Mis et Thiennot ne seront pas rejugés
•JUSTICE – Les deux hommes condamnés il y a presque 60 ans à quinze ans de travaux forcés...La commission de révision des condamnations pénales a rejeté lundi à Paris la requête en révision présentée dans le dossier Mis et Thiennot, deux hommes condamnés il y a presque 60 ans à quinze ans de travaux forcés pour le meurtre d'un garde-chasse qu'ils ont toujours nié.
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Raymond Mis et Gabriel Thiennot ont été condamnés le 5 juillet 1950 par la cour d'assises de Gironde pour le meurtre du garde-chasse Louis Boistard, retrouvé mort le 31 décembre 1946 dans un étang de la commune de Saint-Michel-en-Brenne (Indre).
Soixante ans après les faits, la commission de révision a examiné le 15 janvier une cinquième requête, déposée le 9 juin 2005, visant à remettre en cause la condamnation prononcée par la cour d'assises de Gironde. La première requête avait été déposée en 1980, d'autres ont suivi en 1984, 1991 et 1996. Toutes ont été rejetées.
Aujourd'hui, seul Raymond Mis est encore vivant, Gabriel Thiennot étant décédé en 2003. Il n'était pas présent lundi après-midi au Palais de Justice de Paris, ses proches craignant qu'il ne supporte pas le choc de la décision. «La justice est imperméable au doute, c'est un désastre pour la justice», a déploré, à l'issue du délibéré, l'avocat de Raymond Mis et de la famille de Gabriel Thiennot, Me Jean-Paul Thibault. «Nous sommes tristes mais le combat continue. Nous allons saisir la cour européenne des droits de l'Homme qui a déjà condamné des aveux extorqués sous la torture», a-t-il ajouté.
L'un des éléments nouveaux dont se prévalait la défense des deux hommes dans cette nouvelle requête résidait en effet dans des témoignages établissant avec certitude que des violences policières avaient été commises à l'encontre de Mis et Thiennot, lors de l'enquête.
La commission, présidée par Martine Anzani, n'en a pas tenu compte. «L'appréciation des charges sur lesquelles la cour et le jury ont fondé leur conviction sur la culpabilité des condamnés ne saurait être remise en cause dès lors qu'il est établi que les violences, et leur gravité telles qu'elle sont décrites dans la requête, ont été déjà évoquées et attestées devant les juges et les jurés», affirme l'arrêt de la commission.
En outre, Me Thibault avait produit d'autres témoignages, identifiant une autre personne comme responsable des coups de feu mortels tirés contre le garde-champêtre. Mais là encore, la commission est restée sourde. «Les soupçons de culpabilité alléguée à l'encontre du principal témoin à charge, Désiré Brunet, ne sauraient avoir la moindre portée révisionnelle dès lors qu'ils résultent de simples rumeurs, qui ne sont étayées par aucun élément matériel, ni aucun mobile», relève la décision.
L'affaire remonte à l'immédiat après-guerre. Le 31 décembre 1946, le cadavre de Boistard, disparu deux jours auparavant, avait été découvert dans l'étang des Saules, sur la commune de Saint-Michel-en-Brenne. Les soupçons s'étaient portés sur Mis et Thiennot, arrêtés avec un groupe de chasseurs, début 1947. Interrogés par les enquêteurs, les deux hommes étaient passés aux aveux avant de se rétracter.
Fait exceptionnel, le dossier Mis et Thiennot est passé trois fois devant les assises. En effet, les arrêts des cours d'assises de l'Indre du 24 mai 1947 et de la Vienne du 3 décembre 1948 ayant condamné les deux accusés ont été annulés par la Cour de cassation. C'est finalement la cour d'assises de la Gironde qui, le 5 juillet 1950, a rendu un verdict définitif: quinze ans de travaux forcés pour meurtre.