Annecy : Enquête ouverte après une manif nationaliste au son de « la France aux Français »
Nationalisme•Plusieurs élus nationaux et locaux se sont indignés après un défilé non autorisé de militants nationalistes dans les rues d’Annecy, mardi soir. Gérald Darmanin, lui, a annoncé la saisie du parquet
M.L.
Heures brunes. Le cortège était essentiellement composé de jeunes hommes, cheveux courts, habillés de sombre, visages masqués. Au pas cadencé, rythmé pas des chants militaires, ils défilaient, mardi soir, dans les rues d’Annecy. Drapeau tricolore ou arborant la croix la Savoie dans une main, flambeau dans l’autre. Voici ce que l’on peut voir dans cette vidéo, postée sur Twitter par le « Syndicat des fleuristes », autoproclamé « groupe de patriotes français ». On y entend aussi, sur fond de musique dramatique, ces hommes hurler « la France aux Français ». Une manifestation non autorisée qui renvoie une « image nauséabonde » a dénoncé un conseiller municipal auprès de nos confrères de France info.
« En mode KuKluxKlan »
Après qu’ils ont défilé dans les rues d’Annecy, sans avoir demandé l’autorisation et sans avoir été inquiétés par les forces de l’ordre, les membres du « Syndicat des fleuristes » ont tranquillement publié sur Twitter le montage de leur manifestation. « Voilà où mène la permissivité de Darmanin pour les bandes de violents d’extrême droite qui l’acclament. De ville en ville, ça se répand », a réagi sur la même plateforme, Jean-Luc Mélenchon. Le patron de LFI commentait d’ailleurs le tweet de Raphaël Arnault, « porte-parole de la Jeune garde anti fasciste », qui une parade à Annecy « en mode KuKluxKlan ».
Auprès de nos confrères de France Bleu, Fabienne Grébert, conseillère régionale et présidente des écologistes à la région Auvergne-Rhône-Alpes, a déclaré : « cette manifestation me fait froid dans le dos dans ma ville », ajoutant qu’un tel défilé avait « un parfum de 1934 ». Une « image nauséabonde » pour le conseiller municipal d’opposition à Annecy, Antoine Grange, lequel a déclaré sur Twitter : « S’appropriant le drapeau tricolore et celui de la Savoie, ils défilent cagoulés dans un lourd silence dans le pays des Allobroges, dont l’hymne consacre pourtant cette terre comme une terre d’asile et sûreté ».
Enquête ouverte
Le parquet d’Annecy a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête préliminaire. L’annonce de cette enquête sur le compte twitter du parquet, confirmée par téléphone à l’AFP, fait suite à la saisine du parquet par la préfecture de Haute-Savoie, annoncée par cette dernière dans un communiqué jeudi.
Le préfet de Haute-Savoie y « condamne l’organisation d’un défilé nocturne rassemblant des participants d’extrême droite sur la voie publique, organisée dans le secret et sans déclaration préalable ».
Cette absence de déclaration fait « qu’il n’a pu être interdit au préalable », explique la préfecture. « En effet, les risques qu’il donne lieu à une incitation publique à la haine, à la violence ou à la discrimination (…) auraient pu justifier une interdiction de manifestation », affirme-t-elle. Au cours de l’après-midi, ce jeudi, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé que « plusieurs identités ont pu être relevées par les forces de l’ordre » de participants « d’extrême droite » à cette « manifestation sauvage ».