Incendie à Martigues : « Lumière de fin du monde » et « stress », des rescapés racontent leur évacuation
REPORTAGE•Un gigantesque feu de végétation a ravagé 1.025 hectares à Martigues et sur la Côte Bleue. 2.700 personnes ont été évacuées mais personne n’a été gravement blesséJean Saint-Marc
L'essentiel
- Des témoins de l’incendie de Martigues, désormais maîtrisé, racontent leur soirée « stressante. »
- 2.700 personnes ont été évacuées, principalement depuis des campings et des résidences touristiques.
- L’incendie, qui a ravagé 1.025 hectares, n’a pas fait de blessé grave.
A Martigues,
Une voix stridente, au micro, réveille les derniers dormeurs. Le restaurant d’à côté propose de les nourrir à moitié prix : un repas acheté, un autre offert. Il est environ midi au gymnase Picasso et les 300 rescapés qui ont somnolé sur des lits de camp retrouvent leur appétit. Au total, 2.700 personnes – principalement des touristes – ont été évacuées, en autocar ou en bateau. « C’était très stressant » souffle Michèle, une retraitée originaire de Lyon, venue en vacances à Martigues avec sa petite-fille et sa meilleure copine : « Les petites ont hâte de retrouver leurs mamans. Elles ont vraiment eu peur de l'incendie. »
Louise se roule sur le lit de camp et raconte fièrement qu’elle a « sauvé [son] ballon. » Une bénévole de la Croix-Rouge arrache la fillette à notre tentative d’interview avec une corruption sucrée : « J’ai des bonbons pour toi, ce n’est pas bon pour les dents mais ça remonte le moral ! » Les grands-parents de Louise espèrent pouvoir regagner leur mobil-home ce mercredi. Ce pourrait être le cas : le sinistre est maîtrisé, après une vingtaine d’heures de lutte acharnée.
« 1.800 pompiers, c’est assez hors-norme »
« Au plus fort de l’incendie, 1.800 pompiers ont été mobilisés, c’est assez hors-norme », relate le capitaine Stéphane Guyot, porte-parole des pompiers des Bouches-du-Rhône. Il a été maîtrisé vers 11 heures, après que les Canadair ont pu reprendre leur vol. Quinze pompiers ont été incommodés par les fumées, des policiers ont aussi souffert. Mais « personne n’a été hospitalisé », assure Stéphane Guyot.
Au gymnase Picasso, les secouristes de la Croix-Rouge donnent de l’oxygène à une dame d’une soixantaine d’années. « Elle souffre d’insuffisance respiratoire et nous n’avons pas eu le temps de prendre son respirateur avec nous », explique son mari. « Mais ça va aller, je me remets », lance la dame, déjà rassurée.
« On respirait vraiment très très mal »
Tout le monde a souffert, ce mardi soir, sur les plages de Sausset-les-Pins et de Martigues. « On respirait vraiment très, très mal, il y avait des cendres partout », témoigne Noémie, adossée au capot d’une C3 blanche qui ne l’est plus vraiment. Cette étudiante logeait au camping des Tamaris, à la Couronne. Il a été complètement ravagé par les flammes.
Dylan, un étudiant lillois, n’oubliera pas ses « premières et dernières vacances à Martigues ». Coline, Constance, Maxime et Dylan ont vu les premières fumées vers 16 heures alors qu’ils étaient à la plage. « Ces idiots ont cru qu’ils avaient laissé le gaz dans le mobil-home », précise Coline, à peine moqueuse. La petite bande remonte en vitesse, range les affaires et fait « quand même un petit apéro. » La suite, ils la racontent tous en chœur, en se coupant la parole :
« A 19 h 57, on commande des pizzas. Aussitôt, on voit des canadairs à 10 mètres. On annule les pizzas et à 20 heures on est évacués du camping. Alors qu’une heure avant, le patron jouait à la pétanque tranquillement. On est allés sur la falaise. On avait très peur : le feu était tout près, on entendait de grosses explosions avec toutes les bouteilles de gaz. On a vu des flammes de ouf ! » »
Une image marque particulièrement Maxime : « La lumière était orange, style fin du monde ! »
Ce n’est finalement même pas la fin des vacances : leur camping a été épargné. Ils pourront y retourner dès que la zone aura été sécurisée par les pompiers.