Valls veut se recentrer sur ses réformes, six mois après son arrivée à Matignon

Valls veut se recentrer sur ses réformes, six mois après son arrivée à Matignon

Secoué par l'enchaînement des mauvaises nouvelles d'une fin d'été "pourrie" pour le gouvernement, Manuel Valls pense avoir passé le cap et pouvoir faire à nouveau avancer ses réformes, six mois tout juste après son arrivée à Matignon.
© 2014 AFP

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Secoué par l'enchaînement des mauvaises nouvelles d'une fin d'été «pourrie» pour le gouvernement, Manuel Valls pense avoir passé le cap et pouvoir faire à nouveau avancer ses réformes, six mois tout juste après son arrivée à Matignon.

Depuis qu'il a remplacé Jean-Marc Ayrault le 31 mars, le Premier ministre a perdu environ la moitié de sa cote de popularité, mais pour lui, «la page de la rentrée, de la clarification, est désormais tournée».

«Je préfère avoir la sortie de (l'ex-ministre de l'Economie Arnaud) Montebourg et le vote de confiance derrière moi que devant moi», confie-t-il en privé. Mises de côté, également, les promesses d'inversion des courbes et de retournement économique, au prix d'un retour douloureux à la réalité au mois d'août et d'un dérapage budgétaire qu'il faut désormais justifier auprès des partenaires européens.

«On ne peut pas mettre en œuvre ce qu'on appelle la politique de l'offre et attendre des résultats tout de suite. C'est totalement contradictoire», plaide-t-on à Matignon.

Le Premier ministre, qui juge que le retour aux 3% de déficit public dès 2015 aurait signifié l'entrée de la France dans le club de l'austérité, se refuse d'ailleurs, par prudence, à évoquer une échéance pour de premiers résultats.

En revanche, Manuel Valls entend bien préciser «dans les semaines qui viennent» son «agenda» des réformes, selon son entourage, «et il y (en) aura sans doute de nouvelles qui seront engagées». Selon une source gouvernementale, l'indemnisation chômage est un des dossiers à l'examen.

Tenter donc de relancer la machine gouvernementale, freinée par la succession des coups durs (mauvais chiffres économiques, éviction d'Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon qui contestaient la «ligne» économique, sondages au plus bas pour le tandem exécutif, livre de Valérie Trierweiler, affaire Thévenoud...) et garder cette image de réformateur que certains questionnent.

Comme l'ex-ministre UMP Rachida Dati, qui a dit mercredi voir en Valls «quelqu’un qui montre ses muscles, mais ne s’en sert jamais».

- Plusieurs missions européennes -

Il s'agit toutefois de durer, alors que la mi-quinquennat n'est pas encore franchie: «On a encore deux ans et demi», souligne Manuel Valls à ses visiteurs.

Pour convaincre à l'étranger, le chef du gouvernement prévoit plusieurs missions européennes d'ici la fin de l'année. Après l'Allemagne et Angela Merkel en septembre, il se rendra à Londres lundi pour rencontrer le Premier ministre David Cameron et les milieux économiques britanniques, avant une visite aux Pays-Bas et au Luxembourg plus tard en octobre. Convaincre l'Europe du Nord, en somme, après avoir affiché son alliance avec son homologue italien Matteo Renzi pour tenter de «réorienter» l'UE vers une politique de relance.

Quant au vote de confiance du 16 septembre, s'il n'a donné au Premier ministre qu'une majorité relative, il a permis selon le camp vallsiste de confirmer que la «fronde» d'une trentaine de députés socialistes était endiguée. D'autant que le retour de Nicolas Sarkozy contribue à renforcer le débat classique droite-gauche, et non plus au sein du PS.

La fronde, «pour moi, ce n'est plus une question. Cela fait six mois que tout a été voté (...) C'est quoi le risque? Une bataille d'amendements qui de toute façon ne passeront pas?» estime le député Carlos Da Silva, membre du cercle rapproché du chef du gouvernement.

A Matignon, on ne prévoit d'ailleurs pas d'avoir recours au «49-3» (qui permet de faire adopter un texte sans vote sauf motion de censure) pour faire passer le budget 2015, d'autant que le président Hollande a publiquement dit qu'il aurait dissous l'Assemblée nationale en cas d'échec au vote de confiance.

Après son discours à l'université d'été du PS, le Premier ministre va de nouveau s'adresser à son camp à travers une contribution aux Etats Généraux du Parti socialiste, où il devrait réaffirmer ses grands principes économiques: baisse des dépenses publiques, baisse des impôts, discours positif à l'égard des entreprises. Avec un mot d'ordre, selon son entourage: «On ne peut pas rassembler au détriment des réformes».

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