Disparition de Leslie et Kevin : « Pourquoi ça s’est passé ici »… A Prahecq, les voisins inquiets pour leur sécurité
Reportage•Dans le village de 2.500 habitants où vivait le jeune couple, sa disparition a affecté la population et la voisine de Tom Trouillet a eu « froid dans le dos » en découvrant qu’il pouvait être impliqué dans cette disparitionElsa Provenzano
L'essentiel
- Leslie et Kévin, disparus depuis le 25 novembre, habitaient dans le petit village de Prahecq près de Niort, dans les Deux-Sèvres. Leur ami commun Tom Trouillet vivait aussi dans cette commune.
- Alors que l’enquête s’accélère et que les résultats des autopsies des corps retrouvés ce week-end seront communiqués demain par le procureur de la République de Poitiers, les habitants de ce village de 2.500 âmes ont été surpris et choqués par l’affaire.
- Beaucoup s’inquiètent pour ces jeunes mais aussi pour leurs enfants ou leurs petits-enfants. La voisine directe de Tom Trouillet a eu « froid dans le dos » en découvrant qu’il pouvait être impliqué dans cette affaire.
Il a beau chercher dans ses souvenirs, jamais un événement aussi dramatique n’avait depuis près de soixante ans secoué ainsi Prahecq, un village de 2.500 habitants situé à 12 km de Niort (Deux-Sèvres), dans lequel Pascal, 57 ans, vit depuis qu’il est né. Sur les affichettes déposées devant le bureau de tabac, la disparition de Leslie Hoorelbeke, 22 ans, et de Kevin Trompat, 21 ans, le 25 novembre dernier, fait encore les gros titres ce lundi. Il faut dire que ce week-end, l’enquête a connu des avancées importantes.
Après trois mises en examen, dont deux pour « assassinats », deux corps ont été découverts en Charente-Maritime, sans qu’ils soient encore identifiés formellement comme les deux jeunes amoureux. Cyril Lacombe, procureur de la république de Poitiers, tiendra une conférence de presse ce mardi en fin de journée et devrait notamment donner les résultats des autopsies.
« Pourquoi ça s’est passé ici ?, s’interroge Pascal. On se pose beaucoup de questions et on s’inquiète pour nos enfants. » La boulangère ne veut pas s’étendre sur le sujet avec ses clients, évité « comme la politique », dans son commerce. Elle lance cependant qu’elle est « triste pour ces petits jeunes », ajoutant avec gravité « mon fils a 18 ans ». Jean-Marie, 89 ans, deux baguettes sous le bras, se fait aussi du souci pour ses enfants et pour ses petits-enfants. « Le couple habitait juste là dans la rue qui descend », indique-t-il du doigt. C’est la rue principale qui traverse le village et que de nombreux poids lourds empruntent. « Ça fait drôle et c’est triste », commente-t-il.
« Un problème de sécurité, pas à Prahecq, mais en général »
Thierry, 63 ans, vit juste à côté de la maison qu’occupaient Leslie et Kévin : « On ne les voyait pas souvent, ils n’étaient pas très connus dans le village. » « Les gens en parlent beaucoup [de leur disparition], c’est lamentable ce qui s’est passé. Il y a un problème de sécurité, pas à Prahecq mais en général », ajoute le sexagénaire, convaincu que la délinquance augmente. Une jeune femme de 36 ans, qui souhaite rester anonyme, relativise : « Il y a toujours eu de la délinquance alors c’est peut-être plus médiatisé maintenant, mais les nouvelles générations ne sont pas pires que les anciennes. »
Un Tom Trouillet « souriant et gentil », selon sa voisine
Elle, c’est la voisine de Tom Trouillet, l’un des trois suspects, mis en examen pour « enlèvement et séquestration » : « Cela me fait froid dans le dos, de me dire que potentiellement mon fils et moi avons vécu à côté d’une personne qui est peut-être dangereuse et qu’on était probablement dans la maison quand les choses se sont passées. »
La trentenaire qualifie Tom Trouillet de « souriant et gentil » et se dit surprise qu’il soit mêlé « en mal » à cette histoire. Le terme de « gentil garçon » revient aussi dans la bouche de plusieurs clients de l’une des boulangeries du village. Si la voisine reconnaît qu’il était « pesant » que les chiens du jeune homme se retrouvent régulièrement dans sa cour, ou que Tom Trouillet pouvait écouter sa musique un peu trop fort, « ça s’arrêtait là ». Il n’y a jamais eu de vrais différends entre eux.
Après plus de trois mois d’enquête et d’allées et venues de journalistes, une lassitude s’est aussi installée dans ce petit village tranquille. Les gens continuent à évoquer la disparition de Leslie et Kevin mais moins qu’au moment des battues, organisées par des proches du jeune couple. Une dame aux cheveux blancs qui promène son chien ne veut même pas s’arrêter pour évoquer l’affaire, estimant qu’on « en parle un peu trop » à son goût. La buraliste, elle aussi, en a soupé et ne dira plus « rien du tout ». Elle laisse parler les unes des journaux, affichées devant son tabac-presse pour elle.
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