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« Un système à la marseillaise » au sein du parc auto de la ville ?

Marseille : Le parquet enquête sur des vols et détournements présumés au sein du parc automobile de la ville

ENQUETEUne tractopelle disparue, des véhicules dépecés avant d’être démolis, détournement de carburant… Dénoncés par un agent de la ville de Marseille qui dit subir depuis menaces et harcèlement, ces agissements font l’objet d’une enquête du parquet
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Une plainte déposée auprès du parquet de Marseille suggère un réseau de détournements de biens publics organisé au sein du service du parc automobile municipal.
  • Le parquet de Marseille s’est saisi de l’affaire.
  • La fonctionnaire à l’origine de ces révélations assure être depuis victime de harcèlement et de menaces.

Un vaste « système à la marseillaise » de détournements de biens publics sera-t-il mis au jour ? Selon la plainte, déposée en janvier dernier, et des éléments versés consultés par 20 Minutes, le parc automobile de la ville de Marseille a fait l’objet ces dernières années de diverses irrégularités qui s’apparentent à des détournements de biens publics dénoncés par un agent de la municipalité.

Ainsi, il a pu être constaté par le témoin que des « véhicules destinés à la destruction étaient beaucoup plus légers que le poids qui était indiqué sur les cartes grises ». Par exemple, un Citroën Jumper, avec un poids à vide de 1.934 kilos est pesé à 1.120 kilos le 11 janvier 2019, jour de sa destruction. Ce procédé, répété à plusieurs reprises, suggère un système de détournement de pièces détachées qui auraient dû bénéficier à la collectivité.

Des véhicules garés hors du parking avec les clefs dessus

Mais les combines semblaient aller bien au-delà. Une tractopelle aurait été dérobée, avec la complicité suggérée d’un ou de plusieurs employés, celui-ci ayant été « maladroitement » garé à l’extérieur du parc, avec les clefs à l’intérieur, relate à 20 Minutes, la personne à l’origine de cette plainte. Le procédé aurait été répété avec une voiturette.

Dans sa rédaction, la plainte fait également état de détournement de carburant, de polices d’assurance qui continuaient à être souscrites plusieurs mois après la fin de service du véhicule, ou encore des véhicules effectivement détruits de nombreux mois après l’ordre de mission, laissant penser que ceux-ci ont été utilisés entre-temps pour des usages personnels.

Une bande organisée ?

« Nous faisons face à une affaire de détournements de biens publics, et disons-le, de vols, qui ne concernent pas une seule personne, mais suggère une organisation », avance maître Amine Taiebi, l’avocat qui porte cette plainte. « Celle-ci pourrait relever de la Jirs [juridiction interrégionale spécialisée, qui s’occupe, notamment, des affaires de criminalité organisée] », estime-t-il. Car nécessairement, de tels agissements requièrent des complicités à plusieurs étages. Le parquet de Marseille s’est saisi de l’affaire.

La personne qui a dénoncé ces agissements au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale (qui contraint tout fonctionnaire, qui dans l’exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit, à en informer le procureur de la République) se dit en outre victime de harcèlement et de menaces, consécutives à ses révélations. Une plainte en ce sens a aussi été déposée. Elle a depuis été changée de service, et s’estime depuis placardisée. Contactée, la mairie de Marseille n’a su apporter de réponses aux questions posées dans les délais impartis à la rédaction de cet article.