Les emplois d'avenir professeur font école
éducation Vincent Peillon espère susciter des vocationsDelphine bancaud
C'est la solution du gouvernement pour enrayer la crise du recrutement et améliorer la mixité sociale dans l'enseignement. Ce jeudi, le ministre de l'Education, Vincent Peillon et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, iront à Reims (Marne) pour défendre les emplois d'avenir professeur (EAP). Un déplacement en grande pompe pour mettre un coup de projecteur sur cette mesure jugée positivement par la communauté éducative. D'autant que la fronde sur les rythmes scolaires fait rage.
Proposés depuis janvier, ces emplois d'avenir visent à élargir le vivier de candidats aux concours d'enseignants en encourageant les vocations de manière précoce. Car l'urgence est réelle : entre 2011 et 2012, le nombre d'inscrits au Capes (le diplôme qui permet d'enseigner au collège et au lycée) a chuté de près de 30 %. Et 706 postes sont restés vacants faute de candidats. Le déficit est criant dans certaines disciplines (mathématiques, lettres, anglais).
Réservés aux jeunes de moins de 25 ans, les EAP sont ouverts à des étudiants boursiers, en deuxième année de licence minimum, qui s'engagent à passer un concours d'enseignant. Ces derniers effectuent des «tâches périéducatives» à temps partiel dans des établissements pour lesquelles ils sont payés entre 617 et 1 086 €. Pour s'assurer de l'efficacité du dispositif, le ministère a prioritairement affecté les EAP aux zones géographiques et aux disciplines éprouvant des difficultés de recrutement.
2 500 contrats signés
Un dispositif qui semble avoir bien démarré, d'après les chiffres que 20 Minutes s'est procurés : depuis janvier, 2 500 emplois d'avenir professeur auraient été déjà signés et le ministère pense parvenir à 4 000 d'ici à la mi-mars. «L'objectif de 18 000 EAP signés d'ici à 2015 est réalisable. Ce type d'initiative fonctionne bien en période de crise», estime Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa-Education. Si les EAP devraient permettre d'aider les jeunes des milieux modestes à embrasser la carrière d'enseignant, «reste à savoir s'il parviendra bien à se concentrer autour des disciplines les plus déficitaires», met en garde Daniel Robin, secrétaire général du Snes.
Et même s'ils approuvent la mesure, les syndicats estiment qu'elle n'est pas suffisante pour endiguer la crise des vocations. «Il ne faut pas se contenter d'élargir le vivier de candidats aux concours, mais aussi actionner le levier de la rémunération et des conditions de travail», souligne Daniel Robin.