Besançon : Qui est Yona, la militante d’extrême droite qui a brandi une pancarte anti-immigration ?
ultradroite•Originaire de Marseille, la jeune femme de 19 ans se présente sur X comme « porte-parole et militante du collectif Némésis » et « militante pour la France »20 Minutes avec AFP
«Violeurs étrangers dehors » et « Libérez-nous de l’immigration ». Dimanche, deux jeunes femmes du collectif Némésis ont emprunté le tracé du carnaval de Besançon, qui a réuni plus de 20.000 personnes, en brandissant des pancartes associant migrants et violeurs. Une banderole montrant le dessin d’un visage d'une fillette blonde aux yeux bleus, partiellement recouvert de deux mains noires, avait également été suspendue à la façade d’un immeuble.
Une militante d’un groupuscule « féministe identitaire » a été placée en garde à vue mardi pendant plusieurs heures, a indiqué le procureur de la République, Etienne Manteaux. La garde à vue de cette femme de 19 ans « a été levée mardi vers 16h20 afin de poursuivre l’enquête en préliminaire », a précisé le parquet de Besançon.
« Militante pour la France »
Cette étudiante en filière Administration économique et sociale s’était présentée mardi matin sur convocation au commissariat de Besançon, où elle avait été placée en garde à vue. Une autre jeune femme « sera entendue ultérieurement » dans le cadre de la même enquête, a ajouté le parquet.
Sur Facebook, elle indique s’appeler Yona, être née à Marseille et avoir obtenu son bac en juin dernier à Besançon. Sur X, où elle est suivie par plus de 20.000 personnes, elle se présente comme « porte-parole et militante du collectif Némésis » et « militante pour la France ». « Ce qui se passe est intolérable », a-t-elle écrit sur le réseau social en sortant de garde à vue.
Elle intervient dans les médias d’extrême droite comme Radio Courtoisie et a reçu en février « une médaille » des mains du sénateur Reconquête des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier « pour acte de courage ». « En novembre dernier, j’étais restée en opposition face à un "journaliste" voulant arracher des affiches que j’avais collées en la mémoire de Thomas [l'adolescent mort à Crépol] », a-t-elle expliqué.
Yona se clashe aussi régulièrement avec l’influenceuse d’extrême droite Thaïs d’Escufon dont elle déplore les « tentatives de coups de com’ minables [qui] commencent à sérieusement entacher l’image des femmes de droite ».
Un groupuscule déjà connu
Le collectif d’extrême droite Némésis a estimé que ce placement en garde à vue était une « persécution » de ses militantes, dans un communiqué publié sur sa page Facebook. « Leur action de dimanche à Besançon pendant le carnaval visait à dénoncer les failles de la justice de notre pays, qui manque à son devoir en n’appliquant pas les obligations de quitter le territoire français (OQTF) », ajoute le communiqué.
Ce n’est pas la première fois que les identitaires de Némésis font parler d’eux. Lors de la Braderie de Lille, en septembre dernier, ils avaient déployé deux immenses banderoles : l’une évoquait l’enseignement du salafisme dans « les lycées », et l’autre l’insécurité. Trois femmes, dont la cheffe du mouvement, Alice Cordier, avaient été interpellées. La mairie a déposé une plainte.
En mars 2023, une jeune femme de 23 ans a été interpellée pour « dégradations de biens publics par tags » après avoir inscrit, dans une rue de Lyon, des slogans d’extrême droite : « Fallait voter Marine » et « 7,2 % d’excisions en Seine-Saint-Denis ». Son action était signée « Némésis ».
Condamnation unanime… sauf du RN et Reconquête
La maire EELV de Besançon, Anne Vignot, a déposé plainte lundi et le procureur de Besançon a ouvert une enquête pour « provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou d’une prétendue race ». Ces faits sont passibles d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende, a rappelé le magistrat.
« On ne peut accepter que les étrangers servent de boucs émissaires à toutes les crises que nous traversons », a déclaré Anne Vignot lors d’une conférence de presse, faisant le parallèle avec la montée du fascisme dans les années 1930.
Le président du groupe d’opposition LR au conseil municipal de Besançon, Ludovic Fagaut, a condamné « fermement les propos et les actes survenus lors de cette manifestation », fustigeant des « faits inacceptables ».
Jordan Bardella, tête de liste Rassemblement national aux élections européennes du 9 juin, a regretté sur son compte X « qu’une pancarte appelant à expulser les violeurs étrangers (…) suffise à finir en garde à vue ». La cheffe de file Reconquête aux européennes, Marion Maréchal, a également apporté son soutien à la militante en garde à vue.