Affaire Bettencourt: Courbit mis en examen pour escroquerie et abus de faiblesse

Affaire Bettencourt: Courbit mis en examen pour escroquerie et abus de faiblesse

Le patron de LOV Group, Stéphane Courbit, a été mis en examen ...
© 2013 AFP

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Le patron de LOV Group, Stéphane Courbit, a été mis en examen mardi pour escroquerie et recel d'abus de faiblesse par le juge Jean-Michel Gentil à Bordeaux, dans le cadre de l'affaire Bettencourt, après deux premières auditions desquelles il était sorti comme simple témoin assisté.

A peine la nouvelle de la mise en examen connue, cependant, l'entourage de M. Courbit a fait savoir que celle-ci, «qui n’a pas à être motivée, repose sur la seule appréciation de M. Gentil et n’est justifiée par aucun élément du dossier». «En conséquence, a-t-on ajouté, les avocats de Stéphane Courbit forment immédiatement une requête en nullité contre cette mise en examen». La mise en examen ne changera rien à la gestion par M. Courbit de sa société, a-t-on précisé.

C'était la troisième fois depuis le 10 janvier que l'entrepreneur, âgé de 47 ans, se rendait à Bordeaux, d'abord pour une première audition, ensuite pour une confrontation, ressortant à chaque fois sous le statut de «témoin assisté», à mi-chemin entre celui de simple témoin et celui de mis en examen.

La semaine dernière, le juge avait requalifié en «escroquerie aggravée» les faits qu'il reproche à l'intermédiaire dans cette affaire, Me Pascal Wilhelm, ex-gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, précédemment mis en examen pour «complicité d'abus de confiance aggravé».

Il est reproché aux deux hommes d'avoir fait investir à Mme Bettencourt un total de 143,5 millions d'euros dans LOV Group, qui détient les participations de M. Courbit -- connu au début de sa carrière comme homme de télévision, ayant importé Loft Story en France -- dans des domaines aussi variés que les jeux en ligne, l'énergie et la production audiovisuelle. Or il était prévu initialement qu'elle n'investisse que la moitié, et elle était en situation de faiblesse psychique au moment des faits.

Il était envisagé qu'elle puisse reprendre son premier apport de 75 millions d'euros, fait le 17 décembre 2010 et équivalant à 10% de LOV Group, au cas où un autre investisseur de même taille, institutionnel, ne se matérialiserait pas.

Le candidat le plus sérieux, AXA Private Equity, n'ayant pas donné suite, Me Wilhelm avait au contraire fait remettre à Mme Bettencourt la même somme ou presque dans l'affaire, au printemps suivant. Elle se retrouve ainsi aujourd'hui à la tête de 20% de LOV Group.

L'escroquerie, qui consiste à faire remettre des fonds à une personne, en la trompant et à son préjudice, est punie de cinq ans de prison et 375.000 euros maximum. Les peines montent à sept ans et 750.000 euros si la victime est en état de faiblesse psychique et que l'auteur de l'escroquerie le sait.

M. Courbit a toujours nié toute malversation dans cette affaire, soulignant que sa société avait déjà eu recours dans le passé à des «family offices» comme les Agnelli ou les Arnault. Tout comme Me Wilhelm, qui s'est toujours dit uniquement soucieux de faire fructifier l'argent de Mme Bettencourt. Il n'est d'ailleurs pas prouvé qu'en fin de compte, elle ait fait une mauvaise affaire.

Mais les juges se demandent à quel point les deux hommes savaient qu'il n'y aurait finalement pas de deuxième investisseur quand l'opération a commencé, et s'ils n'auraient pas dû tout simplement rendre les 75 millions de Mme Bettencourt.

A Me Wilhelm, ils reprochent aussi un conflit d'intérêt, puisqu'il était à la fois le représentant de Mme Bettencourt, l'avocat de M. Courbit et celui de Jean-Marie Messier, l'ancien patron de Vivendi, aujourd'hui à la tête de Messier Partners, la banque conseil qui a évalué LOV Group avant l'investissement.

En avril, entendu par la brigade financière, M. Messier aurait, selon une source proche du dossier, critiqué la manière dont Mme Bettencourt avait été amenée à investir une deuxième fois, estimant qu'en l'absence de l'investisseur institutionnel espéré, le canevas de l'opération aurait dû être refait.