Saint-Brieuc : Le suspect qui a agressé le maire a été hospitalisé en psychiatrie
enquête•Hervé Guihard, le maire de la cité bretonne, avait été blessé à la tête jeudi matin dans un bar de la ville20 Minutes avec AFP
Le suspect qui a agressé Hervé Guihard présente des « troubles psychiatriques importants ». Le maire de Saint-Brieuc avait été blessé à la tête jeudi matin dans un bar de la ville par un homme qui l’a frappé avec le manche d’un couteau avant d’être interpellé et hospitalisé d’office.
Le procureur de Saint-Brieuc Nicolas Heitz a annoncé, au cours d’une conférence de presse, « l’ouverture d’une enquête de flagrance des chefs de tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique, menaces de mort aggravée et rébellion ».
Des faits punis de « la réclusion criminelle à perpétuité », a précisé le magistrat.
L’agression s’est déroulée jeudi peu avant 9 heures, dans le centre-ville de la préfecture des Côtes-d’Armor. Le suspect, un Briochin de 44 ans, s’est d’abord rendu à l’hôtel de ville pour savoir où trouver le maire, avant de faire son entrée au Bistrot de la Poste où l’édile a ses habitudes.
Il s'est jeté sur le maire en le menaçant de le tuer
« Il demandait au serveur où était le maire et lui ordonnait de se préparer car il allait y avoir un attentat », a relaté le procureur.
Hervé Guihard, maire depuis 2020 à la tête d’une équipe municipale de gauche, se trouvait à ce moment-là au fond de l’établissement, en réunion avec sa directrice générale des services.
Repérant puis interpellant le maire sur des « agressions commises en marge de manifestations militantes », le suspect s’est alors jeté sur lui « avec un couteau en main en le menaçant de le tuer à plusieurs reprises », selon le procureur.
Se défendant en plaçant son bras en protection, l’élu a reçu plusieurs coups sur la tête et le visage, notamment avec le manche du couteau.
Alertés, les policiers ont alors fait évacuer le bar et tenté d’entamer un dialogue avec le porteur de l’arme, qui « plaçait le couteau sous sa gorge, menaçant de se suicider », selon le magistrat.
Un médecin qui a jugé son état incompatible avec la garde à vue
Le suspect a finalement été maîtrisé après que les policiers eurent fait usage de leur pistolet à impulsion électrique, une demi-heure environ après le début des faits.
En possession de deux couteaux, l’homme a été examiné par un médecin qui a jugé son état incompatible avec la garde à vue et a préconisé son admission en soins psychiatriques. Le préfet des Côtes-d’Armor a ordonné son hospitalisation complète, pour un mois.
Le maire s’est quant à lui vu prescrire deux jours d’incapacité totale de travail en raison d’un « état de stress psychologique post-agression » et d’un hématome sous-cutané.
Déjà condamné pour violences aggravées sur ascendant
Durant la campagne des élections européennes, le même homme avait déjà perturbé une réunion publique de Raphaël Glucksmann, durant laquelle il avait traité Hervé Guihard « de nazi qui ne soutenait pas les antifas ».
Le suspect, qui ne travaille pas et touche une allocation adulte handicapée, a déjà été condamné à deux reprises, une première fois en 2012 pour des faits de violences aggravées sur ascendant. Selon le Télégramme, qui a révélé l’information, le suspect avait été interpellé pour une agression au sabre japonais contre ses parents.
L’homme a également été condamné en juillet 2023 pour envoi de messages malveillants par conjoint ou ex-conjoint et outrage à magistrat, selon le procureur.
Toujours suivi dans le cadre de cette dernière condamnation, l’agresseur avait déjà été hospitalisé à deux reprises en 2023, sans son consentement.
Ouverture d’une information judiciaire
Un expert psychiatre devra déterminer s’il était responsable pénalement au moment des faits ou si son discernement était aboli, a précisé le procureur, qui a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire confiée à un juge d’instruction dans les prochains jours.
« Tout mon soutien à Hervé Guihard, un homme génial, un maire extraordinaire, mon ami », a réagi Raphaël Glucksmann sur X.
« S’en prendre à un maire, c’est s’attaquer à la République », a condamné la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, Catherine Vautrin. La maire de Rennes Nathalie Appéré (PS) s’est dite quant à elle « effarée et préoccupée par ce degré de violence décomplexée ».