Morin condamné pour avoir qualifié Tapie de «gangster de la République»
•L'ancien ministre Hervé Morin (UDI) a été condamné vendredi à une amende de 300 euros avec sursis pour avoir déclaré en mai 2013 que Bernard Tapie faisait "partie des grands gangsters de la République".© 2014 AFP
L'ancien ministre Hervé Morin (UDI) a été condamné vendredi à une amende de 300 euros avec sursis pour avoir déclaré en mai 2013 que Bernard Tapie faisait «partie des grands gangsters de la République».
Le tribunal correctionnel de Paris l'a déclaré coupable d'injure publique, et a en outre condamné M. Morin à verser un euro de dommages et intérêts à l'homme d'affaires.
Les propos litigieux remontent au 23 mai 2013. M. Morin était invité sur i-Télé, alors que l'ancienne ministre de l'Economie Christine Lagarde était entendue par les magistrats de la Cour de justice de la République dans l'affaire de l'arbitrage au terme duquel Bernard Tapie s'est vu accorder 403 millions d'euros, dont 45 au titre de son préjudice moral, pour régler son vieux litige avec le Crédit Lyonnais sur la revente d'Adidas.
Bernard Tapie a-t-il perçu trop d'argent? l'interrogeait la journaliste. «Tapie fait quand même partie des grands gangsters de la République, très clairement», avait répondu l'ancien ministre de la Défense.
Le tribunal a considéré qu'il s'agissait d'une «attaque personnelle», «hors de tout véritable contexte de polémique politique, de sorte qu'ils outrepassent les limites admissibles de la liberté d'expression».
L'avocat de l'homme d'affaires, Me Martin Reynaud, s'est dit «très satisfait» de cette décision, qui «rappelle que chacun a droit à la protection de sa réputation, y compris Bernard Tapie».
«L'attaque d'Hervé Morin ne s'inscrit pas dans le débat», qui à ce moment-là ne concerne pas directement Bernard Tapie, mis en examen pour escroquerie en bande organisée cinq jours plus tard, mais le choix de l'Etat de la procédure d'arbitrage, avait plaidé l'avocat.
Il avait poursuivi pour injure et non diffamation car il ne s'agissait pas d'un fait précis, comme l'exige la loi sur la presse.
S'il a choisi cette voie, avait rétorqué l'avocat du député de l'Eure, Me Mario Pierre Stasi, c'est pour éviter un débat sur la «vérité» et sur «la bonne foi».
En outre, l'avocat a invoqué deux chansons, en duo avec le rappeur Doc Gyneco, dans lesquelles «se moquant de lui-même», Bernard tapie «se qualifie de gangster» et rappelé le «palmarès judiciaire impressionnant» de l'homme d'affaires.
«On a le droit d'avoir un casier judiciaire et de ne pas se faire traiter de gangster», avait fait valoir Me Reynaud