Metz : Soupçonné d’abus de faiblesse, un prêtre toujours en poste
Enquête•Cinq plaintes ont été déposées contre un prêtre de Moselle, toutes classées sans suite. Un avocat de Metz demande le réexamen de plusieurs d’entre ellesT.G. avec AFP
Et si des plaintes étaient réexaminées ? C’est le souhait de l’avocat messin Thomas Hellenbrand. Il a demandé que plusieurs d’entre elles, qui visent un prêtre soupçonné d’abus de faiblesses sur des paroissiennes âgées, soient revues.
Entre 2015 et 2020, cinq plaintes avaient été déposées contre cet abbé par des paroissiennes, leurs familles ou l’organisme de tutelle chargé de s’occuper d’elles. Elles ont toutes été classées sans suite par le parquet de Sarreguemines (Moselle). « Un classement sans suite du parquet ne signifie pas la fin de l’enquête pénale », a argué Me Hellenbrand. « Ce qui m’inquiète c’est qu’il n’a jamais été écarté des fidèles malgré ces accusations. Comme toujours dans l’Eglise, une fois qu’ils font partie du sérail, on les garde. »
Le procureur général de Metz, François Pérain, a indiqué être toujours « en attente d’explications complémentaires du procureur de Sarreguemines », à qui il compte « demander le regroupement de toutes les procédures » concernant l’homme d’Eglise pour « faire un point global ». Le prêtre en question est lui toujours en poste et a même été nommé en septembre responsable d’une communauté de paroisses dans un quartier de Metz comptant de nombreuses personnes âgées.
L’une des plaintes déposée en février 2020 pour abus de faiblesse sur une paroissienne, a fait l’objet cet été d’une demande de réexamen auprès du procureur général de Metz. Me Thomas Hellenbrand a aussi saisi de cette affaire le Tribunal pénal canonique national à Paris. Interrogé, l’évêché de Metz confirme avoir « eu connaissance de deux plaintes », permettant de diligenter en août 2019 une « enquête préliminaire canonique ». « Mais faute d’éléments suffisants et caractérisés, aucun procès canonique n’a suivi », précise l’évêché.
« Comme un gourou »
Pourtant, l’Eglise avait été mise au courant de la situation bien plus tôt, par le biais l’une lettre, envoyée en janvier 2016 à l’évêque de Metz de l’époque, Mgr Lagleize, pour dénoncer l’attitude du prêtre. « Il s’est introduit dans notre famille comme un gourou », écrivait le fils d’une paroissienne, évoquant comment le curé avait par exemple acquis en 2014 la nue-propriété d’un chalet par falsification de signatures, en profitant de la vulnérabilité de la victime, ou s’était fait remettre 10.000 euros en liquide.
Interrogé sur ces plaintes, l’abbé n’a pas souhaité s’exprimer puisque « rien du tout n’a été prouvé », selon lui.
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