Mort de Rémi Fraisse: à Paris, manifestation sauvage et sit-in pacifique
Deux manifestations parisiennes ont eu lieu dimanche en hommage à Rémi Fraisse: L'une pacifique a réuni 700 personnes sur le Champ de Mars, tandis que 300 autres se sont rassemblées illégalement place Stalingrad.© 2014 AFP
Deux manifestations parisiennes ont eu lieu dimanche en hommage à Rémi Fraisse: L'une pacifique a réuni 700 personnes sur le Champ de Mars, tandis que 300 autres se sont rassemblées illégalement place Stalingrad.
Dans ce quartier populaire du nord-est de la capitale, les manifestants étaient venus dénoncer les violences policières et 76 d'entre eux ont été interpellés par les forces de l'ordre, venues en nombre encadrer cette manifestation sauvage.
Dix-neuf des manifestants interpellés ont été placés en garde à vue, trois pour port d'arme prohibé, quatorze pour participation à un attroupement en vue de commettre des violences et deux pour refus de se soumettre à un contrôle d'identité, a précisé à l'AFP la préfecture de police de Paris.
De source policière, certaines des personnes interpellées avaient «des marteaux, des pinces, des casques, des poings américains, des pétards et des engins incendiaires» dans leurs sacs, a-t-on rapporté.
Le ministre de l'Intérieur a salué dimanche soir le travail des forces de l'ordre qui «ont garanti l'ordre public à l'occasion» de cette manifestation non-déclarée «qui présentait de sérieux risques de troubles».
«Conformément aux instructions d'apaisement» données par Bernard Cazeneuve, «les interpellations préventives» ont permis «d'empêcher de graves débordements», a-t-il souligné dans un communiqué.
Les gendarmes mobiles avaient brièvement fait usage de bombes de gaz lacrymogène lorsque vers 16h30 des manifestants, qui tentaient de quitter la place, avaient essayé de forcer un barrage, selon des journalistes de l'AFP. Vers 18H00, les manifestants s'étaient dispersés.
- Renoncule en autocollant -
Une centaine de cars de CRS avaient été stationnés au coin de chacune des avenues menant à la place. Et les policiers avaient procédé dès le début de l'après-midi à des contrôles d'identité et à la fouille de sacs, notamment de jeunes portant des T-shirt aux slogans hostiles à la police.
Sur la place, un grand carton était planté dans des boîtes d'œufs sur lequel était écrit «va te faire cuire un keuf». Les CRS, demandant qu'il soit enlevé, ont été hués par les manifestants qui ont crié «liberté liberté».
Nicole 66 ans, qui se présente comme non-violente, a raconté à l'AFP pouvoir «comprendre que des jeunes pétris d'idéaux en arrivent à réagir violemment, quand ils ont un mur devant eux». Victor, étudiant de 29 ans, avance bravache: «Mieux vaut une vie de lutte qu'une minute de silence».
Le NPA et un collectif d'associations avaient initialement prévu un rassemblement à Stalingrad, mais avaient finalement préféré se rallier à un sit-in pacifique au Champ de Mars à l'appel de France Nature environnement (FNE), association écologiste dont Rémi Fraisse était membre.
Sept cents personnes, selon la police, ont assisté à ce recueillement silencieux, non loin de la tour Eiffel, pour rendre hommage à Rémi Fraisse, 21 ans, mort une semaine plus tôt lors d'affrontements dans le Tarn autour du barrage de Sivens.
Ils arboraient presque tous un autocollant à la fleur jaune, une renoncule protégée qu'affectionnait Rémi Fraisse, botaniste bénévole, selon des journalistes de l'AFP.
«Le héros, c'est Rémi», a lancé une manifestante, Sophie Tissier, intermittente. Autour d'elles, plusieurs personnes portaient des pancartes «Nous sommes tous Rémi».
Le rassemblement a pris fin vers 18h30.
Sur le site du barrage contesté de Sivens, quelque 300 personnes ont pris part dimanche à une «marche de recueillement».
Bernard Cazeneuve a salué «le recueillement digne» des participants aux rassemblements à Sivens et à Paris, qui ont permis «de rendre hommage dans le calme et le respect» à Rémi Fraisse.