CRIMINALITEL’union fait la force contre l’exploitation sexuelle

L’union fait la force contre l’exploitation sexuelle

CRIMINALITEPolice, justice et associations étaient réunis ce mardi pour assurer une meilleure coopération…

«Il y a peu de temps, les personnes présentes ici se regardaient en chiens de faïence.» Emile Lain, chef de l'Office central de répression de la traite des êtres humains (OCRTEH), a appelé mardi à une coopération plus étroite pour lutter contre l’exploitation sexuelle. Représentants des services de police, juges, avocats, membres d'associations et acteurs des services sociaux étaient réunis à Paris pour une conférence sur ce sujet.


30 réseaux de prostitution démantelés



30 réseaux de prostitution démantelés


L'OCRTEH, créé en 1958, a démantelé en 2006 30 réseaux internationaux de prostitution en France, dont 14 d'Europe de l'Est et des Balkans (6 de Bulgarie et trois de Roumanie) et 11 d'Afrique Noire (8 du Nigeria).

Mais face à l'arsenal répressif de la loi controversée sur la sécurité intérieure de mars 2003, la plupart des associations soulignent les manques en matière de protection des victimes en France, ainsi que la poursuite des abus policiers à leur égard, qui font l'objet de rapports réguliers, notamment de la Ligue des droits de l'Homme.
loi controversée sur la sécurité intérieure de mars 2003
Mais face à l'arsenal répressif de la loi controversée sur la sécurité intérieure de mars 2003, la plupart des associations soulignent les manques en matière de protection des victimes en France, ainsi que la poursuite des abus policiers à leur égard, qui font l'objet de rapports réguliers, notamment de la Ligue des droits de l'Homme.

«Les personnes exploitées par les réseaux de traite des êtres humains doivent être traitées comme victimes et non migrantes délinquantes», souligne Matiada Ngalikpima (Fondation Scelles), coordinatrice de la rencontre. «Lorsqu'elles sont interceptées, les victimes sont généralement expulsées vers leur pays d'origine, dans des délais très brefs alors qu'elles ont besoin d'un soutien psychologique et d'une aide matérielle et juridique, bien souvent limitée aux cas où la victime collabore avec la justice», explique-t-elle.

«Syndrome des traumatisés de guerre»

Les effets de l'exploitation sexuelle sur la victime sont pourtant «proches du syndrome des traumatisés de guerre» et nécessitent «des soins au long cours», ajoute le psychanalyste Robert Lévy. Matiada Ngalikpima constate également qu'en France, la répression n'est jamais dirigée contre le client: «Même la loi de pénalisation des clients de personnes prostituées mineures n'a été que trop rarement appliquée.»

Pour Emile Lain, une meilleure coopération est également nécessaire face à des réseaux en perpétuelle mutation. «La législation doit être rapidement ajustée pour répondre aux nouveaux enjeux, par exemple il faut lancer une réflexion sur l'adaptation de la notion de racolage à l'usage d'Internet», a-t-il préconisé.

La prostitution s'est aussi éloignée des grandes villes, pour gagner des villes comme Amiens ou Beauvais, des zones suburbaines, des routes départementales et des secteurs boisés, zones où les victimes sont plus vulnérables et où la police, la gendarmerie et les maires manquent de formation adaptée, avouent les principaux acteurs.