Corse : Un gendarme placé en détention provisoire après un tir mortel lors d’une interpellation
Enquête•La victime, visée par une enquête pour association de malfaiteurs, n’était pas armée20 Minutes avec AFP
Un gendarme a été mis en examen ce samedi à Bastia pour homicide volontaire et placé en détention provisoire, a indiqué le parquet. Il est mis en cause pour un tir mortel lors de l’arrestation d’un homme à son domicile jeudi à Poggio d'Oletta (Haute-Corse). Les faits se sont produits vers six heures jeudi, lors d’une opération menée par les gendarmes dans ce village situé à 20 km au sud de Bastia, « sur commission rogatoire d’un juge d’instruction d’Ajaccio des chefs de recel de vol, d’association de malfaiteurs et de vols en bande organisée », avait précisé ce jour-là le procureur de la République de Bastia Jean-Philippe Navarre.
« L’une des personnes visées dans le cadre de l’enquête », qui était « par ailleurs défavorablement connue des autorités judiciaires » a été mortellement « blessée par balles », selon la même source, qui ajoutait que cette opération avait pour objectif « l’interpellation de plusieurs personnes dans les départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse ». Le militaire à l’origine des faits avait alors été placé en garde à vue du chef « d’homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique ».
Le militaire n’a « pas le souvenir » d’avoir tiré
La « victime n’était pas armée au moment des faits, malgré la présence d’armes au sein de son domicile », a précisé Jean-Philippe Navarre dans un nouveau communiqué samedi, soulignant que l’autopsie avait révélé « la présence de trois plaies dont l’une, en région thoracique, à l’origine de lésions internes mortelles. » L’examen médical, la découverte de trois projectiles et l’analyse des caméras embarquées par les gendarmes suggèrent « l’existence d’un tir unique, réalisé à l’aide d’un pistolet-mitrailleur, dont le sélecteur apparaissait avoir été positionné en mode rafale libre », poursuit le procureur, alors que « la doctrine d’emploi de cet armement » prescrit habituellement « le recours au "coup par coup" ».
Lors de ses auditions, le gendarme auteur du tir, un « militaire expérimenté, bien noté et très choqué lui-même » par les faits, selon une source judiciaire à l’AFP, n’aurait « pas su s’expliquer sur les circonstances de son tir », relève encore Jean-Philippe Navarre. Il a déclaré « ne pas avoir le souvenir d’avoir appuyé sur la détente de son arme arguant donc d’un geste involontaire », selon lui.
Son avocat, Me Laurent-Franck Lienard, a indiqué à l’AFP avoir fait appel du placement en détention provisoire de son client. La victime, déjà condamnée à plusieurs reprises, est membre du « cercle familial » des frères Richard et Christophe Guazzelli qui vont être jugés à partir de mai à Aix-en-Provence pour le double assassinat de Jean-Luc Codaccioni et Tony Quilichini en décembre 2017 à l’aéroport de Bastia Poretta.