Paquet «neutre», vapotage, cigarette en voiture: la France muscle la lutte anti-tabac
•La France va adopter le paquet de cigarettes "neutre", déjà ...© 2014 AFP
La France va adopter le paquet de cigarettes «neutre», déjà expérimenté en Australie, interdire la cigarette électronique dans certains lieux publics et même le tabac dans les voitures transportant des enfants, un nouvel arsenal anti-tabac qui suscite déjà la colère des cigarettiers.
«J'ai choisi mon camp, celui de la santé publique... C'est un moment important de la lutte contre le tabac», a souligné jeudi la ministre de la Santé, Marisol Touraine, en présentant ce plan, souhaité par le Président de la République.
Une de ses ambitions est de cibler le tabagisme des jeunes alors que la France fait toujours figure de mauvais élève en Europe pour la consommation de tabac par les moins de 16 ans.
Pour les rendre moins attractifs, les paquets de cigarettes seront donc à l'avenir standardisés et auront la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie. Toutefois, ces paquets ne seront pas totalement «neutres» car la marque continuera d'apparaître. Mais elle sera limitée «à une inscription de taille définie et très discrète», précise le ministère.
L'Australie est le seul pays à avoir pour l'instant mis en place le paquet «neutre».
L'Angleterre et l'Irlande ont également annoncé dernièrement leur intention d'adopter prochainement une disposition similaire, a rappelé le ministère de la Santé.
Pour limiter l'exposition des enfants au tabagisme passif et «débanaliser» la consommation de cigarettes à leurs yeux, il sera à l'avenir interdit de fumer dans les espaces publics de jeux pour enfants et, chose plus inédite, dans les voitures transportant des mineurs de moins 12 ans. Une mesure qui pourrait susciter des incompréhensions dans le public.
La sanction sera une amende, «la même que celle encourue lorsqu'on fume dans un lieu public», a précisé la ministre.
- Menace de procès -
Quant à la cigarette électronique, qui connaît un engouement spectaculaire depuis deux ans, le plan anti-tabac prévoit qu'elle sera interdite dans certains lieux publics : il s'agit des établissements accueillant des mineurs (comme les écoles), des transports collectifs et de tous les espaces clos collectifs de travail.
La publicité pour les e-cigarettes sera limitée, puis interdite définitivement le 20 mai 2016, conformément à une directive européenne qui prévoit déjà d'accroître la taille des avertissements sanitaires sur les paquets, avec des images chocs et des slogans couvrant 65% de leur surface.
Grâce à ces mesures, intégrées dans le projet de loi santé qui doit être présenté cet automne, le ministère de la Santé espère faire baisser le nombre de fumeurs, 13 millions actuellement, d'environ 10% en 5 ans.
«Dans moins de 20 ans, nous voulons que les enfants qui naissent aujourd'hui soient la première génération de non fumeurs», indique le ministère, qui rappelle que le tabac tue 73.000 personnes chaque année en France, soit l'«équivalent d'un crash d'avion de ligne par jour avec 200 passagers à bord».
Ces annonces ont suscité la colère des buralistes et des fabricants.
«Je suis scandalisé, catastrophé, c'est une douche froide», avait déclaré le président de la Confédération des buralistes Pascal Montredon après avoir été reçu mercredi par la ministre.
Le paquet «neutre» «est une annonce complètement incompréhensible car elle se calque sur l'expérience australienne qui, plus qu'un échec, est un véritable fiasco», assure de son côté Céline Audibert, porte-parole du groupe français Seita, filiale du cigarettier Imperial Tobacco.
Les cigarettiers brandissent la menace de procès qui pourraient coûter cher à la France.
«C'est certain, il y aura des litiges car il s'agit d'expropriation du droit de propriété intellectuelle; les logos, les marques ont une valeur et si on les enlèvent, il doit y avoir une compensation financière, qui peut être potentiellement très élevée», explique une source proche des fabricants.
Les ventes de cigarettes (en volume) ont reculé de 8,6% en août 2014 sur 12 mois et celles de tabac à rouler de 4,2%, selon les derniers chiffres de l'Observatoire français des drogues et toxicomanie (OFDT).