Mort de Nahel : Les tirs mortels par la police sur des véhicules multipliés par cinq depuis 2017
illégitime défense ?•En 2017 a été votée une loi permettant aux policiers de faire usage de leur arme à feu contre des citoyens alors même que ces derniers ne présentent pas de menace grave et immédiateC.d.S
Ce n’est pas seulement une impression médiatique, les tirs mortels de policiers sur des conducteurs de véhicules lors de refus d’obtempérer sont de plus en plus fréquents. Rien qu’en 2022, on en compte treize. Après la mort d’un Guinéen mi-juin près d’Angoulême, l’année 2023 est désormais marquée par un nouveau drame de ce type après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un agent de police au volant d’une voiture jaune, à Nanterre mardi 27 juin. En réponse aux critiques, le ministère de l’Intérieur a toujours défendu les policiers et mis en avant qu’ils ne faisaient que se protéger d’un potentiel danger venant du conducteur.
Gérald Darmanin a affirmé mercredi que « depuis la loi de 2017, il y a eu moins de tirs, et moins de cas mortels qu’avant 2017 ». Or, selon les travaux publiés dans la revue scientifique Esprit, relayés par Libération, les tirs mortels des policiers lors de refus d’obtempérer sont plus nombreux mais aussi plus mortels depuis 2017. Entre la période 2012-2016 et 2017-2021, les chercheurs établissent que ces tirs mortels sur des véhicules en mouvement ont été multipliés par cinq.
La loi « Sécurité publique » en question
Cette loi « Sécurité publique » votée en 2017 autorise en effet les policiers à faire usage de leurs armes « lorsqu’ils ne peuvent immobiliser, autrement que par l’usage des armes, des véhicules, embarcations ou autres moyens de transport, dont les conducteurs n’obtempèrent pas à l’ordre d’arrêt et dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui. » Une formulation qui va « au-delà de la simple légitime défense », comme le notait la direction générale de la police dès mars 2017.
Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre de l’enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre. Sa garde à vue a été prolongée, a-t-on appris mercredi auprès du parquet de Nanterre.