Seine-Maritime : La maire de Canteleu et son adjoint seront jugés pour complicité de trafic de drogue
Corruption•Mélanie Boulanger, la maire de Canteleu, dans la banlieue nord de Rouen, avait été placée en garde à vue en 202120 Minutes avec AFP
Deux juges d’instruction de Bobigny ont ordonné vendredi le renvoi devant le tribunal correctionnel de la maire PS de Canteleu (Seine-Maritime) Mélanie Boulanger et de l’un de ses adjoints pour complicité de trafic de drogue. Les juges ont suivi les réquisitions du parquet de Bobigny qui avait demandé fin décembre leur renvoi, ainsi que celui de 17 autres personnes soupçonnées d’être impliquées dans un vaste trafic de stupéfiants dans cette commune proche de Rouen, selon une source proche du dossier confirmant une information du média normand Le Poulpe. La date du procès n’a pas été précisée.
Selon l’ordonnance de renvoi, consultée par l’AFP, il est reproché à Mélanie Boulanger de s’être rendue complice d’acquisition, de cession ou de transport non autorisé de stupéfiants entre septembre 2019 et octobre 2021. Elle est soupçonnée d’avoir donné des informations aux auteurs de trafic sur les contrôles de police, retardant la pose de caméras de vidéosurveillance, ce qu’elle a toujours démenti. Son adjoint Hasbi Colak, chargé du développement économique, est notamment poursuivi pour avoir informé les trafiquants sur les contrôles de police ou pour avoir mis son véhicule de société à leur disposition, et sera jugé pour les mêmes faits.
Le double jeu de l’élue ?
L’affaire commence en 2019, avec l’interpellation en Seine-Saint-Denis d’un homme lié à une famille de Canteleu, les Meziani, au cœur du dossier. Une information judiciaire est alors ouverte pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs et menée par un juge de Bobigny. Deux ans plus tard, en octobre 2021, Mélanie Boulanger et son adjoint avaient été placés en garde à vue lors d’un coup de filet anti-stupéfiants, puis remis en liberté le lendemain.
L’élue avait affirmé n’avoir « aucun lien » avec les trafiquants de drogue de sa commune normande de 14.000 habitants située en banlieue nord de Rouen, dont elle est maire depuis 2014. Selon elle, ils l’ont contactée pour tenter « de l’impressionner, de l’intimider, de la dissuader de mener le combat » contre la délinquance. Mais l’élue n’a, selon l’ordonnance de renvoi, jamais déposé de plainte pour les menaces qu’elle dit avoir reçues.
Les juges évoquent un double jeu de Mélanie Boulanger, qui affichait publiquement une volonté de lutter contre le trafic de stupéfiants, mais dont les décisions étaient orientées par les trafiquants avec lesquels elle était en lien direct. Selon ce document, Mélanie Boulanger a par exemple demandé des comptes à un commissaire sur une opération de police qui avait incommodé des membres de la fratrie Meziani.