Apprentissage: Hollande donne un coup d'accélérateur
Pour donner un coup d'accélérateur à l'apprentissage et sauver ...© 2014 AFP
Pour donner un coup d'accélérateur à l'apprentissage et sauver la rentrée 2014, François Hollande a fait un nouveau geste vendredi en faveur des employeurs d'apprentis en élargissant les conditions d'accès de la toute récente prime, annoncée en juillet.
«Nous sommes à la veille d'une rentrée où nous devons convaincre encore davantage les entreprises pour qu'elles accueillent des apprentis», a déclaré le chef de l'Etat dans son discours de clôture de la journée de mobilisation pour l'apprentissage à l'Hôtel de Marigny, près de l'Elysée.
La rencontre a réuni toute la journée des représentants syndicaux, patronaux, des Régions et des chambres consulaires autour de quatre ministres, François Rebsamen (Travail), Najat Vallaud-Belkacem (Education nationale), Marylise Lebranchu (Fonction publique) et Carole Delga (Commerce et Artisanat).
Pour faire «encore plus simple et encore plus clair», il a concédé un nouveau geste aux employeurs d'apprentis: la nouvelle prime de 1.000 euros destinée aux entreprises qui embauchent un premier apprenti, votée en première lecture à l'Assemblée en juillet, sera élargie à «tout apprenti supplémentaire» et ouverte aux entreprises jusqu'à 250 salariés, contre 50 initialement.
Pour les TPE (moins de 11 salariés), la prime sera donc de 2.000 euros puisqu'elles peuvent prétendre déjà à une prime de 1.000 euros minimum.
Ces mesures «prendront effet dès cette rentrée, dès le 1er septembre», a insisté le président, invitant les jeunes à aller «d'ores et déjà frapper à la porte des entreprises».
Cependant, si ces mesures s'appliqueront «cette année sans condition», elles ne seront «prolongées pour la rentrée 2015 que dans les branches professionnelles où un accord de branche aura été signé d'ici au mois de juin», a-t-il précisé.
En contrepartie, François Hollande a annoncé que l'effort des entreprises pour la formation des jeunes serait «désormais une clause» pour accéder aux marchés publics.
Relevant «la tendance à la baisse» des entrées en apprentissage, qui ont chuté de 8% en 2013, il a appelé à «la mobilisation de tous les acteurs», à commencer par celle de l'Etat.
«L'Etat doit montrer l'exemple», a-t-il estimé, rappelant l'objectif «finalement modeste» de passer de 700 à 10.000 apprentis dans la fonction publique d'Etat «d'ici deux ans».
- «Dans le bon sens» -
Le président a également ouvert la voie à une réforme de la rémunération des apprentis, qui pourrait ne plus être calculée uniquement sur un critère d'âge mais également sur un critère de «qualification». «C'est un changement sur lequel la concertation, la négociation doit déboucher pour la prochaine rentrée», a-t-il assuré.
Accueillie positivement par la CGT, cette proposition a été rejetée par le Medef. «On vient d'établir l'agenda social pour l'année qui vient, ce n'est pas à l'ordre du jour», a dit à la sortie le numéro deux de l'organisation, Jean-François Pilliard.
François Hollande a en outre appelé à «simplifier les procédures administratives, la lourdeur des démarches» auxquelles sont soumis les entreprises et les apprentis. «Dématérialisons ! Allégeons !» a-t-il lancé.
Il a enfin exhorté tous les acteurs à «mieux informer, mieux communiquer, mieux former» afin de vaincre le déficit d'image dont pâtit le dispositif, malgré de bons résultats en termes d'insertion professionnelle.
Le chef de l'Etat a toutefois relativisé l'objectif de 500.000 apprentis en 2017, contre seulement 415.000 en 2013: «Ce qui compte, c'est moins le chiffre lui-même que la qualité de la formation, de l'accompagnement permettant d'accéder à un emploi et à un véritable métier».
Les annonces de François Hollande ont globalement satisfait le patronat. «Le cadre général est posé, les orientations vont dans le bon sens», a estimé M. Pilliard. Il a toutefois jugé que les mesures ne permettraient pas de redresser la barre dès la rentrée 2014.
De son côté, Patrick Liébus, vice-président de l'UPA (artisans), s'est dit «satisfait», se réjouissant de l'élargissement des conditions d'attribution de la nouvelle aide aux entreprises.
Côté syndical, le leader de la CGT, Thierry Lepaon, a parlé d'«un nouvel élan», mais a estimé qu'il restait «des questions à régler, comme par exemple la question du statut de l'apprenti».
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT a, quant à lui, estimé que les mesures allaient «dans le bon sens», saluant «un fort consensus». «Après, ce qui compte beaucoup, a-t-il conclu, c'est la mobilisation des uns et des autres».