«Tu veux de l'argent, va en Belgique dans une vitrine»

«Tu veux de l'argent, va en Belgique dans une vitrine»

Aujourd'hui, Julie a 35 ans, deux enfants « adorables » et un mari. Sur un forum Internet consacré à la prostitution, elle explique qu'elle s'est « prostituée de 20 à 27 ans », alors qu'elle était étudiante en école vétérinaire. En fin de première an...
©2006 20 minutes

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Aujourd'hui, Julie a 35 ans, deux enfants « adorables » et un mari. Sur un forum Internet consacré à la prostitution, elle explique qu'elle s'est « prostituée de 20 à 27 ans », alors qu'elle était étudiante en école vétérinaire. En fin de première année, elle recherchait un petit boulot pendant les vacances d'été « pour rembourser » ses dettes. « Un ami m'a dit, en plaisantant : “tu veux gagner de l'argent, va en Belgique dans une vitrine et tu te prostitues”. Il m'a dit qu'il connaissait quelqu'un pour m'introduire dans le milieu », écrit-elle. Deux jours plus tard, elle se retrouvait dans une vitrine de Bruxelles, où elle s'est prostituée pendant deux mois.

« C'était des passes à la chaîne, douze heures par jour, six jours sur sept. Mais j'étais heureuse malgré tout, en voyant mon pactole grossir et en me disant que c'était pour deux mois seulement et que l'an prochain, je ne m'y remettrais pas. »

Pourtant, Julie recommencera l'été suivant, et pendant cinq autres années encore, à chaque fois en Belgique. Jusqu'à la fin de ses études, elle connaîtra la prostitution dans des salons de massage à Liège et les agences d'escort girls. « Mon diplôme de vétérinaire en poche, j'ai complètement arrêté la prostitution. Avec le recul, je ne regrette rien. Même si pour travailler dans des conditions acceptables, il a fallu que j'aille en Belgique où le statut de travailleuse du sexe est reconnu », explique-t-elle aujourd'hui.

Travailler dans des salons de massage ou des bars à hôtesses est le meilleur moyen d'éviter la rue et les proxénètes. Et sans racolage, la police passe le plus souvent à côté de cette prostitution. Avec Internet, l'offre de jeunes étudiantes a très fortement augmenté. Webcams, photos, petites annonces, séances de strip-tease, les possibilités sont grandes. De plus en plus de sites de rencontres proposent aussi une forme de prostitution déguisée. Des jeunes filles y passent des annonces, se disant étudiantes et à la recherche d'« une expérience avec un homme ». Jamais on n'y parle d'argent, jamais on n'y évoque le mot prostitution. Sauf que pour entrer en contact avec l'une d'entre elles, il faut passer par un site de paiement en ligne.

B. B.