Site touristique clandestin à Marseille : Six suspects placés sous contrôle judiciaire
FAITS DIVERS•Cinq hommes sont soupçonnés d’avoir loué illégalement des jet-skis pour des virées en mer et des chambres d’hôtel. Un complice, qui travaillait au port, est également placé sous contrôle judiciaireJean Saint-Marc
L'essentiel
- Six personnes sont placées sous contrôle judiciaire dans l’affaire du site touristique clandestin de l’Estaque, dans le nord de Marseille.
- Cinq hommes sont suspectés d’avoir géré ce mini-complexe touristique qui organisait notamment des virées en mer illégales dans les calanques.
- Un complice, qui travaillait pour les autorités portuaires, est suspecté de les avoir informés que la police s’intéressait à leur business.
«Il roulait en Jaguar tout en touchant l’allocation adulte handicapé. » C’est un ancien proche d’un des suspects qui témoigne ainsi, ce vendredi, dans 20 Minutes. Huit personnes ont été arrêtées mercredi pour des faits de travail dissimulé commis en bande organisée. Six hommes ont été placés sous contrôle judiciaire ce vendredi soir, annonce la procureure Dominique Laurens. Deux bateaux, 9.000 euros et 20 kilos de cannabis ont été saisis à l'Estaque, dans le nord de Marseille.
Il leur est interdit d’échanger entre eux, de se présenter sur le quai de la Lave, de gérer une quelconque entreprise. Le parquet les oblige également à pointer régulièrement pour s’assurer qu’ils se présenteront à la justice en novembre prochain.
Cinq d’entre eux « exerçaient sans autorisations leurs activités depuis un local associatif situé dans l’enceinte du port autonome de Marseille », précise Dominique Laurens. « Ils avaient un monopole sur les mises à l’eau des bateaux dans le coin », confie un habitué de l’Estaque à 20 Minutes.
« Fin de la récréation »
Le sixième homme, qui travaillait pour les autorités portuaires, « savait qu’on travaillait pour eux et nous a balancés », résume le commissaire Patrick Longuet. Nommé en mai 2019 à Marseille, le patron de la Division Nord, a longuement répondu à nos questions, car il souhaite siffler « la fin de la récréation » :
« Tous les jours, on fait tomber des plans stups. Il y a deux jours, on a ramassé 35 voitures ventouses que les choufs (guetteurs) utilisent pour dormir sur les plans. On fait toutes les semaines des opérations de grand nettoyage. » »
L’affaire du site touristique de la Lave était directement liée au trafic de stupéfiants. « Comme toujours à Marseille », soupire Patrick Longuet. Le cannabis était presque en vente libre dans ce snack – bar à chicha – rooftop – loueur de jet-skis – hôtel clandestin.
Un « scandale » pour Samia Ghali
Quelques dealers venaient y célébrer leurs gros coups. Mais pendant des années, de nombreux jeunes des quartiers Nord et des touristes sont venus faire la fête à cet endroit, sans savoir que la structure n’avait aucune existence légale. Les suspects avaient pris leurs quartiers sur des sites qui appartiennent au grand port maritime de Marseille et à la ville.
Pour le commissaire Patrick Longuet, « on est dans un phénomène d’appropriation du territoire par des voyous. » Le grand port autonome a porté plainte et se refuse à tout commentaire. La mairie de Marseille reste également silencieuse. L’ancienne maire de secteur Samia Ghali, désormais deuxième adjointe à la mairie de Marseille, a seulement fait savoir à 20 Minutes qu’elle estime qu’il s’agit d’un « scandale. »