Infirmière tuée au CHU de Reims : Le suspect avait déjà agressé quatre personnes avec un couteau
PSYCHIATRIE•L’homme de 59 ans, interpellé après les faits, avait été déclaré irresponsable pénalement dans une autre affaireC.Po. avec AFP
L'essentiel
- L’homme suspecté d’avoir tué une infirmière et grièvement blessé une secrétaire médicale lundi, au CHU de Reims, a été interpellé peu après les faits.
- Selon les premiers éléments, Franck F., 59 ans, « semble avoir agi sans mobile apparent ». La piste d’un déséquilibré est privilégiée.
- En 2017, l’homme avait déjà été mis en examen dans une affaire de violences aggravées.
EDIT du 24 mai à 7 heures : Nous avons rajouté de nouveaux éléments comme la minute de silence qui sera respectée ce mercredi dans tous les hôpitaux de France en hommage à la victime.
L’annonce de son décès est arrivée dès les premières lueurs du jour : Carène Thibaut-Mezino, 38 ans, a succombé dans la nuit à ses blessures. Cette infirmière, mère de deux enfants, a été poignardée lundi, peu avant 13h30, alors qu’elle se changeait dans les vestiaires. Elle s’apprêtait à prendre son service dans l’unité « médecine et santé » du CHU de Reims, où elle travaillait depuis une dizaine d’années. Une secrétaire médicale a également été grièvement blessée. Le suspect, un homme de 59 ans, a été placé en garde à vue lundi soir. L’enquête, ouverte pour « assassinat » et « tentative d’assassinat », a été confiée au commissariat central de Reims.
Interpellé à trois reprises lors des questions à l’Assemblée nationale, mardi, le ministre de la Santé, François Braun, qui s’était rendu lundi soir au CHU de Reims, a promis de réunir jeudi matin syndicats et représentants des professionnels de santé pour « qu’on voie tout de suite s’il y a des solutions possibles pour améliorer cette sécurité ». « Mais un hôpital est par définition une structure qui est ouverte, qui accueille des personnes malades. Il est très difficile de le protéger à 200 % », avait-il prévenu un peu plus tôt.
Un rapport sur la sécurité des professionnels de santé doit être remis au gouvernement le 1er juin, a indiqué mardi soir sur France Info la ministre déléguée, Agnès Firmin Le Bodo. Il apportera « des réponses à cet enjeu », a-t-elle souligné. Une minute de silence sera respectée à midi ce mercredi dans tous les hôpitaux de France en hommage à la victime.
« Maltraité en psychiatrie »
Selon les premiers éléments de l’enquête, Franck F., 59 ans, « semble avoir agi sans mobile apparent, d’autant qu’il n’avait pas de rendez-vous dans ce service », a indiqué Matthieu Bourrette, le procureur de la République de Reims. Alors que les investigations n’en sont qu’à leurs prémices, c’est le profil d’un homme au lourd passé psychiatrique qui se dessine peu à peu.
Interpellé quelques minutes après le drame alors qu’il tentait de fuir, il aurait déclaré - au milieu de propos incohérents - « en vouloir au milieu hospitalier ». Selon le rapport d’intervention des policiers qui ont procédé à son interpellation et que 20 Minutes a pu consulter, le forcené a indiqué qu’il souhaitait se « venger » après avoir été « maltraité en psychiatrie », précisant qu'« à chaque fois qu’il croisera une blouse blanche, il la plantera ». Il a admis avoir porté « trois ou quatre coups de couteau à des infirmières ».
Déjà connu pour une attaque au couteau
Le procureur a confirmé dans un communiqué que l’homme « semble souffrir de troubles sévères et fait l’objet depuis plusieurs années d’une mesure de curatelle renforcée ». C’est en raison de ces troubles psychiatriques que le suspect a fait l’objet, en juin 2022, d’un non-lieu pour « irresponsabilité pénale » dans une affaire de « violences aggravées » étrangement similaire. Selon nos informations, en juin 2017, l’homme a agressé avec un couteau quatre personnes, dont du personnel encadrant et médical, au sein d’un établissement d’accueil et d’insertion pour personnes handicapées au sud de Châlons-en-Champagne (Marne). L’une d’elles avait été grièvement blessée.
L’affaire n’était pas close pour autant : la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Reims devait « tout prochainement » se pencher sur le dossier, « pour statuer sur les mesures de sûreté susceptibles d’être prises », a précisé le procureur de la République. La garde à vue du suspect se poursuit.