Aisne : Tout savoir sur l'incendie dans lequel sont morts une mère et ses sept enfants
Drame•Le père, grièvement brûlé, a pu être extrait de la maison et a été transféré à l’hôpital20 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Dans la nuit de dimanche à lundi dans une maison de la commune champenoise de Charly-sur-Marne (Aisne), sept enfants, de deux à 14 ans, et leur mère sont décédés dans un incendie.
- Sauvé par un voisin sapeur-pompier, le père a survécu et ses jours ne sont pas en danger. Il a été transféré à l’hôpital et a été sédaté.
- 20 Minutes revient sur ce drame dont l'origine serait accidentelle. « C’est a priori un sèche-linge qui a pris feu au rez-de-chaussée », a détaillé le procureur de Soissons, Julien Morino-Ros.
Sept enfants, âgés de 2 à 14 ans, ainsi que leur mère sont morts dans la nuit de dimanche à lundi dans l’incendie de leur maison à Charly-sur-Marne, dans l’Aisne, a-t-on appris auprès de la gendarmerie et des pompiers. Le père de cette famille recomposée, grièvement brûlé, a été extrait de l’habitation, située dans le centre de cette commune de 2.600 habitants, et transféré à l’hôpital, ont ajouté gendarmerie et pompiers. C’est un « premier sapeur-pompier », un voisin, intervenu « individuellement », qui a pu « procéder à son sauvetage », avant l’arrivée de ses collègues. 20 Minutes revient sur cet incendie meurtrier de Charly-sur-Marne où les habitants sont rassemblés, les larmes aux yeux, devant la maison, façade noircie et volets calcinées.
Que s’est-il passé dans la nuit de dimanche à Charly-sur-Marne ?
Les enfants, cinq filles et deux garçons, et leurs parents dormaient au 2e étage de leur maison de Charly-sur-Marne quand un incendie s’est déclaré. Les pompiers ont été prévenus à 0h52 par l’appel de voisins. « J’ai vu surtout de la fumée, beaucoup de fumée », a témoigné une voisine, Evelyne Renaud. «On était sur place, dans la même rue. Toute la nuit, on a vu l'horreur», a témoigné Sylvie Corré, l'épouse du propriétaire de la maison.
Selon le récit du procureur de Soissons, Julien Morino-Ros, le père a tenté d’intervenir en descendant au rez-de-chaussée, où se trouvait le sèche-linge, demandant à sa famille de se mettre à l’abri au deuxième étage, un comble aménagé. Un piège qui s’est finalement refermé sur les victimes : tandis que la fumée noire envahissait l’escalier, les pompiers, qui ont dû utiliser des échelles, peinaient à intervenir du fait de la configuration des lieux, une maison encastrée dans une rue étroite du centre de la commune. Les volets électriques de l’habitation étaient aussi bloqués par la panne électrique, a relevé le procureur.
Ce drame est le plus meurtrier impliquant des enfants depuis un incendie en 2013 à Saint-Quentin (Aisne), qui avait fait cinq morts de 2 à 9 ans.
Un accident domestique ?
Les enfants et leur mère sont morts asphyxiés. « Les corps n’étaient pas calcinés », a déclaré le procureur. L’incendie était éteint en début de matinée grâce à l’action de 80 soldats du feu. Il a engendré des dégâts dans un logement voisin, nécessitant le relogement de deux personnes, selon la préfecture. « C’est a priori un sèche-linge qui a pris feu au rez-de-chaussée », a indiqué le procureur de Soissons, Julien Morino-Ros.
L’enquête devra d’abord donc confirmer l’origine de l’incendie qui semble, d’après les premiers éléments communiqués, être d’origine accidentelle. Menée par la brigade de recherches de Château-Thierry, elle devra notamment déterminer comment le sèche-linge, « complètement calciné », a déclenché l'incendie, a précisé le procureur.
Les dépouilles de la mère et des sept enfants, dont quatre des enfants étaient issus d’une première union de la maman, ont été transférées à l’institut médico-légal de Saint-Quentin pour des examens. « À ce stade, il n’y a pas d’éléments reliant l’incendie à un problème d’insalubrité » du domicile, « un bâti un peu ancien », a fait savoir le procureur de la République. « La maison était tout à fait aux normes. Forcément, il va y avoir une expertise. On se prépare à tout », a déclaré Sylvie Corré, également employeuse du père dans leur petite exploitation viticole.
Qui était cette famille ?
La famille, originaire du Nord, s’était installée dans cette maison il y a quatre ans, a détaillé l’épouse du propriétaire. Laurent Christophe, 51 ans, qui « connaît bien » l’unique survivant du drame, le décrit comme « simple » et « bosseur ». C’est « un excellent employé », a ajouté Sylvie Corré. La mère, la quarantaine, s’occupait des enfants de cette famille recomposée.
Que se passe-t-il à Charly-sur-Marne ?
A la mi-journée, des habitants étaient rassemblés, les larmes aux yeux, devant la maison, façade noircie et volets calcinées, dans une rue étroite du centre de la bourgade. Emotion aussi devant l’école élémentaire où certaines des jeunes victimes étaient scolarisées. La maîtresse « nous a dit qu’il fallait profiter de nos amis », témoigne un petit garçon de 10 ans, camarade d’une des fillettes décédées. Le directeur de l’école « avait les larmes aux yeux » à l’arrivée des enfants, « a témoigné une mère qui n'a pas voulu donner son nom. « Je suis complètement retournée », a confié Nadine (elle ne veut pas donner son nom), une grand-mère qui côtoyait la mère décédée à la sortie de l’école, avant d’ajouter : « J’aimais beaucoup cette famille ».
«Des cellules d'écoute ont été mises en place pour accueillir la parole des enfants et des professeurs» dans les établissements scolaires, a indiqué sur place Catherine Albaric-Delpech, directrice académique.
Sous le choc, les habitants de la commune viticole de 2.600 habitants ont convenu d’organiser samedi une marche blanche à 14h30, a indiqué » Rémi Patou, 28 ans, à l’origine de l’initiative : « On les connaissait tous ». Le cortège doit passer par les établissements – maternelle, élémentaire et collège – où étaient scolarisées les victimes, avant d’aller « déposer tous les souvenirs » devant la maison familiale, a indiqué l’organisateur.