L'avenir de la maternité d'Orthez compromis après l'accident mortel

L'avenir de la maternité d'Orthez compromis après l'accident mortel

Un avis "favorable à la fermeture" définitive de la maternité ...
L'entrée de la maternité le 2 octobre 2014 à Orthez
L'entrée de la maternité le 2 octobre 2014 à Orthez - Gaizka Iroz AFP
© 2014 AFP

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Un avis «favorable à la fermeture» définitive de la maternité d'Orthez (Pyrénées-Atlantiques) a été donné vendredi au regard de ses problèmes de recrutement récurrents, au lendemain de la mise en examen d'une anesthésiste belge après le décès d'une patiente d'origine britannique.

L'Agence régionale de santé (ARS) d'Aquitaine assure qu'elle prendra rapidement une décision sur l'avenir de l'établissement, dont les activités restent par ailleurs suspendues jusqu'à nouvel ordre, faute de garantir des conditions de sécurité suffisantes.

Aucun détail n'a toutefois été donné sur l'enquête sanitaire déclenchée après l'accident survenu dans la nuit du 26 au 27 septembre lors de l'accouchement par césarienne, sous anesthésie générale, d'une parturiente âgée de 28 ans. Victime d'un arrêt cardiaque, la jeune femme, d'origine britannique mais de nationalité française, avait été transférée en urgence à l'Hôpital de Pau, où elle est décédée le 30 septembre. Son bébé est sain et sauf.

«L'enquête administrative se poursuit, on a besoin d'entendre tout le monde et tout le monde n'a pas été entendu, dont des protagonistes principaux», a expliqué à l'AFP le directeur de l'ARS, Michel Laforcade.

Pour le maire d'Orthez, Yves Darrigrand, les problèmes de démographie médicale sont bien au coeur du drame: «La tournure dramatique de l'évènement» tient au fait qu'«il n'y avait pas d'anesthésiste de remplacement et qu'il fallait que ce soit elle qui fasse le boulot», a-t-il jugé sur RTL.

Convoquée, l'anesthésiste belge, Helga Wauters, 45 ans, qui était ce soir-là en charge de la victime s'était présentée le 30 septembre devant les gendarmes avec un taux d'alcoolémie de 2,4 g/l dans le sang. Elle avait reconnu souffrir d'un «problème pathologique avec l'alcool» et avait été placée jeudi en détention provisoire à la maison d'arrêt de Pau après sa mise en examen pour «homicide involontaire aggravé».

Sans qu'il soit établi si elle était ivre au moment des faits, l'anesthésiste présentait ce soir-là «un comportement bizarre», a souligné le Procureur de la République de Pau, Jean-Christophe Muller, citant «des difficultés d'expression, de compréhension et des problèmes de réactivité».

- 1.000 euros la journée de travail -

Pour Yves Darrigrand, le drame illustre «le manque cruel de spécialistes en gynécologie-obstétrique et en anesthésie» qui «vendent leurs services à prix d'or. Il faut passer par des boîtes d'intérim qui vendent une journée de travail d'un obstétricien à 1.000 euros», a-t-il affirmé à l'AFP.

Une surenchère, selon lui, qui met à mal la pérennité de petites structures hospitalières comme celles d'Orthez et laisse entrevoir le spectre d'un «désert médical» dans les petites communes.

«Il n'y avait pas de solution de remplacement et c'est précisément ça la fragilité du système, que je ne veux pas voir se prolonger ni se reproduire», a déploré le maire, qui explique avoir cherché pendant six mois, en vain, un gynécologue-obstétricien.

L'anesthésiste belge, qui exerçait depuis 1999, avait été récemment recrutée par la clinique privée d'Orthez, voisine de la maternité publique. Elle y exerçait, à titre libéral, depuis le 12 septembre. Elle n'était pas membre du personnel de l'hôpital mais, en vertu d'une convention signée entre la clinique, l'hôpital public et l'ARS, «qui comprend la location par l'hôpital à la clinique de la salle d'accouchement et d'un bloc opératoire dédié aux soins obstétriques», l'anesthésiste intervenait le soir de l'accident pour le compte de l'hôpital et sous sa responsabilité, a expliqué le directeur par intérim du Centre hospitalier d'Orthez, Serge Roulet.

«S'il n'y pas de sécurité assurée, il faut que la maternité soit déplacée parce que l'on ne peut pas faire prendre de risques aux parturientes qui viennent à Orthez», insiste le maire. En cas de fermeture, les parturientes devraient se rendre à Pau ou à Dax situées à 40 km, ou encore à Bayonne (60 km) pour accoucher.

Toutefois, la jeune femme décédée était venue accoucher depuis Ustaritz, au Pays Basque, à plus de 60 km d'Orthez, en raison de la réputation du travail de la sage-femme et parce qu'elle est la seule clinique dans la région disposant d'un pôle physiologique avec une salle nature où les parturientes peuvent accoucher avec le moins d'interventions médicales possible, être mobiles pendant le travail et accoucher dans les positions qu'elles souhaitent.

Sans préjuger de la décision que rendra l'ARS, son directeur, Michel Laforcade, avait affirmé dès jeudi qu'il ne se voyait «pas rouvrir cette maternité, sachant que je serai obligé au 11 octobre, date-limite, de constater que les conditions du côté des obstétriciens ne sont absolument pas remplies».