FAITS DIVERS« Traumatisme » dans une cité où un enfant a été blessé par un plomb

Trafic de drogue : Des habitants de La Seyne-sur-Mer « traumatisés » après qu’un enfant a été blessé par un plomb

FAITS DIVERSUne cellule d’écoute psychologique ouvre ce mardi pour les habitants de la cité Berthe, à La Seyne-sur-Mer (Var). Trois habitants, dont un enfant de 7 ans, ont été blessés par des plombs
Jean Saint-Marc

Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • Les habitants de la cité Berthe, à La Seyne-sur-Mer, vont être accompagnés psychologiquement après que trois personnes, dont un enfant, ont été blessées par des plombs.
  • Des renforts policiers ont été déployés dans ce quartier sensible, qui est dans le viseur des autorités depuis plus de deux ans.

Un bâtiment maudit. Pour la deuxième fois en deux ans, un violent fait divers a ensanglanté les abords de « L’Abricotier », emblématique point de deal de la cité Berthe, à La Seyne-sur-Mer (Var). Le 9 septembre 2018, deux adolescents de 19 et 14 ans avaient été tués lors d’un règlement de comptes. Ce samedi, vers 23 h 30, un probable tir d’intimidation a fait trois blessés légers, dont un enfant de 7 ans, touché à la tête par un plomb. Selon des proches du dossier, deux bandes se disputent cet emplacement : l’une d’elle a tenté d’effrayer l’autre… Et le tireur envoyé sur place avec son fusil à pompe a fait trois victimes collatérales.

« Les habitants de la cité sont choqués, traumatisés », lance Alexandrine Sanchez, psychologue au sein de l’Association vivre en famille (Avef). Avec sa collègue Sylvie Le Berre, elles animeront dès ce mardi matin une cellule psychologique pour aider les témoins à surmonter ce choc. « Les habitants étaient déjà très tristes en raison du confinement qui a été compliqué dans des petits appartements », pointe cette psychologue qui travaille depuis vingt ans dans cette cité sensible.

« Des gamins prostrés »

« Il y a eu une aggravation de la violence, embraye Manuel Prieto, directeur de l’Avef. En 2018, après le règlement de comptes, il y avait eu beaucoup de victimes collatérales. Des gamins qui refusaient de dormir seul, qui étaient prostrés ou qui se mettaient à faire pipi au lit. » Les parents peuvent aussi souffrir : certains seront pris en charge pour un suivi post-traumatique, avec notamment des techniques d’hypnose, de thérapie familiale ou via la thérapie EMDR, une intervention basée sur les mouvements oculaires.

Le maire de la Seyne-sur-Mer, le socialiste Marc Vuillemot, souhaite également un retour massif des enfants à l’école : « L’Education nationale a confirmé que tous les collégiens pourront être accueillis dans leur établissement », a-t-il annoncé ce lundi. Il estime que « l’école est un lieu rassurant de nature à rassurer les familles face au désœuvrement des enfants pouvant conduire à des déviances. »

Depuis le début du déconfinement, de nombreuses familles refusent de renvoyer leurs enfants à l’école : « Beaucoup de mamans ont peur de les remettre au collège ou à l’école car elles sont diabétiques, donc elles ont peur d’attraper le virus », explique Alexandrine Sanchez.

Renforts de police

Celles qui ont plus peur des trafiquants que du Covid-19 ont peut-être été rassurées par le ballet des gyrophares, tout au long de ce week-end de Pentecôte, dans la cité. Un groupe de sécurité de proximité (GSP) a été affecté dès dimanche, au lendemain du drame. « Ce sont plus que des renforts de police », lance l’adjoint au maire Makki Boutekka, chargé de la jeunesse et originaire de la Berthe :

« Ces endroits ont été classés en quartier de reconquête républicaine, donc on a obtenu des officiers de police judiciaire en plus, des renforts sur le terrain. Les enquêtes ont bien avancé, il y a eu énormément d’arrestations. » »

Mais Manuel Prieto rappelle que « le problème est souvent déplacé d’un point de deal à l’autre ». Makki Boutekka le reconnaît : « On a encore du boulot. »