Attaque au couteau à Arras : Que s’est-il passé au lycée Gambetta ?
enquête•Un homme d’origine tchétchène est soupçonné d’avoir poignardé à mort un enseignant et blessé grièvement deux personnes dans un lycée d’Arras (Pas-de-Calais), vendredi matin, criant « Allahou Akbar »Thibaut Chevillard
L'essentiel
- L’enseignant tué a reçu un coup de couteau à la gorge ainsi que dans le thorax. Parmi les deux blessés figurent un agent du lycée en urgence absolue atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant en urgence relative, a précisé une autre source policière.
- Le Parquet national antiterroriste a annoncé avoir ouvert une enquête. L’homme interpellé, Mohammed M., fiché S, âgé d’une vingtaine d’années est d’origine tchétchène.
L’attaque intervient presque trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty. Un jeune homme de 20 ans, armé de couteaux, s’est introduit vendredi matin dans un lycée d’Arras (Pas-de-Calais), et s’est attaqué à plusieurs personnes présentes. Un professeur a été tué et deux autres personnes ont été blessées, dont l’une très grièvement. Le suspect a été interpellé par la police et placé en garde à vue. 20 Minutes fait le point sur les premiers éléments de l’enquête.
Que s’est-il passé ?
L’assaillant est arrivé à pied vers 11 heures à proximité du lycée Gambetta, dans le centre-ville d’Arras. Devant l’école, il a agressé un professeur qui succombera à ses blessures. Un second enseignant, qui est intervenu pour le défendre, a été blessé.
Puis le jeune homme est entré dans l’établissement. Dans la cour, « il a agressé le chef cuisinier », a raconté à la presse Martin Dousseau, un enseignant de philosophie ayant assisté à l’attaque. « J’ai cherché à avancer et à lui parler. Il s’est retourné vers moi et m’a poursuivi et m’a demandé si j’étais professeur d’histoire-géographie. J’ai reculé avec une autre personne et on s’est barricadé derrière une porte vitrée qu’il a cherché à ouvrir. Mais il a abandonné. »
L’assaillant « est retourné vers le chef cuisinier » pour lui parler. « Il a continué à le menacer avec des couteaux », a précisé cet enseignant. « C’est à ce moment que la police et l’a arrêté. » Selon lui, il n’y a pas eu « de revendications, de cris », de la part de l’agresseur.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient un jeune homme, pantalon noir et veste grise, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l’établissement, visiblement arme à la main, avant de se diriger vers la porte de l’établissement. Il s’en prend à l’un d’eux muni d’une chaise pour tente de le repousser, avant de lui donner des coups de pied et de le frapper, visiblement arme à la main. Puis les images le montrent en train de se diriger vers la porte de l’établissement où élèves et personnel ont été confinés.
Qui sont les victimes ?
La victime décédée est, d’après Martin Dousseau, un professeur de français du collège. Selon La Voix du Nord, cet enseignant est âgé d’une cinquantaine d’années. Selon une source policière, il a reçu un coup de couteau à la gorge ainsi que dans le thorax.
Parmi les deux blessés figurent un agent du lycée en urgence absolue, après avoir été atteint de plusieurs coups de couteau, et un enseignant en urgence relative, a indiqué à 20 Minutes une source policière. Aucun lycéen n’a été blessé.
Qui est l’agresseur ?
L’homme interpellé par la police a été conduit au commissariat où il a été placé en garde à vue. Agé de 20 ans, il est né en Russie et est de nationalité tchétchène. Selon nos informations, l’assaillant, Mohammed M., connaît bien l’établissement. Et pour cause. Selon son profil Linkedin, il l’a fréquenté entre 2021 et 2023 pour passer un BTS Moteur combustion interne.
Où en est l’enquête ?
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé avoir ouvert une enquête pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste. Les investigations ont été confiées à la sous-direction antiterroriste de la direction nationale de la police judiciaire (SDAT), et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
La piste terroriste est particulièrement étudiée par les enquêteurs. Des témoins ont, en effet, entendu l’auteur des faits crier « Allahou Akbar ». Toujours selon nos informations, le suspect interpellé, né et Russie et de nationalité Tchétchène, fait l’objet, depuis quelques jours, d’une fiche « S » en raison de sa radicalisation.
Arrivé en France en 2008, il avait entrepris au printemps 2021 que soit réexaminée sa demande d’asile. Sa requête ayant été jugée irrecevable par l’Ofpra, dans une décision de mars 2021, un recours avait été présenté devant la Cour nationale du droit d’asile le mois suivant, puis rejeté en août de la même année.
Depuis cet été, il était par ailleurs suivi par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), via des écoutes et des mesures de surveillance physique. Il avait notamment été contrôlé jeudi sans qu’aucune infraction ne puisse lui être reprochée. Son profil « s’apparente donc à un individu radicalisé dont le potentiel est connu mais qui décide subitement de passer à l’acte, rendant difficile sa neutralisation », a dit une source à l’AFP.
Son frère de 17 ans a également été interpellé à proximité d’un autre établissement scolaire, sans être en possession d’une arme, selon les premières informations.
Le ministre de l’Education Gabriel Attal et son homologue de l’Intérieur Gérald Darmanin ont demandé vendredi de renforcer immédiatement la sécurité de tous les établissements scolaires en France.