Le FN entre pour la première fois au Sénat avec deux élus

Le FN entre pour la première fois au Sénat avec deux élus

Le Front national entre dimanche pour la première fois de son ...
© 2014 AFP

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Le Front national entre dimanche pour la première fois de son histoire au Sénat, l'une des dernières institutions qui lui résistait, Marine Le Pen saluant «une grande victoire» avec deux élus, dont David Rachline, plus jeune sénateur de la Ve République.

En accédant au Palais du Luxembourg avec 19% des voix, M. Rachline, maire de Fréjus (Var) depuis mars, devient à 26 ans un nouveau «symbole» pour le FN, selon les propres mots de Mme Le Pen. Il est le pendant à la Haute Assemblée de la jeune Marion Maréchal-Le Pen, élue députée du Vaucluse à 22 ans, en 2012.

Dans les Bouches-du-Rhône, le département qui était la cible numéro un des cadres frontistes, c'est Stéphane Ravier, 45 ans, maire du 7e secteur de Marseille, qui accède au Sénat avec 12,4% des voix. «On nous avait dit que c'était impossible et c'est pour cela que nous l'avons fait !» s'est réjoui le nouvel élu sur Twitter.

«C'est une grande victoire pour le FN, une victoire absolument historique», s'est félicitée auprès de l'AFP la présidente du FN.

Mme Le Pen a voulu y voir la démonstration de la «dynamique (du FN) qui s'accélère d'élections en élections» et un motif de satisfaction: «Plus une seule Assemblée en France n'est interdite au FN.»

Pour les cadres du FN, cela s'explique par la capacité du FN à rassembler des voix au-delà de ses propres élus ou grands électeurs.

«Nos voix ont été multipliées par trois, jusqu'à par dix» selon les départements par rapport au nombre initial de grands électeurs (GE) FN, a ainsi affirmé Marine Le Pen.

Dans l'Aisne (43 GE), le parti récolte 167 voix, dans le Rhône (55 GE) 163 voix, dans le Gard (80 GE) 179 voix, en Seine-Maritime (52 GE) 161 voix, dans la Somme (une «dizaine» de GE) 88 voix, en Haute-Garonne (3 GE) 74 voix, dans les Vosges (9 GE) 32 voix..., selon des résultats communiqués par des cadres du FN sur Twitter ou à l'AFP.

Michel Guiniot, qui a supervisé les sénatoriales pour le parti, a expliqué à l'AFP que le FN avait réuni dans les départements concernés par ce renouvellement 900 voix en 2004 et 2008 contre 3.972 ce dimanche: le parti de Marine Le Pen a plus que quadruplé ses voix, selon le décompte à 20h15 de cet élu picard.

Le FN a toutefois échoué à faire élire un sénateur dans le Vaucluse, payant le prix de sa division avec la liste Ligue du Sud de la maire d'extrême droite de Bollène Marie-Christine Bompard. Large échec aussi dans les Alpes-Maritimes que le FN gardait à l'oeil.

- 'Demain l'Elysée' -

Pour le FN, l'arrivée de ces deux sénateurs est une aubaine dans cette période où il cherche à démontrer sa capacité à exercer le pouvoir. Cette semaine, le vice-président FN Florian Philippot pariait sur «un probable, deux possibles», alors qu'avant l'été, les pronostics étaient plus réservés.

Mais, isolés, MM. Rachline et Ravier n'auront à leur disposition que le pouvoir de se faire entendre, comme leurs homologues à l'Assemblée Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard.

«Ils vont faire comme nos députés à l'Assemblée: mettre le doigt là où ça fait mal, imposer des débats qui n'existent pas dans cette Assemblée qui a tendance à ronronner, soumettre les grands sujets de préoccupation des territoires», espère Marine Le Pen qui, en janvier 2014, s'était dit favorable à la suppression de la Haute Assemblée.

Après Steeve Briois, maire d'Hénin-Beaumont devenu député européen, c'est deux nouveaux maires FN qui décrochent des mandats parlementaires, en contradiction avec le vote des députés FN à l'Assemblée début 2014 contre le cumul des mandats.

Le parti d'extrême droite voit dans cette arrivée de deux frontistes à Paris un bon augure pour les prochaines échéances électorales, et tout d'abord 2015, année d'élections départementales et régionales où le FN veut amplifier son implantation locale des municipales.

«Il n'y a plus qu'une seule porte à pousser, celle de l'Elysée», a lancé M. Ravier.

«Cela fait toujours mal de voir le FN faire son entrée là où il n'était pas. Mais il est normal qu'un parti qui a des électeurs ait des élus», a reconnu de son côté François de Rugy, député EELV de Loire-Atlantique.