La droite devra redorer le blason du Sénat, jugé de plus en plus inutile
•La droite, qui a reconquis dimanche le Sénat, décidera mardi qui, de Jean-Pierre Raffarin ou Gérard Larcher, aura pour tâche de redorer le blason d'une institution que de plus en plus de Français jugent inutile.© 2014 AFP
La droite, qui a reconquis dimanche le Sénat, décidera mardi qui, de Jean-Pierre Raffarin ou Gérard Larcher, aura pour tâche de redorer le blason d'une institution que de plus en plus de Français jugent inutile.
La droite, -UMP, centristes et divers droite - rassemble 190 sénateurs, contre 156 à gauche - PS, PCF, Verts, RDSE (à majorité PRG) et divers gauche. Le Front national a deux élus.
Le Sénat est menacé «de disparition» s'il ne parvient pas à prouver son «efficacité», s'est alarmé lundi l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, parlant d'une «campagne de dénigrement». «Victor Hugo, déjà, disait: +Sénateurs, montrez que vous êtes nécessaires+. Il faut qu'on montre la nécessité du Sénat», a affirmé M. Raffarin, qui voit dans cette assemblée un «contre-pouvoir vis-à-vis de tous les présidents».
«Le Sénat sort d’un trou noir de trois ans», analyse de son côté Gérard Larcher, «trois ans qui ont vu l’image du Sénat se dégrader dans l’opinion». «La spécificité du Sénat a été sacrifiée sur l’autel de la +petite politique+, celle qui provoque l’éloignement de nos concitoyens de leurs élus».
«Il nous faudra faire la démonstration que non seulement le Sénat est utile à la République, mais qu’il est l'assemblée indispensable à la consolidation du tissu social, à la représentation des territoires trop souvent oubliés», conclut-il. «Le Sénat doit être engagé maintenant sur la voie du redressement pour contribuer à relever notre pays».
«Quand on voit ce que fait Matteo Renzi du Sénat italien, on se dit qu’un jour, les Français pourraient être tentés de le suivre», affirme de son côté Bruno Retailleau, candidat à la présidence du groupe UMP. «Nous n'avons que trois ans pour renouveler notre image».
- 'Une situation d'urgence' -
Côté centriste, Vincent Capo-Canellas veut que «le Sénat s'oppose, mais aussi qu'il propose». «Il n'y a pas de honte à faire des compromis et si le gouvernement fait des propositions raisonnables, il faut les examiner», dit-il, soulignant qu'«il y a aujourd'hui une situation d'urgence dans le pays» et qu'il ne faut pas attendre 2017 sans rien faire.
A gauche, le président du groupe PS Didier Guillaume n'est pas de reste: «On est à un point où l'avenir du Sénat se pose», a-t-il dit. «Existera-t-il encore un Sénat demain? Faut-il un Sénat? C'est de la survie dont il s'agit», demande-t-il, affirmant que «si le Sénat de la France devait être la base arrière du sarkozysme ou du juppéisme pour 2017, la base arrière de l'UMP, ça ne fonctionnerait pas». «Le Sénat est une institution, ce ne sont pas des partis politiques», a-t-il souligné.
L'arrivée d'une majorité de gauche au Sénat avait été suivie d'une certaine euphorie, avant d'engendrer la désillusion. Faute d'une majorité gouvernementale, contrairement à l'Assemblée, le Sénat avait ensuite rejeté les textes budgétaires et des projets de loi importants comme le non-cumul des mandats ou la réforme territoriale.
«Le bicamérisme est utile, 65% des amendements du Sénat sont inscrits dans la loi», rappelle Vincent Capo-Canellas.
Mais un collectif de députés socialistes, Cohérence Socialiste, à défaut de supprimer le Sénat, propose de le transformer en un «conseil des régions». «On ne comprend pas à quoi sert la Chambre haute», affirme le député PS Alexis Bachelay.
Selon un sondage Ifop pour Ouest France, seule la moitié des Français considère d'ailleurs que le Sénat joue un rôle important dans la vie politique, alors qu'ils étaient 67%, il y a encore trois ans.
Pour le moment, l'UMP, premier groupe politique dans le nouveau Sénat, aura une étape importante mardi à franchir en désignant son candidat à la présidence du Sénat, dont l'élection aura lieu mercredi. Outre Gérard Larcher et Jean-Pierre Raffarin, Philippe Marini est candidat à cette primaire.