Le fil d'«Ariane», nouvel outil pour pister les touristes en zone de crise
•Tremblement de terre, tsunami, inondations. Mais aussi Ebola, guerres, attentats... Face à ces dangers, l'un des casse-tête pour les pays est d'avertir et de localiser leurs ressortissants dans la zone concernée, touristes compris.© 2014 AFP
Tremblement de terre, tsunami, inondations. Mais aussi Ebola, guerres, attentats... Face à ces dangers, l'un des casse-tête pour les pays est d'avertir et de localiser leurs ressortissants dans la zone concernée, touristes compris.
«Par les registres consulaires, on sait assez bien ce qu'il en est pour les expatriés, même s'ils ne s'inscrivent pas tous. Mais pour les touristes, c'est une autre paire de manches», confie une source diplomatique à l'AFP.
Aussi la France s'est-elle dotée depuis l'été 2011 d'un outil, le service «Ariane», qui permet de s'enregistrer sur le site internet du ministère des Affaires étrangères pour dire où et quand on part en vacances ou en déplacement professionnel.
Les voyageurs peuvent ainsi être avertis d'un danger imminent ou être joints au beau milieu d'une situation critique.
Début novembre 2013, «on a envoyé quatre messages avant le passage du typhon Haiyan aux Philippines pour signaler son arrivée imminente, et un autre message le lendemain, pour vérifier que les voyageurs n'étaient pas touchés, en leur donnant un numéro pour contacter l'ambassade en cas de besoin», explique une source diplomatique. «Et nous avons directement contacté ceux qui n'ont pas joint l'ambassade».
Problème: ce portail internet Ariane, conçu avec la CNIL pour garantir la confidentialité des données personnelles, est encore très peu connu.
Trois ans après sa naissance, «le cap des 200.000 inscrits devrait être atteint fin 2014», indique Didier Le Bret, le directeur du Centre de crise du ministère. Soit entre 5.000 et 13.000 nouveaux inscrits par mois, précise-t-il.
Mais «13 millions de Français sillonnent le globe chaque année», relève M. Le Bret.
Pour populariser le système, le Quai d'Orsay a signé en 2013 une convention avec le syndicat des tour-opérateurs français Seto et celui des agents de voyage, le Snav.
«Ariane a un problème de communication mais l'idée est plutôt bonne», estime Dominique Beljanski, qui préside le réseau Selectour Afat d'agences de voyage.
- «Ne pas céder à la panique» -
«Nous, les agences de voyages, nous savons où sont partis nos clients, dans quel hôtel, par quel avion...Mais en cas de problème sanitaire par exemple, cela peut être utile de mettre nos forces en commun. Le ministère a les moyens de rassembler les gens, et on peut par exemple affréter un avion ensemble pour rapatrier des gens», dit Mme Beljanski.
Critique, un professionnel du tourisme estime, lui, qu'«on navigue dans le cosmos pour l'instant: qui doit s'enregistrer sur Ariane? Les baroudeurs dans les contrées lointaines? Le commercial qui part pour son boulot trois jours en Italie? On ne voit pas clair».
M. Le Bret promet que le Quai d'Orsay va «changer de braquet»: «On souhaite que l'inscription sur Ariane soit une démarche quasi instantanée» lors de la réservation d'un voyage en agence ou auprès d'un tour-opérateur, «pour pouvoir toucher des flux plus importants» de touristes, dit-il.
Des discussions sont menées en ce sens.
Aujourd'hui, les alertes Ariane sont envoyées par SMS. Elles pourront bientôt l'être aussi par mail pour les smartphones.
D'autres pays dont les Etats-Unis et la Roumanie ont aussi un système pour prévenir et localiser des voyageurs.
Venu au salon du tourisme IFTM Top Resa à Paris au lendemain de l'annonce de l'exécution d'un touriste français en Algérie, M. Le Bret a appelé à s'enregistrer sur Ariane avant tout départ et à «consulter absolument» le site de conseils aux voyageurs du Quai d'Orsay.
Celui-là même où le ministère appelle les Français «à la plus grande vigilance» dans une quarantaine de pays, et où des zones de couleur qualifient les différents risques sur des cartes.
«Le vert appelle une vigilance normale. Le jaune, une vigilance renforcée, mais le tourisme n'est pas interdit. Quand une zone est orange, on déconseille de s'y rendre sauf raison impérative, c'est-à-dire professionnelle, humanitaire ou journalistique. Quand elle est en rouge, elle est formellement déconseillée», rappelle Didier Le Bret.
«Il ne faut pas céder à la panique», dit-il, en déplorant que certains médias aient un peu trop abusé du rouge pour illustrer certaines cartes récemment.
Portail du service «Ariane» du ministère des Affaires étrangères