Le renseignement militaire fête ses 20 ans
D'Afghanistan au Sahel, la Direction du renseignement militaire (DRM), qui fête ses 20 ans jeudi lors d'une prise d'armes à Paris, orchestre le renseignement opérationnel au profit des armées françaises.© 2012 AFP
D'Afghanistan au Sahel, la Direction du renseignement militaire (DRM), qui fête ses 20 ans jeudi lors d'une prise d'armes à Paris, orchestre le renseignement opérationnel au profit des armées françaises.
En toute discrétion, la DRM peaufine le volet renseignement indispensable au soutien logistique que doit apporter la France à l'intervention militaire africaine en préparation pour tenter de déloger les groupes islamistes armés du nord du Mali.
En 2011, elle avait été très active (écoutes, observation) au-dessus et au large de la Libye, dans le cadre de l'opération aérienne internationale d'aide à la rébellion contre le régime de Mouammar Kadhafi.
Sa création en juin 1992 a été voulue par le ministre socialiste de la Défense Pierre Joxe (1991-1993), dans le cadre de sa politique de refondation de la planification et de la conduite des opérations militaires.
La DRM a alors amalgamé les services de renseignement des trois armées pour devenir "la tête de chaîne" du renseignement militaire français, un "prestataire" au profit de l'état-major des armées.
Vingt ans plus tard, le service compte 1.700 hommes et femmes pour un budget de 160 millions d'euros.
Pierre Joxe avait alors également créé le Centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), l'état-major de planification opérationnelle et le Commandement des opérations spéciales (COS, forces spéciales).
En créant la DRM, il voulait tirer les enseignements de la guerre du Golfe "qui avait révélé nos lacunes en renseignement --chaque armée (terre, air, marine) possédant alors son propre service-- et notre très grande dépendance vis-à-vis de nos alliés, notamment en imagerie satellitaire", rappelle à l'AFP le général Michel Masson, qui l'a dirigée de 2005 à 2008.
Pour Eric Denécé, directeur du Centre français de recherches sur le renseignement (CF2R), la création de la DRM, "constitue l'un des rares exemples positifs de la réforme du renseignement français depuis des années, même si elle reste sous-dimensionnée".
Sous l'autorité directe du chef d'état-major des armées (Cema), qui "assure la direction générale de la recherche et de l'exploitation du renseignement militaire", la DRM est "avant tout un outil militaire", explique le général Masson. "Depuis la chute du Mur de Berlin (1989), l'éventail des missions des armées françaises s'est considérablement élargi, allant des missions d'interposition et de maintien de la paix (Bosnie) à l'intervention aérienne de vive force en Libye", souligne-t-il.
Outre les caractéristiques militaires de leurs adversaires ou plus généralement des forces en présence, les armées françaises ont donc besoin de "connaître précisément l'environnement dans lequel elles vont s'engager".
Du coup, la DRM s'intéresse non seulement aux capacités, à l'organisation et à la crédibilité militaire des armées étrangères mais aussi à "toutes les autres entités combattantes" (Hezbollah, Taliban, ...), poursuit-il.
Elle peut se voir confier par le Cema le contrôle opérationnel d'unités selon le type d'opérations engagées : 13ème régiment de dragons parachutistes, Transall Gabriel (interceptions d'écoutes et de signaux électroniques), satellites Helios (capacités optiques dans le visible et infrarouges) et Pléiades, ou navire de recherches électromagnétiques Dupuy-de-Lôme, partagé avec la DGSE, le service de renseignement extérieur de la France.