Hérault : Que sont devenus les animaux récupérés dans le refuge soupçonné de maltraitances ?
REFUGE•Une opération, jeudi dernier, a permis à des associations de prendre en charge de nombreux chiens, mais aussi des reptiles et des oiseaux, à BéziersNicolas Bonzom
L'essentiel
- Jeudi, une opération a dépossédé un refuge de Béziers de la quasi-totalité de ses animaux, et son gérant a été placé en garde à vue pour maltraitances, notamment.
- Ces animaux, principalement des chiens, mais aussi des serpents, des tortues et des oiseaux, ont été aussitôt pris en charge et soignés par des associations, les SPA de Béziers et de Montpellier et l’association SOS Reptiles.
- La SPA de Montpellier, saturée depuis l’arrivée de 42 chiens en provenance du refuge de Béziers, lance un appel urgent à l’adoption, pour libérer de la place.
«A force, malheureusement, on s’habitue aux catastrophes. Mais là, c’est… » Annie Bénézech, la directrice de la SPA de la métropole de Montpellier (Hérault), n’a pas les mots, pour qualifier ce à quoi son équipe a fait face, ces derniers jours : 42 chiens, dont une partie ne sont encore que des chiots, sont arrivés au refuge de Villeneuve-lès-Maguelone, déjà bien saturé. Tous étaient, jusqu’alors, hébergés à l’Arche de Noël, à Béziers. Mais une opération, menée, jeudi dernier, sous l’autorité de la substitut du procureur de la République en présence de policiers et de plusieurs associations, a dépossédé ce refuge de la quasi-totalité de ces animaux. Et son dirigeant, soupçonné, notamment, de maltraitance et d’abandon d’animaux, a été placé en garde à vue.
Dans cette structure, visée par plusieurs plaintes, « ont été découverts 86 chiens (…), visiblement mal nourris ou mal soignés, détenus dans des espaces sales ou inadaptés à leur taille et à leur nombre, ainsi que neuf tortues de terre (…), huit tortues de Floride (…), deux serpents vivants (…) et un serpent mort, ainsi que de nombreux oiseaux », détaillait Raphaël Balland, le procureur de la République de Béziers, jeudi, dans un communiqué.
Des chiens « étaient infestés de puces, de vers… »
Les 86 toutous ont été pris en charge et soignés, par les SPA de Béziers et de Montpellier. « Le jeudi soir, quand ils sont arrivés, j’avais fait venir deux vétérinaires, qui les ont auscultés, pour vérifier leurs états de santé, confie à 20 Minutes Annie Bénézech, la directrice de la SPA de Montpellier. Ils les ont déparasités. Ils étaient infestés de puces, de vers… Et ils ont été vaccinés. Seuls deux d’entre eux n’ont pas pu l’être : une chienne, qui avait de la fièvre, et un autre, qui souffrait d’un problème neurologique. »
Ces arrivées soudaines font qu’aujourd’hui, le refuge de Villeneuve-lès-Maguelone est au bord de l’implosion. Il est urgent, souligne Annie Bénézech, que des chiens soient adoptés d’ici Noël, pour libérer de la place pour les toutous qui viennent d’arriver, « et qui sont en détresse ». La directrice de la SPA de Montpellier espère ainsi que ses Journées Portes ouvertes de Noël, prévues samedi et dimanche, « soient un succès ». « On ne peut empiler les chiens les uns pour les autres, ce n’est pas possible ! », déplore-t-elle.
Des tortues « évoluaient dans un environnement très pollué »
Et les autres animaux ? Jeudi, à Béziers, c’est l’association SOS Reptiles qui les ont pris en charge, indique à 20 Minutes son président et fondateur, Dorian Blayac, qui n’a rien oublié des images, et « des odeurs » qui l’ont saisi, lors de l’opération. « On a récupéré toute la faune non-domestique, 27 animaux au total », détaille-t-il. Notamment des tourterelles, et une caille Colin de Californie. Et des tortues de Floride et d’Hermann, dont les carapaces ont été minutieusement nettoyées. « Elles évoluaient dans un environnement très pollué », pointe le président de l’association.
Les bénévoles de SOS Reptiles ont aussi pris en charge un boa Imperator femelle, « complètement en surpoids », et « parasité ». « On l’a retrouvée dans un terrarium avec plein de bestioles, notamment des cafards, confie Dorian Blayac. On a commencé à la déparasiter. » L’association a aussi récupéré un serpent Pantherophis guttatus, qui souffre d’un « énorme œdème, au niveau de la queue. On espère que ce sera soignable ».
« Toute personne est présumée innocente tant qu’elle n’a pas été jugée coupable », rappelle le refuge incriminé, sur sa page Facebook
Tous ces animaux ont été installés dans les sous-sols de la Serre Amazonienne de Montpellier, qui ne sont pas accessibles aux visiteurs, que la commune a gracieusement prêtés à l’association. Petit à petit, SOS Reptiles se démène pour trouver des solutions à plus long terme, pour ces animaux. On sait, pour l’instant, que les tourterelles rejoindront bientôt les pensionnaires de l’association Goupil Connexion, à Brissac, pour être, sans doute, prochainement,, relâchés dans la nature, et que les tortues seront accueillies dans les bassins de l’association Tortues Passion, à Vergèze. « Quant aux autres animaux, on va continuer à les soigner, et ils seront, bientôt, proposés à l’adoption », confie Dorian Blayac, qui appelle les amoureux des animaux à aider financièrement SOS Reptiles.
L’association One Voice, qui a mené une enquête, entre octobre 2022 et février 2023, au sein de l’Arche de Noël, à Béziers, se réjouit que ces animaux aient été pris en charge. Mais « maintenant qu’ils sont sauvés, nous ne céderons rien pour que le responsable [du refuge] soit enfin jugé et condamné, et surtout pour que son élevage soit définitivement fermé sans que jamais plus il ne puisse détenir d’animaux », souligne-t-elle, sur son blog.
NOTRE DOSSIER SUR LA MALTRAITANCE ANIMALEAprès la publication de l’enquête de One Voice, le 20 novembre dernier, l’Arche de Noël a rappelé, de son côté, sur sa page Facebook, que « toute personne est présumée innocente tant qu’elle n’a pas été jugée coupable par les instances compétentes. Les réseaux sociaux, la télévision, les blogs, les internautes et les montages vidéo ne sont pas les nouveaux tribunaux populaires ». Le gérant du refuge incriminé, âgé de 72 ans, « est souffrant depuis de nombreuses années, et en situation de handicap », poursuit la structure. Et il a « toujours répondu présent lorsque la police, la gendarmerie, et les pompiers ont fait appel à lui, depuis plus de quarante ans ». Jeudi, le parquet a précisé qu’il « décidera des suites judiciaires » de cette affaire « à l’issue des investigations ».