Cyberharcèlement : « Jusqu’à 15 appels par minute… » Un homme interpellé après des milliers d’appels malveillants
Appels MALVEILLANTS•En décembre 2022 puis en mai 2023, les agents de sécurité des HLM parisiens ont été la cible d’une vague d’appels malveillants sans précédent. Ils recevaient jusqu’à 1.000 appels par jour
Caroline Politi
L'essentiel
- Un homme de 23 ans, déjà connu des services de police, a été interpellé début juillet. Il est soupçonné d'avoir harcelé par téléphone les agents de sécurité des HLM de Paris.
- Menaces, insultes ou usurpation d'identité... Ils pouvaient passer jusqu'à 1.000 appels par jour.
- Il a partiellement reconnu les faits en garde à vue.
Au début, les enquêteurs en étaient persuadés, il ne pouvait s’agir que d’un réseau. Difficile, en effet, d’imaginer un seul individu passer jusqu’à 1.000 appels par jour. « Au plus fort des vagues de malveillance, on enregistrait entre 10 et 15 appels par minute », souffle une source proche de l’enquête. Les investigations leur ont, semble-t-il, donné tort. Un jeune homme de 23 ans a été interpellé le 4 juillet. Il est soupçonné d’être à l’origine d’une vague d’appels malveillants sans précédent, notamment contre les agents de sécurité des HLM parisien (GPIS) et un hôpital parisien, a appris 20 Minutes de sources concordantes.
Au cours du mois de décembre 2022 puis en mai 2023, le standard du GPIS est assailli d’appels. Au bout du fil, différentes voix se succèdent, notamment celles de femmes. Elles se font insultantes, parfois menaçantes, assurent qu’elles vont « faire sauter » le siège du GPIS, s’en prendre aux agents du standard ou ceux qui patrouillent dans ces résidences. Parfois, les appels cherchent à dissuader le groupement d’opérer sur un point de deal, de fouiller des parties communes. « N’allez pas là-bas, où vous aurez des problèmes », leur assure leur interlocuteur.
Rapprochement avec des appels dans un hôpital
« C’était assez décousu, mais c’était une véritable campagne de déstabilisation », assure une source proche du dossier. Le standard, lui, est parfois rendu inaccessible pendant plusieurs heures pour les quelque 165.000 habitants du parc locatif qui souhaitent solliciter les agents pour des problèmes de bruit, un différend entre voisins ou des actes de vandalisme… A plusieurs reprises, les « interlocuteurs » se font même passer pour des agents du GIPS témoins d’une agression ou d’une tentative de suicide qui demandent du renfort. Des agents sont envoyés sur les lieux et ne peuvent que constater qu’ils ont été bernés. Six plaintes ont été déposées par le GPIS.
En mai, les enquêteurs font le lien avec une vague de harcèlement qui vise un hôpital parisien. En décembre 2022, ce centre hospitalier a également vu ses lignes saturées par des appels malveillants. Au bout du fil, des interlocuteurs cherchent à se faire passer pour des médecins, des membres du personnel ou encore des patients et recueillir des données. « On a fait le rapprochement avec les deux affaires car non seulement la période coïncidait, mais le mode opératoire était très similaire », précise une source proche de l’enquête.
Des motivations floues
Initialement confiées aux commissariats des 13e et 17e arrondissements, les investigations sont finalement menées par la BL2C, la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la préfecture de police. L’origine des appels est brouillée par l’usage d’un VPN mais les enquêteurs parviennent à identifier l’application utilisée lors de ces vagues d’appels. Celle-ci permet notamment de modifier la voix. Le principal suspect s’y est inscrit sous son identité.
« Lors de sa garde à vue, il a partiellement reconnu les faits, sans pour autant donner des explications précises sur ses motivations », indique une source proche de l’enquête. Il était déjà connu pour des faits de violence. S’il est accessible à une sanction pénale, une expertise a cependant conclu à une altération du discernement. Il sera jugé en décembre.