Nîmes : Pas encore inauguré, le nouveau bureau de police de Pissevin déjà (vraisemblablement) pris pour cible
Trafics•L’enquête devra déterminer si l’incendie est volontaire, mais la coïncidence du lieu et du moment est pour le moins troublanteJérôme Diesnis
L'essentiel
- Ouvert mardi, le poste mutualisé de police nationale et municipale du quartier Pissevin, à Nîmes, a dû fermer ses portes dès le lendemain.
- Un incendie, dont l’enquête devra déterminer s’il est volontaire ou pas, a frappé le local mitoyen, celui d’une boucherie vide depuis plusieurs semaines.
- L’ouverture de ce poste de police au sein du quartier gangrené par les trafiquants de drogue, avait été promise par Gérald Darmanin un an plus tôt, après la mort du petit Fayed, 10 ans, totalement étranger à ces trafics.
Il devait être inauguré le 26 août. Mais au lendemain de son ouverture, le bureau mutualisé des polices nationale et municipale du quartier Pissevin, à Nîmes, est déjà hors service, au moins pour quelques jours. Dans la nuit de mardi à mercredi, un incendie s’est déclaré dans la boucherie mitoyenne au local de police. L’action des pompiers a réussi à éteindre sa propagation, mais les locaux ne peuvent rouvrir en l’état.
Le préfet du Gard, Jérôme Bonet, reste, certes, très prudent sur les causes de ce sinistre. « Il n’est pas possible, à cette heure, de savoir quelles sont les causes précises de cet incendie, et donc de savoir si cet incendie est volontaire ou accidentel », a-t-il précisé lors d’une conférence de presse sur le site.
Mais la coïncidence est pour le moins surprenante, alors que le local concomitant de la boucherie est vide depuis plusieurs semaines. « Nous avons des interrogations quant à la concordance de cet incendie avec l’ouverture de ce poste commun », reconnaît Richard Schieven, adjoint au maire à la sécurité à Nîmes, sur France bleu Gard Lozère. « Sachant que le bureau était sécurisé, c’était peut-être moins évident d’y mettre le feu, et plus facile de viser la boucherie », déclare à la radio François-Xavier de Bonneville.
« Si cela relève d’une action volontaire, évidemment c’est une action extrêmement condamnable et qui, en tout état de cause, ne ferait pas reculer l’Etat sur sa volonté d’être présent dans le quartier et d’être présent dans la répression dans ce quartier », prévient Jérôme Bonet.
L’ouverture de ce poste de police, transféré depuis le quartier voisin de Valdegour, avait été annoncée un an plus tôt par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Il faisait suite au décès du petit Fayed, 10 ans, tué par balle alors qu’il se trouvait dans la voiture de son oncle, totalement étranger à la guerre de territoire à laquelle se livrent les trafiquants de drogue dans la préfecture du Gard.
« De fortes saisies » de drogue, d’armes et d’argent liées aux trafics
« Les enquêtes, contrôles et investigations, menées par les enquêteurs nîmois au quotidien, ont conduit par ailleurs en une année à de fortes saisies », rappelle de son côté la procureure de la République de Nîmes, Cécile Gensac. Elle évoque la saisie de « plus de 50 kg de résine de cannabis, de 10 kg de cocaïne, plus de 110.000 euros d’argent, 39 armes à feux et près de 500 munitions. » A compter du mois de septembre, une permanence spécialisée « criminalité organisée » sera par ailleurs effective au sein du parquet de Nîmes « afin de poursuivre encore la montée en puissance de la lutte contre cette criminalité organisée. »