Modulation des allocations familiales: les éditorialistes divisés

Modulation des allocations familiales: les éditorialistes divisés

La remise en cause de l'universalité des allocations familiales envisagée par le pouvoir socialiste divise les éditorialistes, certains y voyant jeudi une mesure de "justice sociale" tandis que d'autres croient déceler une régression sociale.
© 2014 AFP

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La remise en cause de l'universalité des allocations familiales envisagée par le pouvoir socialiste divise les éditorialistes, certains y voyant jeudi une mesure de «justice sociale» tandis que d'autres croient déceler une régression sociale.

«C’est donc la branche famille qui sera principalement mise à la diète. Comme d’habitude», se lamente Yves Thréard dans Le Figaro. «La famille, tout un symbole pour la gauche. Lionel Jospin l’avait déjà malmenée. François Hollande continue. Après l’ouverture du mariage aux homosexuels et la révision du quotient familial, c’est aux allocations du même nom que sa majorité parlementaire veut s’en prendre, pour les moduler en fonction des ressources des ménages. À bas le principe d’universalité, pilier de notre politique familiale, l’une des rares politiques publiques qui donnent satisfaction», ajoute-t-il.

Laurent Joffrin dans Libération expose un point de vue radicalement différent: selon lui conditionner le versement d'allocations familiales aux revenus «instillerait seulement un zeste de justice sociale dans un domaine où cette considération était jusqu’ici tenue pour secondaire». Dans le contexte socio-économique, «on serait mal venu de s’en plaindre», estime-t-il.

«Nul ne songerait à contester une juste contribution de chacun, selon ses moyens, au redressement du pays, si prévalait une vision moins caricaturale», nuance Jacques Camus (Groupe Centre-France). «Car qui sont en vérité les +plus zézés+ ? Sûrement pas les +très zézés+ qui capitalisent grâce aux niches fiscales. Ou ceux qui ont fait leurs valises (de billets) depuis longtemps... Restent donc, chez nous, les +plus zézés+ qui le sont de moins en moins sous le poids de la chape fiscale. Ceux qui cotisent pour tout et n'ont droit à quasiment rien», dénonce-t-il.

«En remettant hier au pot la modulation des allocations familiales en fonction des revenus», la gauche socialiste «a surtout donné des arguments à la droite pour ancrer l'idée que, décidément, les socialistes n'aimaient pas la famille», analyse Jean-Louis Hervois (La Charente Libre).

«Difficile» pourtant «de justifier le versement d’allocations familiales à des familles aisées quand au même moment le gouvernement réfléchit sérieusement à remettre en cause le montant et la durée de l’indemnisation des chômeurs», relève Bruno Dive (Sud-Ouest).

Mais «l’idée est politiquement dangereuse», insiste Eric Dussart (La Voix du Nord). «Par le simple fait de toucher à l’un des principes fondateurs de la politique familiale de ce pays, inventée au terme de la Première Guerre mondiale et inscrite dans la loi après la seconde». Mais aussi, poursuit-il parce qu'une nouvelle fois ce sont les classes moyennes qui seraient «atteintes».

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