Mort de Sihem : Pourquoi, malgré ses multiples condamnations, le suspect était-il toujours en liberté ?
FAITS DIVERS•L’homme qui a avoué le meurtre a été condamné à 13 reprises, la dernière pour 12 ans en 2015 par les assises. Et alors qu’il était de nouveau accusé d’un vol à main armé avec séquestration, il était libre lors de cette semaine tragiqueJérôme Diesnis
L'essentiel
- Le corps de Sihem, une jeune lycéenne de 18 ans a été retrouvée, jeudi, sur les indications de Mahfoud H.
- Malgré un important passif judiciaire et de lourdes condamnations, la dernière à 12 ans de réclusion criminelle en 2015, celui-ci était libre.
- Il était pourtant accusé d’un violent home-jacking sur un couple de gérants de bar-tabac, un procès qui devait débuter le 1er février devant les assises du Gard.
Mercredi dans la soirée, Mahfoud H. a avoué aux enquêteurs avoir tué Sihem et révélé le lieu où se trouvait le corps. Il aurait dû, ce même jour, se trouver dans le box des accusés de la cour d’assises du Gard, pour y répondre du braquage d’un bar-tabac avec séquestration du couple de commerçants, à Laval-Pradel, le 1er décembre 2011. Il devait comparaître libre, aux côtés de son beau-frère, devant le jury populaire à Nîmes. Alors même qu’il avait été condamné par cette même cour d’assises à douze ans de réclusion criminelle le 29 avril 2015.
Jeudi, dans son point presse, la procureure de la République de Nîmes, Cécile Gensac, est revenue sur le lourd passé judiciaire du suspect, déjà condamné à treize reprises. Avec un complément d’informations envoyé à la presse en fin de soirée. Elle a notamment expliqué qu’il avait purgé « l’intégralité de sa peine prononcée aux assises ».
Des peines purgées simultanément
Les proches de Sihem, qui la veille avaient manifesté leur soutien à la jeune femme dont ils ignoraient encore le sort funeste, s’étaient émus que le principal suspect de cette affaire ait pu « se trouver en liberté et dans la capacité de commettre ce crime, malgré son lourd casier judiciaire. » « De notre côté, on ne l’a pas jugé pour ses crimes antérieurs. Aujourd’hui, le fait que ça touche à Sihem, c’est une tout autre histoire », expliquait, mercredi, devant le palais de justice, Azzadine Maallou, un cousin de la jeune femme.
Lorsque le 27 avril 2015, Mahfoud H. se présente devant la cour d’assises pour une série de vols à main armée et de vols à la voiture bélier, il a déjà purgé deux ans et demi de préventive puisqu’il est incarcéré depuis le 21 septembre 2012. Il sera resté huit ans, cinq mois et cinq jours en prison « avant sa levée d’écrou le 26 février 2021 », précise la procureure. Il a ensuite bénéficié « d’un aménagement de peine successif et progressif » décidé par le juge d’application des peines. « Le régime général de réduction des peines est applicable à tout condamné en France », précise le parquet.
Une expertise psychologique inquiétante
Mercredi, Mahfoud H. devait comparaître libre devant la cour d’assises du Gard. Pour le braquage du bar-tabac et la séquestration du couple de gérants, il a également été « placé en détention provisoire durant trente-quatre mois dans le cadre de cette affaire », précise Cécile Gensac, jusqu’au 28 novembre 2017. Cette peine a été « purgée simultanément » à celle prononcée par la cour d’assises en 2015.
Ex-mari de la cousine de Sihem, il connaissait la victime qui faisait du baby-sitting en gardant les enfants du couple. Midi Libre évoque une expertise psychologique diligentée par la justice lors de son précédent passage aux assises. L’expert avait conclu à une déficience intellectuelle légère et des troubles cognitifs, ainsi que des capacités d’élaboration, d’analyse et d’autocritique très déficitaires. Il l’avait décrit comme ayant une personnalité narcissique, orgueilleuse, têtue, impulsive, immature, qui ne parvient pas à intégrer l’autre dans la relation. Pour autant, il n’était atteint d’aucune pathologie mentale de dimension aliénante.