Le réquisitoire de Duflot contre Hollande agite l'université d'été écolo
•Le livre au vitriol de l'ancienne ministre Europe Ecologie-Les Verts Cécile Duflot contre François Hollande secoue les journées d'été du mouvement à Bordeaux, les premières depuis que les écologistes ont décidé de quitter le gouvernement.© 2014 AFP
Le livre au vitriol de l'ancienne ministre Europe Ecologie-Les Verts Cécile Duflot contre François Hollande secoue les journées d'été du mouvement à Bordeaux, les premières depuis que les écologistes ont décidé de quitter le gouvernement.
L'ancienne patronne du parti s'est défendue devant la presse: c'est «mon devoir de sincérité, peut-être que certains n'ont pas l'habitude en politique».
Dans son ouvrage au titre sans appel - «De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion» - elle s'attaque violemment au chef de l'Etat socialiste, dont elle dénonce notamment le caractère indécis: «A force d’avoir voulu être le président de tous, il n’a su être le président de personne».
«Ce n'est pas des petites phrases, c'est un bilan», a assuré l'ancienne ministre du Logement, qui ajoute ne pas s'épargner elle-même dans ce livre à paraître le 25 août.
«Je n'ai jamais été celle qui choisit le confort», assène encore la députée de Paris, ajoutant que le «petit cercle des commentaires ne (l)'a jamais accablée, ni dérangée».
Quelques instant plus tôt, Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'EELV tentait d'éteindre l'incendie en appelant à «élever le débat».
La patronne des écolos a jugé «bien» qu'elle ait publié ce livre, «c'est un bon retour d'expérience», a-t-elle déclaré à la presse. «Ce que les Français attendent des écologistes ce sont des réponses concrètes», a-t-elle dit, «c'est là dessus que je veux que nous nous attelions».
Ecrit dans le plus grand secret avec la journaliste Cécile Amar, le livre de Cécile Duflot a fait l'effet d'un pavé dans la marre en pleine rentrée politique.
- «Une stratégie interne» -
Au sein d'un parti divisé depuis que les écologistes ont refusé de participer au gouvernement de Manuel Valls, Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes, a déploré sur BFMTV un «jugement extrêmement sévère» contre le président, ajoutant qu'il faut «évite(r) les stigmatisations, les procès d'intention» pour «aller vers l'unité».
«La loi sur l'énergie, pour nous c'est ça le gros sujet de la rentrée», a lancé pour sa part François de Rugy, coprésident du groupe EELV à l'Assemblée nationale. S'il n'a pas encore lu le livre, il espère cependant y trouver les explications «du choix d'abord personnel d'avoir quitté le gouvernement».
Luc Carvounas, secrétaire national aux relations extérieures du PS, présent à Bordeaux a jugé auprès de l'AFP que le livre de Cécile Duflot «ne s'adresse pas aux Français, c'est une stratégie interne au parti à vouloir avoir une ligne majoritaire».
Le socialiste parle d'«une faute politique dans le contexte actuel», «à un mois des élections sénatoriales où chacun sait qu'il sera compliqué de garder cette chambre haute à gauche».
- Journées d'été jusqu'à samedi -
Et le responsable socialiste de rappeler «l'accord de novembre 2011 qui a permis aux écologistes d'obtenir deux groupes parlementaires».
Au sein même du gouvernement le livre a provoqué quelques réactions. Pour la ministre du Commerce extérieur Fleur Pellerin, «on peut être déçu, avoir des reproches à faire» mais «les exposer à des fins politiques à un moment où il va y avoir à nouveau des échéances électorales, je trouve que c'est assez peu élégant».
«C'est un manque de considération envers la fonction de ministre qu’elle a exercée», a taclé la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, «c’est un manque de considération envers ses collègues du gouvernement» et «un manque de considération envers les Français eux-mêmes, elle qui prétend les réconcilier avec la politique».
Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui fête aussi les quarante ans de l'écologie politique, tient ses journées d'été jusqu'à samedi.