Le cheval, nouveau coach de la vie en entreprise

Le cheval, nouveau coach de la vie en entreprise

Souad Maaizate fait tourner l'alezan Quiriel au pas en liberté dans le manège: cette chef d'entreprise participe à un stage avec les chevaux pour apprendre à mieux communiquer avec ses salariés.
© 2014 AFP

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Souad Maaizate fait tourner l'alezan Quiriel au pas en liberté dans le manège: cette chef d'entreprise participe à un stage avec les chevaux pour apprendre à mieux communiquer avec ses salariés.



L'exercice consiste à établir une relation de confiance partagée avec l'animal. Avec une quinzaine d'autres participants, Souad suit une formation de «Horses and Coaching» au centre équestre de Chaville (Hauts-de-Seine) avec Guillaume Antoine, 54 ans, ancien maître instructeur.

Son métier: utiliser les chevaux pour inviter les dirigeants à revisiter leurs pratiques de management en explorant la dimension non verbale de la communication de l'animal pour ensuite transposer l'expérience dans le monde de l'entreprise.

«Nous étions au début des années 2000 tout seuls» sur ce marché, dit à l'AFP Guillaume Antoine, en soulignant que cinq autres sociétés proposent désormais des stages similaires en France.

«Le concept a fait école et le monde de l'entreprise, qui exprimait aux débuts un scepticisme de bon aloi, commence à se l'approprier», dit-il.

Horses & Coaching organise une quarantaine de séminaires par an avec en moyenne une douzaine de personnes par séminaire.

Des cadres de chez Renault, Lafarge, Cartier, Airbus, Vinci, Schneider, E. Leclerc ou du Groupe Barrière ont déjà eu recours à cette nouvelle approche. Le site de House & Couching affiche les logos de ces entreprises comme autant de «références» garantissant le sérieux de la démarche.

«Souad, tu dois obtenir du cheval l'acceptation de la consigne dans le relâchement et la confiance», insiste l'instructeur. «Quand on travaille avec un individu, de la qualité des liens relationnels dépend l'efficacité».

La jument observe Souad, la dirigeante n'est pas à l'aise et le cheval s'arrête. «Regardez, Quiriel n'est pas décontractée car Souad ne l'est pas!», lance aux stagiaires Guillaume Antoine.

«Fais-toi confiance pour qu'elle te fasse confiance! Et montre de la détermination», dit-il à la patronne qui «appréhende dans la vie les rapports de force». Elle hausse finalement le ton, le cheval prend le pas et accepte peu à peu d'entrer en relation avec elle.

«Doucement, très bien, écoute ce que le cheval te dit: il ne faut pas confondre violence et fermeté», glisse Guillaume Antoine.

Au bout d'un quart d'heure, l'allure de Quiriel est régulière, sa mâchoire inférieure est mobile et ses yeux clignent en permanence: Souad a réussi l'exercice.

- Respect et confiance-

Emue, elle caresse la tête de la jument et raconte: «C'était un moment unique ! Construire une relation de confiance est très important pour moi. Le cheval a révélé ce que je suis, une femme qui déteste la violence, mais mes fonctions m'obligent à me montrer ferme».

Le programme de Guillaume Antoine repose sur la confiance partagée.

Il estime, lui, que «Souad possède un très grand nombre d'aptitudes spontanées à créer des liens de coopération durable et que le cheval a révélé qu'il ne faut pas confondre la fermeté et la violence et que si on n'est pas capable de faire oeuvre de fermeté, on peut manquer de crédibilité, un ingrédient indispensable».

C'est au tour de Vincent et Hervé d'entrer dans l'enclos. Leur mission: faire slalomer le cheval qui devra accorder sa confiance au binôme.

L'équidé bouge dans tous les sens, comme les deux élèves d'ailleurs, puis prend le galop car chacun veut le diriger. L'animal n'exécutera l’exercice que lorsqu'ils auront défini leurs rôles.

«C'est compliqué de donner des instructions à deux», commente Hervé Righenzi-de-Villers.

Son coéquipier Vincent Déchin retiendra comme leçon «qu'ils auraient dû passer trois minutes sans s'occuper du cheval pour poser les rôles et être plus clairs sur l'objectif à atteindre!».

Guillaume Antoine vise à faire «prendre conscience à un collectif que nul ne peut faire l'économie du désir de relation avant d'entreprendre quoi que ce soit».

Cet article est réalisé par Journal du Net et hébergé par 20 Minutes.