En images : spectacle, frissons, émotions… Retour sur « la plus belle CAN de l’histoire »
Football•La Coupe d'Afrique des Nations 2024 s’est clôturée dimanche avec le sacre de la Côte d’Ivoire, pays hôte, face au Nigeria (2-1). Une édition qui aura été marquée par des scénarios renversants et des surprises à foisonMamadou-Oury Diallo
«Cette CAN, c’est juste une campagne de sensibilisation contre les paris sportifs », résumait joliment un twitto sénégalais au sujet de cette 34e édition de Coupe d'Afrique des Nations, qui n’a jamais été aussi spectaculaire et généreuse en surprises. 118 buts ont été inscrits sur les 52 rencontres. Surtout, le tournoi s’est révélé impitoyable pour plusieurs grosses cylindrées du continent : l’Algérie, la Tunisie, le Ghana ont plié bagage dès le premier tour, alors que le Sénégal, tenant du titre, l’Egypte, finaliste, le Maroc, qui avait enchanté au dernier Mondial, et le Cameroun, également présent au Qatar, se sont vautrés dès les 8es de finales.
Humiliée par la Guinée équatoriale (4-0) et au bord de l’élimination en phase de poules avec ses deux défaites, la Côte d’Ivoire est finalement passée par un trou de souris en terminant parmi les meilleurs troisièmes à la faveur d’une victoire du Maroc. Une qualification inespérée et une seconde chance formidablement saisie par les Éléphants, qui sont allés au bout de leur rêve en décrochant leur troisième étoile à domicile sous la conduite d’Emerse Faé, installé au poste de numéro 1 après la démission de Jean-Louis Gasset. On revient en image sur cette CAN 2024, qualifiée par beaucoup comme la « plus belle de l’histoire ».
Avant le début de la compétition, les organisateurs avaient lancé une promesse qui semblait difficile à tenir : aucun match ne devait se dérouler devant des tribunes vides. Alors que le stade pour le match d’ouverture n’était qu’aux deux tiers plein, le Premier ministre Robert Beugré Mambé avait assuré dans la foulée prendre des mesures pour y remédier.
Si l’accès à la billetterie physique est resté chaotique pendant toute la compétition, très vite, à quelques rares exceptions près, les stades ont affiché de belles affluences, y compris au 1er tour, durant lequel les matchs de la CAN peinent habituellement à attirer les foules.
Les supporteurs ivoiriens, devant la télé, n’en croient pas leurs yeux. Pourtant annoncée favorite, leur équipe vient de sombrer à domicile, terrassée par la Guinée équatoriale 4-0 lors de la dernière journée de la phase de groupes. Une véritable humiliation qui condamne les Éléphants à la troisième place du groupe avec comme conséquence d’attendre fébrilement les résultats des autres équipes pour espérer la qualification.
Après la rencontre, quelques supporteurs mécontents ont dégradé des bus sur la route menant du stade d’Ebimpé à la ville d’Abidjan, avant un retour au calme après usage de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre.
Alors que son équipe n’était pas encore officiellement éliminée malgré un parcours plus que chaotique (une victoire, deux défaites dont une humiliation contre la Guinée équatoriale, et trois points au compteur), qui plus est à domicile, Jean-Louis Gasset a décidé de rendre le tablier le soir même de la débâcle face aux Equato-Guinéens (4-0).
L’ancien bras droit de Laurent Blanc est remplacé par l’un de ses adjoints, le local de l’étape Emerse Faé, après le refus de la Fédération française de football (FFF) de prêter Hervé Renard.
Ce fut une des belles histoires de cette CAN 2024. Emmené par son capitaine, Emilio Nsue, meilleur buteur de la compétition (5 buts) bien qu’il évolue en troisième division espagnole, la Guinée équatoriale a impressionné lors de la phase de groupe, terminant leader de la poule A devant le Nigeria et la Côte d’Ivoire. Mais la belle aventure a été brusquement stoppée par la Guinée (1-0), en huitième de finale.
Le ciel est à nouveau tombé sur l’Algérie de Djamel Belmadi, encore éliminée au premier tour de la Coupe d’Afrique, par la Mauritanie (1-0), alors qu’un nul suffisait à leur bonheur. Comme en 2022, les Fennecs ont vécu une campagne cauchemardesque, avec aucune victoire (deux nuls et une défaite).
A l’image de l’Algérie, le Ghana s’est aussi écroulé dès le premier tour. Les Black Stars avaient pourtant toutes les cartes en main pour passer au tour suivant. Ils ont en effet compter deux buts d’avance jusqu’à la 90e minute contre le Mozambique lors de la dernière journée des poules, avant de se faire rattraper (2-2). Une cuisante déception pour André Ayew et ses coéquipiers.
La supportrice sud-africaine Joyce Chauke, également connue sous le nom de Mama Joy, a été témoin de la belle épopée de la sélection sud-africaine, qui a retrouvé le dernier carré de la Coupe d'Afrique des Nations pour la première fois depuis vingt-quatre ans.
Les supporteurs sénégalais ont aussi donné de la voix pour pousser Sadio Mané et ses coéquipiers vers un deuxième sacre consécutif en Coupe d'Afrique des Nations. Mais le rêve, après un premier tour pourtant impressionnant, s’est évanoui en 8es de finales face à la Côte d’Ivoire.
Symbole de cette résurrection ivoirienne, Emerse Faé, malgré son statut de novice sur un banc, a parfaitement redressé la Côte d’Ivoire. Le jeune technicien de 40 ans a notamment relancé les cadres comme Max Alain Gradel, qui n’avait disputé aucun des trois premiers matchs du tournoi.
Après leur premier tour complètement raté, les Ivoiriens se sont donc rebiffés en s’offrant le scalp du tenant du titre sénégalais (1-1, 5 t.a.b. à 4) dès les 8e de finale de la CAN. Un succès qui lance le formidable parcours des Éléphants, qui enchaînent ensuite en quart de finale, en dominant le Mali (2-1), au terme d’un match renversant alors qu’ils étaient réduits à 10 dès la 45e minute.
Le rêve de sacre de Mohamed Salah s’est de nouveau envolé. Le Pharaon, qui a tout gagné en club, a été obligé de laisser ses coéquipiers en raison d’une blessure aux ischio-jambiers contre le Ghana (2-2). C'est depuis Liverpool, où il est rentré pour se soigner qu’il a assisté impuissant à l’élimination des siens en 8es de finales face à la RDC (1-1, 8 t.a.b. à 7).
Une performance historique. C’est ce qu’a accompli le gardien de l’Afrique du Sud Ronwen Williams lors des quarts de finale contre le Cap Vert. Le portier des Mamelodi Sundowns a propulsé à lui tout seul les Bafana Bafana dans le dernier carré en réalisant, au cours de la séance des tirs au but, quatre arrêts sur les cinq. Aucun gardien n’avait réussi pareille prouesse dans une grande compétition.
Considéré comme l’un des favoris au sacre après son parcours historique à la dernière Coupe du monde, le Maroc s’est encore prématurément cassé les dents en phase en élimination directe. Au terme d’une rencontre qu’ils ont pourtant dominé, les Lions de l’Atlas ont été punis par le réalisme froid des Sud-africains (2-0), en 8es de finale. Achraf Hakimi a notamment raté une balle d’égalisation sur penalty en fin de match (85e). La disette de 48 ans sans titre continental continue pour le Maroc.
C’est l’une des images fortes de cette CAN 2024. Durant leur hymne national avant la demi-finale contre la Côte d’Ivoire, les joueurs de la RD Congo ont pointé leur doigt sur la tempe et mis leur main sur la bouche pour dénoncer la situation dans l’est du pays, en proie à un conflit armé passé sous silence. Une manière d’interpeller la communauté internationale.
Plein à craquer avec près de 60.000 spectateurs, le stade d’Ebimpé d’Abidjan a déployé un très beau tifo avant le coup d’envoi de la finale. Les supporteurs ivoiriens ont exhibé un géant « Merci Côte d’Ivoire » aux couleurs orange-blanc-vert du pays, accompagné de deux cœurs. Un geste qui a ensuite laissé place à un soutien massif durant tout le match, permettant aux coéquipiers de Serge Aurier de renverser les Nigérians (2-1).
A l’issue de la compétition, la Confédération africaine de football (CAF) a décerné les tableaux d’honneur de la compétition. Le titre du meilleur joueur est revenu au capitaine et défenseur du Nigeria William Troost-Ekong, déterminant dans le parcours des Super Eagles (trois buts, dont deux dans les phases à élimination directe). Emilio Nsue, a lui hérité du titre honorifique de meilleur buteur (cinq réalisations), alors que Ronwen Williams a été élu meilleur gardien.
Dans le ciel d’Abidjan, en cette nuit du 11 février qui restera sans doute gravée dans l’histoire du football ivoirien, Max-Alain Gradel et ses coéquipiers ont soulevé la troisième CAN de l’histoire des Éléphants. Une consécration au terme d’un parcours cabossé, semé d’embûche, mais finalement conclu de la plus belle des manières.