VIOLENCERondes, « alarme élu », référents… Comment sont protégés les maires

Rondes, « alarme élu », référents… Comment les maires sont-ils protégés contre les violences ?

VIOLENCECe mardi, les maires de 220 communes victimes de violences urbaines sont reçus à l’Elysée. Parmi eux, certains édiles ont été directement visés par les violences de ces derniers jours
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • Ce mardi, 220 maires de communes touchées par les violences urbaines sont attendues à l’Elysée.
  • Après l’attaque de la maison du maire de l’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, la question de leur protection est au coeur des discussions.
  • En mai, après l’incendie de la maison du maire de Saint-Brévin, une série de mesures avait été prise pour améliorer leur protection.

La violence de l’attaque a sidéré jusqu’au plus haut sommet de l’État : dans la nuit de samedi à dimanche, un véhicule en feu a été lancé à pleine vitesse en direction du domicile du maire de l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun. « Un accélérant a été retrouvé dans une bouteille de coca », a précisé dimanche le procureur de la République, qui a ouvert une enquête pour « tentative d’assassinats ». La voiture-bélier a finalement été stoppée dans sa course par un muret, mais son objectif ne fait guère de doute : incendier la maison dans laquelle se trouvait la femme de l’édile - blessée en prenant la fuite – et leurs deux enfants. Vincent Jeanbrun, lui, était encore à la mairie.

Si cet acte est d’une violence inouïe, il n’a rien d’inédit. En 2022, le ministère de l’Intérieur recensait 160 agressions physiques de maires ou de leurs adjoints (165 en 2021). Contrairement aux violences verbales, en forte augmentation, ce chiffre est resté relativement stable. Mais l’année 2023 pourrait changer la donne. La réforme des retraites s’était déjà accompagnée d’une hausse sensible des agressions d’élus, et les événements liés à la mort de Nahel semblent avoir emprunté le même chemin.

« Une intensité inédite »

« On n’a pas encore de chiffres sur le nombre d’agressions, indique-t-on dans l’entourage de Dominique Faure, ministre en charge des Collectivités territoriales et de la Ruralité. Ce qu’on constate, c’est une intensité inédite, les faits remontés sont globalement plus graves. » Un mortier d’artifice s’est, par exemple, écrasé sur le véhicule de la maire de Pontoise alors qu’elle était au volant. L’édile de Saint-Pierre-des-Corps a, lui, assisté impuissant à l’incendie de la sienne. A Cholet, l’ancienne maison du maire – il venait tout juste de déménager – a été « saccagée ». A Charly, au sud de Lyon, un « dispositif incendie » a été retrouvé dans le jardin de l’élu.

Alors que 220 maires de communes victimes de violences urbaines sont attendus ce mardi à l’Elysée, la sécurité des élus sera au coeur des discussions. Un fonds exceptionnel de 20 millions d’euros a d’ores et déjà été annoncé lundi pour aider les élus à s’équiper de caméras de vidéoprotection. Mais cela sera-t-il de nature à rassurer les premiers concernés ?

Pas de protection systématique

Contrairement à certaines personnalités politiques, les élus de la ville ne font pas l’objet d’une protection physique systématique, pas plus que leur famille. « Il y a 36.000 maires en France, ce serait impossible. Et dans l’immense majorité des cas pas très utile », note une source policière. « Il n’y a pas de protection automatique, mais le maire fait l’objet d’une attention particulière, ce n’est pas un citoyen comme les autres », précise l’entourage de Dominique Faure.

A la mi-mai, cependant, après l’incendie de la maison du maire de Saint-Brévin en pleine nuit, des mesures ont été prises pour renforcer leur sécurité : création de référents dans les brigades de gendarmerie et les commissariats pour faciliter les échanges, mobilisation de la plateforme Pharos pour surveiller les menaces sur Internet, ou encore renforcement du dispositif « Alarme élu ». Ainsi, les maires qui se sentent menacés doivent se signaler au commissariat ou à la gendarmerie. Ils intègrent alors un listing qui permet que leurs appels soient traités en priorité lorsqu’ils appellent le 17. Des rondes à leur domicile et/ou à la mairie sont organisées en fonction du niveau de risque. « Jusqu’à présent, les maires avaient plutôt le réflexe de téléphoner directement au commissariat, ou même au préfet, en cas de problème, sauf que ce n’était pas forcément très efficace », insiste le ministère des Collectivités territoriales.

Vers un renforcement des sanctions pénales

Dans les cas les plus graves, l’élu peut être placé sous protection policière. Ce fut par exemple le cas de Christian Eugal, maire d’un petit village de Tarn-et-Garonne, pris pour cible sur les réseaux sociaux par le Youtubeur d’extrême droite Papacito. « C’est exactement le même principe que pour n’importe quelle personnalité : une évaluation est effectuée et la réponse adaptée », précise une source policière.



Une loi pour renforcer les sanctions pénales sera par ailleurs présentée à l’automne. Elle vise à appliquer aux auteurs d’agressions contre « le titulaire d’un mandat électif public » les peines prévues pour des violences commises contre des personnes dépositaires de l’autorité publique (policiers, pompiers, magistrats…).