Ebola: le Samu est opérationnel

Ebola: le Samu est opérationnel

Pour le Pr Pierre Carli, les équipes du Samu de Paris qu'il ...
© 2014 AFP

© 2014 AFP

Pour le Pr Pierre Carli, les équipes du Samu de Paris qu'il dirige, formées en priorité durant l'été, sont opérationnelles pour faire face à d'éventuels cas d'Ebola en France mais un «effort d'information» doit être fait en direction des autres services hospitaliers.

-Question: Les personnels soignants ont-ils été suffisamment formés pour faire face à des cas d'Ebola à Paris et en Île-de-France?

-Réponse: Depuis le départ, on a privilégié l'appel au 15, on a formé les équipes de régulation sur comment répondre au téléphone aux personnes revenant de pays touchés par le virus, qui ont de la fièvre, etc. La deuxième phase a concerné les urgentistes qui transportent ces patients et qui sont donc en première ligne. Des exercices ont été réalisés le 14 août avec le service de santé des armées, les pompiers et l'hôpital (d’instruction des armées) Bégin (à Saint-Mandé, près de Paris, ndlr). Dès août aussi, le personnel des urgences des hôpitaux Necker et Bichat, (deux établissements habilités à traiter des cas à Paris, nldr) a été formé. Il y a suffisamment d'équipes prêtes. Pour l'instant, 15 patients ont été amenés dans les centres de référence, ce n'est pas une activité énorme. Mais c'est important de former d'abord les équipes du 15, c'est un choix qui a déjà porté ses fruits lors de l'épidémie de SRAS.

L'idée n'est pas que les gens se rendent dans les services d'urgence: il faut que les cas suspicieux se signalent, pour repérer si c'est une fausse alerte, rassurer le patient s'il est contaminé et surtout l'amener dans un centre référent où le traitement est accessible.

-Q: Le reste des équipes hospitalières est-il suffisamment informé sur le virus et les gestes à réaliser si un cas se présente?

- R: L'effort d'information devient indispensable car il y a plus de cas d'Ebola et les connaissances sur le virus augmentent aussi. La contamination d'infirmiers au Texas et en Espagne a permis de comprendre mieux la propagation du virus. Il faut donc étendre les connaissances scientifiques sur la maladie aux autres services d'urgence, et c'est ce qui va être annoncé par les autorités.

On comprend qu'à la lumière des accidents on revoit toutes les procédures. Ce qui paraissait bien il y a quelques mois, ne l'est plus forcément et il est tout à fait normal qu'on soit exigeant. Des discussions sont en cours à Bichat, avec des experts hygiénistes, toutes les procédures sont revues, dont l'isolement, le circuit d'isolement.

C'est la préparation à un niveau supérieur de protection.

- Q: Personnel hospitalier et médecins dénoncent toutefois des failles ou lenteurs dans l'organisation. L'inquiétude est-elle justifiée?

-R: Il faut rassurer les soignants, bien comprendre où est le risque, leur rappeler que dans tous les services d'urgences, ils ont la possibilité de se protéger lors du premier contact avec un cas supposé. Il ne faut pas toucher un patient avec des symptômes avant d'avoir mis des gants, une blouse, et il faut le mettre à l'écart de la file d'attente. Les médecins qui l'auscultent mettent des tenues de protection contre les infections graves.

Pour la prise en charge d'un patient simplement fébrile, le degré de protection est moins important, car ce sont les urines, selles, sang et sueur qui sont extrêmement contaminants, pas la fièvre. Les vrais risques sont dans les services où est effectuée la prise en charge de la maladie lourde: là, le risque de contamination est très important,notamment dans les services de réanimation, et les équipes doivent être très bien protégées.

(Propos recueillis par Anne Sophie LABADIE)

Cet article est réalisé par Journal du Net et hébergé par 20 Minutes.