« Titanic » : Tout savoir sur la disparition du sous-marin qui explorait l’épave
récap'•Un submersible touristique avec cinq personnes à son bord a disparu alors qu’il se lançait à l’exploration de l’épave historique20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Les garde-côtes américains et canadiens poursuivent ce mardi les opérations de recherche du Titan, l'engin submersible parti visiter l'épave du Titanic et porté disparu depuis dimanche,
- En fin milieu d'après-midi, l'institut français Ifremer a dérouté son navire Atalante, équipé d'un robot sous-marin pour grande profondeur, vers le site de l'Atlantique Nord où a disparu un sous-marin. L'Atalante, en mission, devrait arriver sur la zone mercredi vers 20 heures.
- 20 Minutes revient sur cette disparition alors que les craintes grandissent pour les cinq personnes à bord car l'engin ne dispose d'oxygène que jusqu'à 96 heures.
Edit du 22 juin 2023 à 20h58 : Les cinq passagers du submersible recherché depuis dimanche dans l’Atlantique nord, près de l’épave du Titanic sont morts, a annoncé l’entreprise OceanGate dans un communiqué. Les débris du submersible retrouvés près de l’épave du Titanic correspondent à une « implosion catastrophique » de l’appareil, ont déclaré les garde-côtes américains lors d’un point presse depuis Boston.
Dans les abysses, le silence. Le Titan ne répond plus. Un petit sous-marin touristique avec cinq personnes à son bord a disparu alors qu’il se lançait à l’exploration de l’épave du Titanic. L’engin a cessé d’émettre, dans une région reculée de l’océan Atlantique au large de l’Amérique du Nord. Mais que s’est-il passé ? Qui était à son bord ? 20 Minutes fait le point pour vous.
Que s’est-il passé ?
Difficile de savoir avec exactitude ce qu’il est advenu du sous-marin. Une mission visitant le Titanic était « en cours », du 12 au 20 juin. Le seul appareil de l’entreprise capable d’aller à la profondeur du Titanic est le Titan. Il s’agit d'« un submersible conçu pour emmener cinq personnes à des profondeurs de 4.000 mètres », avec une autonomie de 96 heures pour un équipage de cinq personnes.
Mais dimanche, les autorités ont été averties par l’opérateur de l’engin, OceanGate Expeditions, qu’il n’avait plus donné signe de vie. Sans avoir étudié l’engin lui-même, Alistair Greig, professeur d’ingénierie marine au University College London, a évoqué deux théories possibles sur la base des images de l’appareil publiées par la presse. Il estime que s’il a eu un problème d’électricité ou de communication, il pourrait être remonté à la surface, flottant « en attendant d’être retrouvé ». « Un autre scénario est que la coque a été compromise », et qu’il y ait eu une fuite. « Alors le pronostic n’est pas bon », a-t-il ajouté.
Quelles recherches sont en cours ?
Depuis qu’elles ont été alertées, les autorités s’échinent à retrouver le petit sous-marin et ses occupants. Ce mardi, les garde-côtes américains et canadiens poursuivent les opérations de recherche. « Nous travaillons très, très dur » pour le retrouver, a assuré le contre-amiral John Mauger, des garde-côtes américains lundi. Selon lui, les recherches, en surface et sous l’eau, concernent une région « à environ 1.450 km à l’est de Cape Cod, à une profondeur d’environ 4.000 m ».
Deux avions, un C-130 américain et un P8 canadien équipé d’un sonar capable de détecter les sous-marins, sont engagés dans les recherches, selon les garde-côtes américains. Les recherches aériennes, infructueuses durant toute la journée, ont été suspendues pour la nuit, lundi soir. Le navire Polar Prince, duquel est parti le submersible, et une unité de la garde nationale ont toutefois continué d’effectuer des recherches en surface dans la soirée. Le temps est désormais un facteur critique pour retrouver les passagers du sous-marin. « C’est une région lointaine et il est compliqué de mener des recherches dans une telle zone », a expliqué John Mauger, estimant que le submersible disposait encore lundi de réserves d’oxygène de 70 heures ou plus. Selon les premières estimations, les passagers du submersible devraient manquer d’air dans le pire scénario mercredi à 11 heures et dans le meilleur jeudi en début d’après-midi.
Enfin, ce mardi après-midi, l'institut français Ifremer a dérouté son navire Atalante, équipé d'un robot sous-marin pour grande profondeur, vers le site de l'Atlantique Nord où a disparu le Titan. L'Atalante, en mission, devrait arriver sur la zone mercredi vers 20 heures (heure française), avant que des opérateurs dépêchés depuis Toulon fassent plonger le robot vers l'épave.
Qui était à bord du « Titan » ?
Selon l’opérateur, un pilote et quatre autres personnes était à bord. Parmi les passagers se trouve notamment l’homme d’affaires, aviateur et touriste spatial britannique Hamish Harding, 58 ans, PDG de l’entreprise de vente de jets privés Action Aviation basée à Dubaï. L’homme d’affaires a annoncé samedi sur les réseaux sociaux qu’il faisait partie de l’équipage, ajoutant qu’il était « fier » de participer à cette mission. Hamish Harding est familier des explorations extrêmes qui lui ont valu plusieurs records au Guinness. Il est notamment allé dans l’espace il y a un an, à bord de la fusée de Blue Origin, New Shepard. En mars 2021, il a plongé avec un autre explorateur, Victor Vescovo, au plus profond de la fosse des Mariannes, la partie la plus profonde de l’océan connue à ce jour.
Shahzada Dawood, vice-président du conglomérat Engro basé à Karachi, dans le sud du Pakistan, et son fils Suleman sont aussi à bord du submersible, a indiqué leur famille dans un communiqué. Engro a des investissements dans plusieurs secteurs d’activité : l’énergie, l’agriculture, la pétrochimie et les télécommunications. Le père de Shahzada, Hussain Dawood, est régulièrement cité par la presse pakistanaise parmi les hommes les plus riches du pays.
Le spécialiste français du Titanic, l’océanographe Paul-Henry Nargeolet, faisait également partie de l’expédition, selon le post de Hamish Harding, PDG d’Action Aviation, une entreprise de vente de jets privés basée à Dubaï. Le contre-amiral Mauger, des garde-côtes américains, n’a toutefois pas voulu donner d’informations officielles sur les personnes se trouvant à bord « par respect pour les familles ».
Quelles sont les particularités du « Titan » ?
Le Titan, un petit sous-marin des grandes profondeurs, est un engin innovant à plus d’un titre. Propriété de l’entreprise américaine OceanGate, il a déjà effectué plusieurs plongées jusqu’à l’épave du Titanic, qui gît par environ 3.800 mètres de fond dans l’Atlantique Nord. Le petit submersible est un cylindre blanc un peu ventru de presque sept mètres de long pour deux mètres cinquante de haut. Mis à l’eau à partir d’une plate-forme immergée, il se déplace à l’aide de quatre moteurs électriques.
Il est muni d’un seul hublot situé sur le front de la machine, l’enjeu étant de minimiser les points de faiblesse pour résister à la formidable pression des profondeurs. Le Titan est donné comme pouvant atteindre 4.000 mètres, selon la fiche technique d’OceanGate, c’est-à-dire résister à une pression de 400 bars, l’équivalent d’une force de 400 kg s’exerçant par centimètre carré, la surface d’un ongle. Une pression « qui ne pardonne pas grand-chose » en cas de défaillance, souligne Stefan Williams, expert en robotisation sous-marine à l’Université de Sydney. Par sécurité, le Titan est doté selon l’entreprise d’un système de contrôle en temps réel de l’intégrité de sa structure, avec une série de capteurs qui alertent le pilote pour arrêter la descente en cas de danger.