Gironde : A 17 ans, il livrait des colis par drone à des détenus
trafic aérien•Un demi-frère et deux compagnes de détenus ont été interpellés mardi pour a livraison de stupéfiants, de téléphones et d’alcool par drones dans plusieurs prisons de la Nouvelle-AquitaineE.P.
L'essentiel
- L’enquête lancée par le parquet de Bordeaux sur les livraisons illégales par drone à la prison de Gradignan a abouti à la garde à vue d’un mineur et de deux compagnes de détenus.
- Les perquisitions menées dans cette affaire ont permis la saisie de trois drones, de stupéfiants et de plusieurs milliers d’euros en liquide.
- Les personnes impliquées dans ce trafic ont toutes été déférées ce vendredi et vont être jugées en comparution immédiate, hormis le mineur qui sera présenté à un tribunal pour enfants.
Le parquet de Bordeaux avait décidé de sévir, début septembre, contre les livraisons illicites de colis par drone, contenant stupéfiants, téléphones ou alcool destinés aux détenus du centre pénitentiaire de Gradignan (Gironde) qui s’étaient multipliés ces derniers temps. Le 5 septembre, un colis contenant 93 grammes de cannabis avait par exemple été découvert par le personnel sur le toit et, deux jours après, un iPhone et de la résine et de l’herbe de cannabis avaient été saisis. Le 22 septembre un drone a aussi été retrouvé sur un toit et des survols de la prison ont été repérés à plusieurs reprises fin octobre.
D’autres prisons étaient « livrées »
L’enquête menée par la direction départementale de la sécurité publique a abouti à l’arrestation le 21 novembre d’un pilote de drone âgé de 17 ans, demi-frère d’un détenu, et de deux compagnes de détenus, âgées de 23 et 31 ans, qui participaient également aux envois. Les deux détenus auxquels ces livraisons profitaient principalement purgeaient « une peine de trois ans d’emprisonnement prononcée pour des faits de trafic de produits stupéfiants dans des dossiers distincts », précise la procureure de la République Frédérique Porterie, dans un communiqué ce vendredi.
Sans rentrer dans les détails, le parquet met en avant des « techniques d’enquêtes sophistiquées permettant de détecter les objets volants sur un rayon de 30 km » qui ont permis d’identifier une vingtaine de vols de drone au-dessus du centre pénitentiaire entre août et septembre 2023 et « d’en identifier les " home point " réguliers. » L’enquête va montrer que les deux majeures transportaient le mineur pour qu’il opère non seulement près de la prison de Gradignan mais aussi sur d’autres établissements pénitentiaires de la région, à Poitiers, ou Mont-de-Marsan.
Jugés en comparution immédiate
Les perquisitions, ce 21 novembre, chez les trois personnes mises en cause pour ces livraisons ont permis « la découverte et la saisie de trois drones, 834 grammes de cannabis, 1,3 kg d’ecstasy (soit 2.200 comprimés), neuf bonbonnes de cocaïne (soit 100 g), plus de 7.500 euros de numéraire ainsi que tout le nécessaire à l’entretien et la réparation des drones et au conditionnement des colis prêts (fil de pêche, éponges enroulées autour des téléphones, filets de pomme de terre…) », détaille le communiqué. Le jour de la perquisition un colis contenant un téléphone et de la vodka était déjà ficelé et prêt à l’envoi.
Le lendemain, les détenus mis en cause ont été placés à leur tour en garde à vue ainsi que deux autres codétenus. Ils ont tous été présentés à un magistrat ce vendredi, au parquet de Bordeaux. « Les quatre personnes majeures seront jugées en comparution immédiate et le mineur est déféré en vue d’une convocation devant le tribunal pour enfants avec réquisitions de placement sous contrôle judiciaire et mesure éducative judiciaire », conclut le communiqué.