Nice : Le cirque Zavatta s’installe « illégalement » sur un terrain, la ville refusant de l’accueillir
Bras de fer•Christian Estrosi, qui se base sur son propre arrêté d’interdiction des cirques avec animaux sauvages, a saisi la justice. Les responsables du cirque assurent que le maire est « hors-la-loi » en refusant de leur permettre de se produire en villeFabien Binacchi
L'essentiel
- Le cirque Zavatta, qui compte une trentaine de personnes et une cinquantaine d’animaux, dont quinze fauves et un hippopotame, s’est installé illégalement sur un terrain de la métropole niçoise, qui annonce avoir saisi la justice.
- « On écrit au maire de Nice depuis le mois de septembre, sans aucune réponse de sa part. Il nous refuse au prétexte que nous avons des animaux sauvages, alors que la loi nous y autorise », a fait savoir, sur place, John Zavatta.
- Un texte publié au Journal officiel en 2021 prévoit bien de bannir dans les établissements itinérants « la détention, le transport et les spectacles incluant des espèces d’animaux non domestiques », mais uniquement à partir de décembre 2028, et le préfet des Alpes-Maritimes veut poursuivre le dialogue.
Il a « forcé l’accès à un terrain » où il « veut s’installer sans droit ni titre ». L’arrivée non autorisée du cirque Zavatta sur une parcelle gérée par la ville de Nice ce lundi matin vers 9h30 n’est pas du tout du goût de Christian Estrosi, qui a annoncé ce lundi que la collectivité avait saisi la justice. La trentaine de forains, qui embarque avec elle une cinquantaine d’animaux, dont quinze fauves et un hippopotame, revendique ce coup de force pour « avoir une réaction », pour « crever l’abcès ».
« On écrit au maire de Nice depuis le mois de septembre, sans aucune réponse de sa part. Il nous refuse au prétexte que nous avons des animaux sauvages, alors que la loi nous y autorise », a fait savoir, sur place, John Zavatta, l’un des responsables du cirque qui se heurte de plus en plus en refus des collectivités de les accueillir.
Pari réussi puisque le maire (Horizons) s’est rendu sur ce terrain « géré » par la ville et appartenant à l’Etablissement public foncier (EPF) Paca, près du centre commercial Nice Lingostière, en début d’après-midi. Et le ton est monté. Très haut, sous la surveillance d’une vingtaine de policiers nationaux et municipaux, et en présence du préfet des Alpes-Maritimes.
« Vous êtes vous aussi hors-la-loi »
« Vous allez recevoir la facture de tout ce que vous avez dégradé. Et nous avons lancé un référé d’heure à heure [une procédure devant le tribunal judiciaire qui permet d’obtenir une décision dans un délai allant généralement de deux jours à une semaine]. Tout ça va vous coûter très cher », a lancé Christian Estrosi, visiblement très agacé.
Stoppée par la police municipale, une partie du convoi a stationné sur la chaussée une partie de la matinée. Le portail d’accès à la parcelle, qui n’était pas verrouillé selon les représentants du cirque, a été détérioré « involontairement alors que celui-ci s’est refermé au moment où un camion reculait », a expliqué John Zavatta.
« Vous êtes vous aussi hors-la-loi », a-t-il aussi rétorqué au maire de la cinquième ville de France. « Vous nous avez fait un courrier pour nous dire que vous ne souhaitez pas avoir d’animaux à Nice. Or, la loi nous l’autorise », a-t-il répété face à l’édile. Pour le moment, en tout cas. Un texte publié au Journal officiel en 2021 prévoit bien de bannir dans les établissements itinérants « la détention, le transport et les spectacles incluant des espèces d’animaux non domestiques », mais uniquement à partir de décembre 2028.
« On doit bien vivre »
La maire de Nice, lui, dit se baser sur son propre arrêté signé en février 2020 et « qui a passé le contrôle de légalité ». « Je n’ai pas envie de vous autoriser à occuper la ville de Nice. Nous avons d’autres activités événementielles, culturelles et sportives. Et vous générez un trouble à l’ordre public », a répété Christian Estrosi.
« Vous êtes un dictateur », s’est emporté un autre membre de la famille Zavatta, menaçant un peu plus tard « de se tirer une balle ». « Ce n’est pas bien ce qu’on a fait, on en est conscient. Mais derrière, on doit bien vivre. Nous avons une entreprise à faire tourner, des gens à nourrir », a encore justifié en aparté John Zavatta, reprochant au maire d’avoir refusé de prendre part à « une médiation voulue par le préfet ».
Présent pour « calmer le jeu », Bernard Gonzalez ne désespère pas de « trouver une solution permettant qu’il y ait le moins de casse possible tout en respectant la position de la ville ». Mais, a-t-il appuyé, « on en arrive là quand le dialogue n’est pas suffisamment fluide ». Il regrette l’absence « d’échanges sereins ». Interrogé sur le fond de l’affaire et sur le fait que la ville de Nice décide d’interdire la présence de ces cirques, le préfet renvoie « aux procédures judiciaires qui sont là pour dire le droit ».
Le cirque a prévu de s’installer malgré tout
Malgré la procédure engagée par la ville, qui pourrait valoir au cirque Zavatta des jours-amendes à payer, ses responsables avaient prévu, après ces échanges, de « s’installer et de sortir les animaux » ce lundi et « d’installer leur chapiteau » mardi.
Avant d’arriver à Nice, les forains venaient de Cannes, à quelques kilomètres de là, à l’ouest du département des Alpes-Martimes. Sur place, les choses ont également tourné au vinaigre. L’hôtel de ville de la cité des festivals a fini par raccourcir d’une semaine la présence de ce cirque sur un terrain municipal, celui-ci n’ayant pas respecté son engagement à ne pas se produire sans ses animaux, a expliqué la mairie.