En images : La saison galère de l’OM, plongé dans une crise dont il a le secret
Football•En proie à l’instabilité et à des résultats en berne, l’Olympique de Marseille vit une saison cauchemardesqueMamadou-Oury Diallo
Déjà mal embarquée après une première crise en septembre, marquée par de vives tensions entre la direction du club et certains groupes de supporteurs, la saison de l’Olympique de Marseille s’est encore davantage enracinée dans le marasme ces dernières semaines.
Sur une dynamique indigne d’un prétendant sérieux à l’Europe depuis le début de l’année – une seule victoire en Coupe de France, contre les amateurs de Thionville (N3) – l’OM a touché un peu plus le fond en s’inclinant à Brest (1-0) dimanche. Une défaite aux conséquences irréversibles pour Gennaro Gattuso, limogé et remplacé par Jean-Louis Gasset.
Ce dernier sera le quatrième entraîneur à occuper le banc du club cette saison. Avec une mission : sauver ce qui peut encore l’être alors que l’OM pointe à la neuvième place de Ligue 1, avec neuf points de retard sur le podium. Retour en images sur cette saison galère des Phocéens.
Alors qu’elle n’avait encore même pas commencé, la saison de l’OM a pris du plomb dans l’aile dès le mois d’août. En troisième tour préliminaire de la Ligue des champions, les Marseillais ont été éliminés par les Grecs du Panathinaïkos. Pourtant, la qualif était à portée de main. L’OM, qui s’était incliné (1-0) à l’aller, avait remonté son retard grâce à un doublé de Pierre-Emerick Aubameyang, avant de concéder l’égalisation en toute fin de match (2-1) puis l’élimination aux tirs au but (5-3). Une désillusion qui a touché d’entrée le moral de l’équipe.
En Ligue 1, les débuts sont loin d’être rassurants. Après une victoire poussive lors de la première journée contre Reims (2-1), à domicile, Marseille a connu son premier accroc face au promu FC Metz (2-2), malgré une supériorité numérique pendant une bonne partie de la deuxième mi-temps (expulsion du Messin Aboubacar Lô à la 59e).
Relativement calme, la tension monte d’un cran au Vélodrome le 17 septembre 2023 après le match nul insipide contre Toulouse (0-0). Exaspérés par l’attitude des joueurs et le contenu proposé, les supporteurs expriment leur mécontentement en scandant : « Mouille le maillot ou casse-toi ». Des mots accompagnés par une bronca et des sifflets.
Le lendemain du match, le Directoire du club reçoit les représentants des associations de supporteurs, dans la soirée, au Centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus. La réunion est très houleuse. Les supporteurs réclament la démission des dirigeants. « La menace d’une 'guerre' (sic) à leur égard a été émise, tant qu’ils ne démissionneraient pas, affirme l’OM dans un communiqué. Le Directoire de l’OM ne peut accepter les menaces personnelles. Ses membres ne peuvent tolérer des attaques individuelles et toute forme de diffamation publique infondée. »
Face à la situation, le président Pablo Longoria et les autres membres de la direction – Javier Ribalta, Pedro Iriondo et Stéphane Tessier – décident de se mettre en retrait, sans toutefois démissionner. Ce que fera de son côté, Marcelino, qui quitte le club suite à cet épisode.
Jacques Abardonado, un des adjoints emblématiques de l’OM, prend provisoirement sa place. Il dirige son premier match face à l’Ajax Amsterdam, en Europa Ligue. Il réussit à ramener le point du nul de ce déplacement (3-3).
Mais le second match, face au Paris Saint-Germain ne se passe pas aussi bien. Clairement en dessous dans ce Classique à sens unique au Parc des Princes, les Marseillais ramassent un cinglant 4-0.
Derrière, la direction officialise l’arrivée de Gennaro Gattuso. Quelques jours avant, l’Italien était annoncé avec insistance du côté de l’Olympique Lyonnais. Après des débuts contrastés, il parvient à redresser la barre au mois de décembre, en enchaînant quatre victoires en Ligue 1 (contre Rennes, Lyon, Lorient et Clermont). Mais l’embellie ne va pas durer.
En cause : une expression collective et un style de jeu assez ternes, mais surtout des individualités pas au niveau, à l’image d’un homme : Vitinha. Recruté pour 32 millions d’euros (bonus inclus) en provenance de Braga, le Portugais, attendu comme le « grantatakan » de l’OM, a finalement été un flop. Après avoir collectionné plus les ratés que les buts – six buts en 42 matchs depuis son arrivée en janvier 2023 – à l’image de son match face à l’AS Monaco le 27 janvier dernier, le joueur est poussé vers la sortie. Le club lui trouvera un point de chute, au Genoa (Serie A), juste avant la fin du mercato d’hiver.
Lors de ce match face à l’AS Monaco au Vélodrome, les supporteurs ont encore exprimé leur ras-le-bol alors que le club végète dans le ventre mou de Ligue 1. Ils ont déployé une banderole à destination de l’état-major du club phocéen. « Propriétaire, Direction : Y a-t-il encore un projet à l’OM ? ».
Sur le terrain, ça ne s’arrange pas non plus avec une nouvelle contre-performance à domicile face Strasbourg (1-1). Pourtant devant pendant tout le match avec l’ouverture du score de Samuel Gigot (3e), l’OM, qui a arrêté de jouer, s’est fait punir en toute fin de match avec une égalisation dans le temps additionnel (90+2).
En coulisse, les choses s’enveniment aussi avec l’affaire Jonathan Clauss. Alors qu’il est le joueur le plus utilisé de l’effectif, et sûrement pas le moins performant, le latéral droit est, selon plusieurs sources, mis sur le marché dans la dernière ligne droite du mercato d’hiver. En cause : on le soupçonne de s’économiser, d’exagérer des blessures pour arriver au point physiquement à l’Euro 2024 avec l’équipe de France. Malgré tout, le joueur de 31 ans, envoyé souvent sur le banc, est resté au club.
Une polémique que le nouveau conseiller sportif de l’OM Medhi Benatia a attisée en dézinguant l’ancien lensois dans les médias. « Quand je suis arrivé au club en novembre, on m’a mis en garde sur deux-trois joueurs dont le comportement était parfois un peu limite. Jonathan faisait partie de ces joueurs et avait été reçu plusieurs fois dans le bureau du coach [Gennaro Gattuso] pour lui expliquer ce qu’on attendait de lui dans l’attitude », a tancé le Marocain juste avant le match contre Brest. Une sortie médiatique symbolique d’un club qui fonctionne à l’envers.
Et face aux Brestois, les Marseillais ont étalé, avec une inventivité insoupçonnée, leur insuffisance. A dix contre onze, ils ont été logiquement défaits par une équipe au niveau d’engagement et d’implication bien supérieur.
Une énième défaite, celle de trop pour Gennaro Gattuso, qui sera donc débarqué le lendemain. Désormais, les clés du navire olympien sont entre les mains de Jean-Louis Gasset, qui sort pourtant d’une expérience loin d’être concluante avec la Côte d’Ivoire.