Ebola: premiers contrôles à la descente de l'avion en France

Ebola: premiers contrôles à la descente de l'avion en France

A peine descendus d'avion, les passagers du vol Conakry-Paris ...
Un employé de l'aéroport pratique un test avec un thermomètre à Roissy le 17 octobre 2014
Un employé de l'aéroport pratique un test avec un thermomètre à Roissy le 17 octobre 2014 - Kenzo Tribouillard AFP
© 2014 AFP

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A peine descendus d'avion, les passagers du vol Conakry-Paris ont été accueillis samedi avec des thermomètres laser pour détecter d'éventuels cas de fièvre, mesure la plus spectaculaire prise pour prévenir l'éventuelle arrivée du virus Ebola en France où de nouveaux cas suspects ont été signalés.



«Nous étions sur la passerelle en file indienne, des médecins prenaient notre température à distance. On est agréablement surpris, c'est allé très vite», relate Souhaib Bangoura, 35 ans.

Comme lui, les 150 à 200 passagers du vol Air France quotidien depuis la capitale guinéenne ont été les premiers à passer, à leur arrivée à 05H55, les contrôles sanitaires sur le sol français. Une mesure de «sécurité supplémentaire», selon la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

Une passagère d'une quarantaine d'années, présentant de la fièvre, a été prise en charge par les équipes de l'hôpital parisien Bichat, a-t-on appris de source proche du dossier. «Elle était au-delà de 38°C, mais après sa température est descendue», a toutefois assuré cette source. «Une heure après sa sortie de l'avion, elle n'avait plus que 37,5°C. Elle n'avait ni vomissements, ni diarrhée.»

Dans la soirée, un autre cas suspect a été signalé dans le Val-d'Oise: «une femme qui présentait des symptômes, douleurs abdominales et fièvre», a déclaré sur i-Télé le sous-préfet d'Argenteuil Yves Rousset. Selon lui, cette femme «a été mise à l'isolement» à l'hôpital militaire Bégin en région parisienne, pour des analyses dont il ne disposait pas encore des résultats samedi soir.

Sur plus de 350 «signalements» de personnes revenant des pays touchés en Afrique, une quinzaine de cas ont été considérés comme «possibles» depuis juin.

Interrogé par l'AFP, le ministère de la Santé s'est borné à réitérer samedi qu'il «informerait immédiatement la population» si un premier cas devait être confirmé en France.

Jeudi, une précédente alerte avait été suscitée par l'admission pour «fièvre suspecte» d'une infirmière ayant soigné, en septembre, une volontaire de MSF atteinte d'Ebola et rapatriée en France. Mais le gouvernement a ensuite assuré qu'il n'y avait aucun cas confirmé sur le territoire.

- 'Rassurer' les Français -

«La population française commence à avoir peur, c'est normal de les rassurer», a estimé à Roissy Ibrahima Sylla, ex-diplomate venu rendre visite à sa famille en France. Il retournera en Guinée dans dix jours «sans inquiétude».

«Je flippais beaucoup avant de partir, mais, sur place, j'étais rassuré car les gens prennent la mesure de l'épidémie», a raconté Souhaib Bangoura. «Je prenais ma température avant d'entrer dans un bureau et je me lavais les mains avec une solution chlorée.»

Selon Barry Abdoulaye, en Guinée, «Ebola occupe les conversations, mais la vie est normale». Ce trentenaire, tenant le flacon de solution hydro-alcoolique qui lui avait été remis à l'atterrissage, a toutefois reconnu avoir «réduit son séjour» de deux jours, «vu tout ce que les médias internationaux commençaient à dire».

«Les gens ont plus peur d'Ebola en France qu'en Guinée», a lancé Sow Souleymane, expliquant avoir passé quatre contrôles sanitaires à son départ de Conakry.

Le dépistage à l'arrivée, déjà en vigueur en Grande-Bretagne et dans plusieurs aéroports américains, est uniquement mis en place pour ce vol en France, seule liaison directe depuis un pays touché. Aucun contrôle n'est prévu sur les passagers venant de pays à risques ayant effectué des correspondances.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a d'ailleurs relativisé l'efficacité de ces contrôles, mettant en garde contre «un faux sentiment de sécurité».

Vendredi soir, des syndicats d'hôtesses et stewards d'Air France ont eux réclamé la fermeture de la desserte de Conakry, exprimant leur crainte d'un «risque grave de propagation de l'épidémie».

La Guinée, d'où est partie l'épidémie en décembre, fait partie, avec le Liberia et la Sierra Leone, des trois pays les plus touchés. La fièvre hémorragique Ebola a déjà fait au moins 4.555 morts sur 9.216 cas enregistrés dans sept pays, selon l'OMS.

«Nous sommes en train de perdre la bataille» face au virus, a déploré vendredi le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.