Neyret défend les méthodes de la police, à un procès de braqueurs à Lyon

Neyret défend les méthodes de la police, à un procès de braqueurs à Lyon

L'ex-superflic Michel Neyret, mis en examen dans une retentissante ...
L'ancien policier chef de l'antigang à Lyon, Michel Neyret dans une des rues de la ville, le 19 septembre 2014 après avoir été entendu au tribunal
L'ancien policier chef de l'antigang à Lyon, Michel Neyret dans une des rues de la ville, le 19 septembre 2014 après avoir été entendu au tribunal - Jean-Philippe Ksiazek AFP
© 2014 AFP

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L'ex-superflic Michel Neyret, mis en examen dans une retentissante affaire de corruption, a défendu vendredi les méthodes de son ex-service, l'antigang, devant les assises du Rhône où six accusés comparaissent pour le violent braquage d'un bureau de change en 2010.

Mis en cause par des avocats de la défense, qui accusent les services de police d'avoir laissé les malfaiteurs «monter» au braquage pour alourdir les poursuites judiciaires et réaliser «une belle affaire», Michel Neyret, cité comme témoin, a affiché sa sérénité tout en décryptant la «philosophie» policière devant la cour.

«On ignorait totalement leur projet criminel (...) Nous n'avions absolument pas identifié la victime potentielle de ce vol à main armée», a-t-il affirmé à propos des cinq braqueurs et un complice jugés depuis lundi pour leur participation présumée au vol à main armée du bureau de change Global Cash, le 24 septembre 2010 au centre de Lyon.

Cinq ont reconnu leur implication à des degrés divers. Le sixième, sur lequel planent les charges les plus lourdes, clame son innocence.

Filés depuis plusieurs semaines par la brigade de recherches et d'intervention (BRI) dirigée par Michel Neyret, dans le cadre d'un dossier distinct, les malfrats étaient susceptibles d'être interpellés en amont du braquage pour des faits d'association de malfaiteurs, avancent des avocats de la défense.

En particulier Me David Metaxas, qui entretient un rapport complexe avec l'ex-N2 de la PJ lyonnaise, faite de défiance et de respect. Pour lui, un fait aurait dû provoquer l'intervention policière pendant ces semaines de filature: le vol avec violence d'une berline à la frontière franco-suisse dans la nuit du 14 septembre. «Ces victimes-là ne sont pas suffisantes?», a interrogé le défenseur.

«Elles comptent, ça ne passe pas par pertes et profits», lui a répondu celui qui se présente comme retraité de la police nationale.

A la barre, Michel Neyret, 58 ans, a rappelé son but: «éliminer, neutraliser socialement pour une longue durée» les malfaiteurs qu'il a décrits comme «aguerris et plein de sang-froid». «Le fait que cinq personnes répondent du braquage devant la cour d'assises constitue la meilleure réponse que la police et la justice peuvent apporter», a-t-il ajouté.

Dans une salle d'audience remplie de curieux et de journalistes, Michel Neyret, éternels cheveux mi-longs et barbe de trois jours, a par ailleurs balayé la possibilité d'une intervention policière au moment du braquage, face au risque de fusillade meurtrière en plein centre-ville: si cela avait été le cas, les malfaiteurs «prenaient la rue en otage et mettaient en échec la police nationale».

L'ex-commissaire divisionnaire avait déjà déposé comme témoin dans un procès de braqueurs en décembre 2011 à Saint-Etienne. Il était alors placé en détention provisoire à la prison de la Santé à Paris.

Les méthodes à l'ancienne de l'ex-superflic, longtemps célébrées, ont été contestées puis décriées après sa mise en examen pour corruption, trafic d'influence, association de malfaiteurs ou encore trafic de stupéfiants, et ses huit mois de détention provisoire.

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