Des milliers de personnes au Carnaval de Dunkerque, entre fête et tradition

Des milliers de personnes au Carnaval de Dunkerque, entre fête et tradition

Au mépris du froid et du vent, des milliers de personnes avec chapeaux à fleurs, parapluies et autres plumeaux ont envahi dimanche Dunkerque (Nord) pour la première journée des "trois joyeuses", point culminant des festivités du carnaval.
© 2013 AFP

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Au mépris du froid et du vent, des milliers de personnes avec chapeaux à fleurs, parapluies et autres plumeaux ont envahi dimanche Dunkerque (Nord) pour la première journée des «trois joyeuses», point culminant des festivités du carnaval.

Florent, 20 ans, a fait les fonds de tiroir de sa grand-mère. Pour sa deuxième participation, le jeune étudiant originaire de Saint-Omer (Pas-de-Calais) a pris le pli de la tradition et arbore une belle veste de marin.

Parmi ses trois amis Alexis, Leo et Alexandre, certains sont habillés en femme, une autre dominante du cortège. «La musique, l'ambiance, la convivialité» les ont fait revenir. Parmi les leçons à retenir de leur première expérience, la patience. «Il ne faut pas commencer trop fort», explique Leo.

Le départ du cortège principal est prévu à 15H00. Mais dès avant midi, on «s'échauffe». «Vite, vite, on va retrouver la bande!», lance Anne-Sophie, deux de ses filles à chaque main. Elle est en bleu des pieds à la tête, la couleur de sa famille de «carnavaleux».

Quatorze ans qu'elle bat les pavés dunkerquois avec son amie Marie-Hélène. «C'est là qu'on s'est connu. Le reste de l'année, on n'a jamais le temps de se voir», s'excuse-t-elle.

Des étudiants chinois, hilares malgré une température proche de zéro et une bise qui rougit les oreilles, traversent le parvis de l'hôtel de ville, quelques heures avant qu'elle ne se remplisse de carnavaleux avides de récolter un ou deux harengs lancés du haut du balcon.

«C'est notre façon de fêter le nouvel an chinois», sourit Zhihui. Étudiante en affaires internationales, c'est la deuxième fois qu'elle vient au carnaval. «C'est sympa. Chacun devient... fou», note son ami Zhenghua.

Un homme élancé s'approche du groupe, maquillage mat et perruque noire bouclée et gominée, Mexicain en fourrure, textile indispensable du carnavaleux. «Vous n'êtes pas déguisés?», s'inquiète Mortimer, 34 ans, Dunkerquois de naissance.

Aucune hostilité de sa part. «Je trouve juste dommage que les gens qu'ils connaissent ici ne les poussent pas à participer plus». Il pratique le carnaval depuis qu'il est né. «Au début tu le fais pour faire l'idiot, ensuite tu le fais pour boire, et puis après tu comprends l'aspect plus cérémonial du truc», souligne Mortimer.

Son rituel? «L'Européen, le Poisson Rouge...», il énumère les établissements qui tiennent lieu de «chapelles» --halte chez des amis ou dans un bar qui pourvoient en bière ou soupe à l'oignon. «Et puis on rejoint la bande», le cortège qui danse au son du fifre et du tambour. Il a changé de déguisement parce qu'il en avait «marre de s'habiller en femme». Mais il y a ceux «qui ne lavent pas leur clet'che (déguisement - ndlr) d'une année sur l'autre».

Après 19 ans de carnaval, Pierre, 50 ans, améliore son déguisement un peu chaque année. «Je rentre toujours dans ma jupe!», rigole-t-il. Le chapeau à fleurs et à babioles, faits main. Le boa jaune. Les petits élastiques cousus sur la fourrure noire. Le plus important pour lui et son ami Philippe, originaires du Dunkerquois, c'est «le respect». «Des choses, des gens. A partir de là, on peut faire la bringue, on peut faire les fous».

L'année dernière, ils ont appris à des Parisiens «un peu perdus» les règles du carnaval: «Le carnaval c'est la bande. La bande c'est la musique. La musique, c'est la règle».

Quelques minutes après 17H00, les milliers de carnavaleux attendent avec impatience le traditionnel jet de harengs. Les plumes volent, dans la joyeuse mêlée qui s'est formée.

Après une petite pause, les plus résistants rendront encore hommage au corsaire Jean Bart, héros local au centre du «rigodon» final, avant un dernier bal dit «des Acharnés».

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