Une demande de pardon officielle envoyée par l’Eglise à une victime d’un prêtre pédocriminel
Repentance•Le président de la conférence des Évêques de France qualifie les agressions « d’indignes d’un homme et encore plus d’un prêtre »20 Minutes avec agence
Mea culpa. Éric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des Évêques de France, a adressé en janvier dernier par courrier une demande de pardon et exprimé sa « honte profonde » à Stéphane Girard, une victime du prêtre Bernard Preynat. Dans son enfance, celui qui a aujourd’hui 54 ans avait subi à plusieurs reprises des attouchements de la part de l’homme d’Eglise, rapporte BFMTV ce mardi. Le contenu de la lettre a ému son destinataire.
« Quand vous recevez un courrier qui dit : 'Preynat est coupable, vous êtes une victime'… Ça change la donne », a-t-il confié. Dans son courrier, Eric de Moulins-Beaufort a qualifié les agressions sexuelles « d’indignes d’un homme et encore plus d’un prêtre ». À l’époque, Stéphane Girard pensait être le seul à faire face à cette situation. Il s’est donc tu, pendant plusieurs années.
Un film comme déclencheur
Jusqu’à ce que ses souvenirs lui reviennent en mémoire après avoir visionné le film Grâce à Dieu, réalisé par François Ozon et sorti en 2019. Ce film retrace la création d’une association de victimes de Bernard Preynat. « Ça a été vraiment le choc, j’étais vraiment tétanisé. J’étais en présence de mon épouse et c’est à partir de là qu’il a fallu faire une thérapie pour pouvoir vivre avec, ne pas oublier », a témoigné Stéphane Girard.
Bien que les faits soient prescrits, la victime avait décidé de contacter l’Église afin d’obtenir cette demande de pardon. Il a expliqué se sentir mieux maintenant, tout en estimant que le combat n’est pas terminé. « Il faut souhaiter pour ces victimes que ce travail de reconnaissance se poursuive et que tous les systèmes de prévention soient mis en place pour que cela cesse », a commenté le quinquagénaire.
Bernard Preynat a été condamné à cinq ans de prison ferme en 2020 pour des agressions sexuelles sur mineurs perpétrées entre 1971 et 1991. Il a été incarcéré en 2021 et a fait une demande de remise en liberté conditionnelle en octobre 2023. Son avocat a mis en avant son état de santé, incompatible avec l’emprisonnement.
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