Front commun de la France et du Canada contre le terrorisme
Au Canada, frappé récemment par deux attaques, le président François Hollande et le chef du gouvernement canadien Stephen Harper ont fait front commun contre le terrorisme, une alliance en revanche plus fragile sur les questions environnementales.© 2014 AFP
Au Canada, frappé récemment par deux attaques, le président François Hollande et le chef du gouvernement canadien Stephen Harper ont fait front commun contre le terrorisme, une alliance en revanche plus fragile sur les questions environnementales.
«Face au terrorisme, il n'y a pas de place pour le renoncement, pour la concession ou pour la faiblesse», a déclaré le président français devant les députés et sénateurs canadiens réunis en session extraordinaire au Parlement d'Ottawa.
Le président Hollande a adressé «la solidarité de la France au peuple canadien» en se recueillant devant le monument aux morts où, le 22 octobre, un militaire de faction avait été abattu par un jeune canadien, empêché de rejoindre des jihadistes.
Cette «attaque d'inspiration terroriste» s'est déroulée au Parlement, «haut lieu de la démocratie». «Le terrorisme menace les valeurs pour lesquelles nos nations se sont bâties», a rappelé M. Hollande sous des applaudissements nourris des membres du Parlement.
Le Premier ministre canadien a lui réaffirmé la «volonté» des deux pays de poursuivre la «stratégie d'éradiquer le fléau terroriste, en particulier sur le territoire irakien où nos forces aériennes respectives sont engagées» dans le cadre de la coalition conduite par les Etats-Unis pour détruire le groupe Etat islamique (EI).
Le jour de la fusillade au Parlement, le Canada dépêchait des chasseurs F-18 rejoindre les forces de cette coalition, des appareils qui ont mené dimanche leurs premières frappes en Irak contre de l'EI près de Fallujah. La France a déjà mené plusieurs opérations sur les mêmes cibles depuis le 19 septembre.
Hôte l'an prochain d'une conférence sur le climat à Paris, le président Hollande a invité le Canada à être «pleinement engagé dans (le) combat» contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre.
- Grand écart -
«Le défi climatique, ce n'est pas un défi pour les dix prochaines années, c'est un défi pour le siècle», a lancé M. Hollande.
Stephen Harper ne trouve pas d'incompatibilité entre l'exploitation des sables bitumineux en Alberta et l'environnement car, a-t-il dit, «leurs émissions sont plus ou moins les mêmes que celles d'autres formes de pétrole lourd».
Sur l'environnement, le président Français a joué les équilibristes car, tout en défendant sa croisade pour la réduction des gaz à effet de serre, il a invité les entreprises françaises à investir pour «mettre en valeur les immenses richesses» de l'ouest canadien «dans les techniques d'exploitation, de transformation, d'acheminement des hydrocarbures».
Pas de grand écart, selon lui, car par exemple le groupe pétrolier français «Total est en train de réaliser au Canada son plus gros investissement au monde» en mettant en oeuvre «des techniques respectueuses de l'environnement».
Une position critiquée en France par les écologistes. «J'ai trouvé ça franchement maladroit d'être en Alberta le jour où le Giec rend son rapport», a déclaré lundi l'ex-ministre socialiste Delphine Batho. Dimanche, le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a émis de sérieux doutes sur la capacité à limiter à moins de 2 degrés la hausse générale des températures et donc à respecter les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
M. Hollande «ne peut pas être le président de la grande conférence pour lutter contre le dérèglement climatique à Paris en 2015, et puis être le président au pays de l'or noir», a rétorqué l'eurodéputé du parti écologiste EELV, Yannick Jadot.
L'éducation devait également être un volet majeur de l'étape au Québec en raison de la volonté du gouvernement provincial de tripler les droits d'inscription des 12.000 étudiants français dans les universités de la province francophone.
Engagé dans un budget de rigueur, le gouvernement libéral du Québec veut mettre fin à un accord datant de 1978 permettant aux étudiants français de payer les mêmes droits que les québécois. Un groupe de travail a été mis en place entre la France et le Québec à la fin de l'été sur ce dossier qui soulève la colère des étudiants français.