un communiqué.

Outre le rassemblement devant le lycée Paul-Eluard, cinq autres lycées ont été bloqués lundi matin en Seine-Saint-Denis. L'académie a dépêché des «équipes mobiles de sécurité» pour prêter main forte aux équipes des lycées concernés, devant lesquels des poubelles ont parfois été incendiées.

Dans la capitale en revanche, la mobilisation lycéenne marquait le pas, avec seulement deux établissements bloqués selon le rectorat.

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